Chroniques fantastiques autour du monde #2
Première version publiée le 18 mars 2019 sur Designer de Bonheur – re-publiée le 4 mars 2025
Nous survolons le Sud de l’Europe. Retour au bercail !
Surexcités, nos deux petits gardes du corps (la puberté et le rugby sont passés par là. Hugo et Tom sont si fiers de leur carrure qu’il nous proposent régulièrement des concours de pose digne du dernier Mr Olympia) apprécient ce format court de vacances pas chères et nous le font savoir avec enthousiasme et c’est plutôt inhabituel :
– Les parents, on repart quand vous voulez comme ça. Moi par exemple, j’aimerais bien découvrir Londres. On y passe une semaine en famille et après, on a une autre semaine avec les potes.
– Oui Tom, on a compris que tu veux du temps pour ta copine
– Pas du tout, pour les potes, le rugby, la grande plage…
– Et ta copine ?
– Oui, bon ça va…et un peu ma copine
– Et toi Hugo ?
– Moi ? Je n’ai pas de copine !
– Tu as des potes non ?
– Oui, j’aime bien les vacances comme ça. L’Italie, l’année dernière, c’était trop long pendant 5 semaines. Je sais que vous vouliez nous faire plaisir mais j’avoue c’était un peu long
– Avec Maman, on aura tout entendu. On a passé presque 2 ans à voyager tous les 4 et maintenant 5 semaines, c’est long ?
– Ben oui Papa, nous on préfère partir plus souvent mais moins longtemps.
– Ok les gars. Plus tard, nous reparlerons de tout ça. Lorsque vous aurez des enfants, vous réaliserez peut-être ce que vous dites. Bref, ce n’est pas bien grave.
– Papa, rage pas ! On te dit uniquement ce qu’on préfère dans les voyages.
– Les gars, lâchez votre père un petit peu. Allez on atterri et direction Biarritz !
Nous qui prônons la sobriété heureuse depuis pas mal d’années, nous retombons dans les travers de la consommation avec une facilité déconcertante. Promo de dernière minute, location meublée dans une station balnéaire bourgeoise qui doit être la championne toute catégorie de la concentration de châteaux, hôtels particuliers et résidences secondaires. Cela ne pourra pas durer…en tous cas sous cette forme.
Nous étions en Afrique du Sud. C’est la première fois de toute notre voyage que nous étions aussi proches d’un spot de surf comme Jeffrey’s Bay. Café en mains, il nous suffisait d’une cinquantaine de mètres à parcourir pieds nus depuis notre hôtel et découvrir cette beauté de la nature. Ce flot incessant qui répète inlassablement son mouvement qu’elle soit ou non chevauchée par des surfeurs ou des dauphins. A plusieurs reprises, nous avons eu la chance d’apercevoir ce balais de danseurs de l’océan. Magique !
Cela a-t-il influencé notre choix lorsque nous avons décidé de nous installer en France plutôt que de repartir tout de suite en Nouvelle-Calédonie. Forcément. D’autant que nous avions surfé quelques mois plus tôt à la Côte des Basques. Les conditions étaient exceptionnelles pour un mois de Janvier.
En rangeant les tickets de CB dans mon portefeuille, je retombe sur la carte de visite de ce fameux Josh. Quelle rencontre inattendue à Lisbonne.
Son blog est logé dans un nom de domaine appartenant à Google. Les articles que je découvre abordent aussi bien la notion d’inconscient collectif popularisé par Carl Gustav Jung que la théorie du dédoublement du temps de Jean-Pierre Garnier Mallet ou encore le parc de Eggs qui a pu constater les réactions d’une sorte de conscience collective avant par exemple le 11 septembre 2001.
Je peux lire que lorsqu’il était encore en activité de surfeur pro, lors d’une compétition fin 98 à Half Moon Bay pour affronter Mavericks, un sponsor lui demande s’il veut bien rencontré deux jeunes fondateurs d’entreprise Larry Page et Sergey Brin. Selon eux, ils viennent de développer un concept qui va révolutionner internet. L’ambition des deux associés est d’investir au plus vite dans un labo Recherche & Développement pour conserver leur avance.
20 ans plus tard, les projets dans ce labo de R&D de Google sont plus fous les uns que les autres. On entend beaucoup parlé de la voiture autonome et de tous les tests qui sont réalisés en ce moment en Californie mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. A tel point que « Google a inauguré le 18 septembre 2018 son premier centre français de recherche fondamentale en intelligence artificielle. Il est basé à Paris et compte parmi ses équipes renommées venus de l’Inria, de Mines ParisTech ou de Polytechnique. Il sera suivi d’ici peu par le recrutement de 1 000 personnes sur Paris » Source L’USINE DIGITALE
Josh fait partie de ses 1 000 recrutés mais en tant que consultant externe après toutes ces années de partenariat, il a le « privilège » de pouvoir garder sa liberté. Je ne peux pas m’ empêcher de l’appeler pour en savoir un peu plus :
– Allô, Josh ? Je ne vous dérange pas ? C’est Joël. Nous nous sommes croisés dans un restaurant à Lisbonne et en partant vous nous avez laissé votre carte. Je suis allé visiter votre blog, c’est ahurissant cette histoire avec Google !
– Tu peux le dire ! Ce qui est dingue c’est que j’ai failli les envoyer bouler. J’étais super stressé car le spot de Mavericks ce jour là était gros et je voulais rester concentrer pour ne pas commettre d’erreurs. Je voyais au loin ces 2 jeunes blancs becs qui luisaient au soleil avec leurs chemises blanches. Ils dépareillaient par rapport aux autres spectateurs. J’ai dit alors à Ned, le sponsor qui me fournissait mes boards que je les verrai à la fin de la compét s’ils avait le courage de rester jusqu’au bout.
– Vous saviez que vous parliez de Google ?
– Oui mais à l’époque, Google existait depuis quelques mois seulement donc pour moi c’était une start-up comme une autre. Et Joël, ce serait bien si tu me tutoyais non ?
– C’est comme vous voulez Josh…euh, c’est comme tu veux 🙂 tu peux me raconter ce qu’il s’est passé alors, ils ont attendus ?
– Je t’avoue que je les avais oubliés. J’ai fait une telle machine à laver en quart de finale contre « celui que vous attendez tous » (Kelly Slater, 11 fois champion du monde depuis) que je voulais rester tranquille après.
– Comment ils t’on retrouvé ?
– Ils étaient déjà malins à l’époque. Ils ont rencontré quasiment tous les sponsors présents sur le site pour savoir s’ils me connaissaient. A ce moment là, on était moins méfiant que maintenant et ils ont indiqué ma tente. A ma sortie de l’eau, ils étaient déjà là !
– Et alors ?
– Et bien, ces futurs milliardaires en herbe à qui j’aurais donné quelques dollars m’ont demandé si je voulais participer à la prochaine révolution : Internet. Je leur ai rappelé que je n’étais qu’un surfeur. Ils m’ont répondu que justement mon profil les intéressait.
Les premières années, les équipes du labo R&D de Google étudiait le comportement de ses utilisateurs potentiels via des matrices assez classiques et surtout des études marketing. La concurrence faisant rage avec des Yahoo, AOL et bien d’autres, Google devait affinait ses données afin de mettre en place un algorithme qui soit le plus pertinent et efficace possible.
C’est à ce moment que des Josh et bien d’autres dans des domaines aussi nombreux que variés ont joué pleinement leur rôle. Quels sont les goûts, les envies, les habitudes de consommation d’un sportif de haut niveau et en l’occurence dans le monde du surf ? Cela a permis de cibler encore mieux les publicités en terme d’affichage sur la recherche notée dans le moteur de recherche. Mais ce n’était évidemment qu’un début.
Quelle est la particularité d’un sportif de haut niveau ? Sa capacité de visualisation. C’est à dire se projeter dans sa future compétition et de vivre mentalement sa victoire. Jusqu’à maintenant, Google n’avait pas encore la technologie pour exploiter ces capacités extraordinaires. Depuis l’intelligence artificielle, c’est chose faîte !