Dans notre quête de cultiver notre propre jardin nourricier et vivre en harmonie avec la nature, notre micro-vignoble en agroécologie autour de notre maison en Corse est une étape cruciale. Comment harmoniser vignes, légumes et animaux ? En effet, on apprend tout autant sur une petite surface (en attendant de trouver des terres agricoles) mais les erreurs coûtent moins chères 🙂
Après un article sur l’agroforesterie https://etre-libre.com/agroforesterie-le-pouvoir-des-arbres-dans-un-vignoble/, dans celui-ci, nous allons explorer deux éléments clés qui peuvent enrichir votre vignoble :
- la polyculture (en opposition à la monoculture) et plus spécifiquement un potager et/ou du maraîchage nous concernant
- et le petit élevage
Avant de partager mon expérience personnelle (mes doutes, mes questionnements, mes joies :-)) de la création d’un micro-vignoble en agroécologie dans notre jardin ainsi que notre projet de maraîchage en permaculture, tout d’abord, nous allons découvrir comment intégrer ces pratiques pour une expérience agricole plus riche, plus durable.
Comprendre les avantages de la polyculture dans un vignoble
Les conséquences de la monoculture
Dans son livre « Vignes, vins et permaculture », Alain Malard résume bien l’origine de la monoculture, la relation avec les machinisme agricole à la fin du XIXe siècle et surtout les conséquences négatives de la monoculture :
- « L’épuisement des ressources naturelles du sol (avec la baisse surtout de la teneur en matières organiques)
- La disparition de la biodiversité (dégradation de l’habitat, réduction des espèces etc…)
- La fragilisation de la production (vulnérabilité aux maladies, aux conditions environnementales qui se dégradent…) »
Et surtout le fait que malgré « tous les efforts de sélection, les apports d’engrais chimiques ou organiques, l’élimination des adventices/ou mauvaises herbes qui concurrencent la vigne, les traitements contre les maladies et les insectes, la mécanisation des travaux, l’irrigation localisée dans les zones plus aides, les rendements stagnent et même diminuent depuis une vingtaine d’années, toutes culture confondues.
Pour la vigne, on parle de dépérissement du vignoble qui peut être atribué à plusieurs dizaines de causes possibles : maladies du bois, virus, sécheresse, taille d’hiver inappropriée… »
Les avantages de la polyculture
La polyculture était pratiquée par les anciens. Les paysans de nos campagnes avant l’arrivée des machines et des engrais chimiques. Ils n’avaient pas vraiment le choix car il fallait bien produire un maximum d’aliments sur place. https://vins-avenir.fr/2021/10/29/la-polyculture-une-pratique-ancestrale-qui-a-de-lavenir/
En Lorraine, dans les années 40, lorsqu’il était enfant, mon papa se rappelle aider mes grands-parents agriculteurs au champ, à la vigne, à l’étable…
La polyculture, qui consiste à cultiver différentes plantes ou cultures sur la même parcelle, peut apporter de nombreux avantages à votre vignoble en agroécologie :
Diversité biologique (biodiversité) : En introduisant une variété de cultures, vous créez un écosystème plus complexe. Cela favorise la biodiversité, attirant des insectes bénéfiques et des prédateurs naturels pour contrôler les ravageurs.
Équilibrer le sol : Différentes cultures ont des besoins en nutriments variés. Certaines peuvent améliorer la structure du sol, d’autres fixer l’azote de l’air. La polyculture permet de maintenir un sol équilibré et en bonne santé.
Réduction des maladies : En évitant la monoculture de vignes, vous pouvez réduire la propagation des maladies spécifiques à la vigne car les maladies ont moins de chances de se propager d’une plante à l’autre.
Amélioration de la résilience : En cultivant différentes cultures, vous réduisez les risques liés à des conditions météorologiques extrêmes ou la sensibilité aux maladies (notamment avec la présence d’arbres fruitiers). Une culture peut aussi compenser les pertes de l’autre.
Par exemple, face aux conséquences de la sécheresse, des vignerons dans le Fitou ont décidé de cultiver également de l’aloe-vera. https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/agriculture/a-fitou-le-dereglement-climatique-pousse-des-vignerons-a-se-diversifier_4739491.html
Comment choisir les cultures complémentaires pour vos vignes
Le choix des cultures complémentaires doit être fait judicieusement pour maximiser les avantages de la polyculture dans votre vignoble en agroécologie :
Cultures de couverture : Les plantes de couverture comme le trèfle ou la luzerne peuvent protéger le sol, améliorer sa structure et augmenter la biodiversité.
Légumes et herbes : Cultiver des légumes et des herbes entre les rangées de vignes peut fournir de la nourriture pour vous et la faune, tout en ajoutant de la diversité. J’ai vu un article sur un domaine viticole qui cultivait des cucurbitacées dans ses rangs de vigne. Il doit y avoir de la logistique ! 🙂 et sinon un autre exemple dans l’hérault avec oignon, ail, échalote pour démarrer https://www.mon-viti.com/articles/viticulture/vigne-et-legumes-un-mariage-tenter
Plantes aromatiques : Certaines plantes aromatiques, comme la lavande ou la sauge, peuvent aider à repousser les insectes nuisibles et ajouter des arômes agréables à votre vignoble.
Plantes mellifères : Choisissez des arbres (merisier, châtaignier, cerisier…), des arbustes (aubépine, framboisier, laurier tin…) des plantes (sauge des près, bourrache, menthe…) qui attirent les abeilles et d’autres pollinisateurs pour favoriser la pollinisation des vignes https://www.abeillesentinelle.net/les-abeilles/les-plantes-melliferes/zoom-des-plantes-melliferes
Même si les vignes sont pour la grande majorité des variétés autofertiles, ce qui signifie qu’elles n’ont pas besoin d’abeilles ou d’autres pollinisateurs pour produire des raisins, l’introduction de plantes mellifères et d’abeilles (voir plus bas) dans votre micro-vignoble peut toujours être bénéfique pour d’autres aspects de votre écosystème agricole, notamment la promotion de la biodiversité et le soutien à d’autres cultures qui dépendent des pollinisateurs.
Mise en place de buttes permanentes pour du maraîchage à proximité du vignoble
La création de buttes permanentes est une technique de permaculture qui consiste à « élever le sol » en créant des buttes surélevées afin de les laisser en place…en permanence 🙂 On est loin du potager qu’on « nettoie » à l’automne pour le reprendre au printemps :
- Conservation de l’eau : Les buttes notamment paillées retiennent l’eau et réduisent le ruissellement, aidant ainsi à maintenir une humidité constante pour les cultures.
- Amélioration du drainage : Les buttes bien conçues permettent un drainage adéquat, évitant la stagnation de l’eau.
- Meilleur accès aux plantes : Selon les dimensions des buttes, cela facilite la culture et la récolte des légumes. Notre idée pour notre micro-vignoble en agroécologie est de réaliser un potager juste à côté sous forme de mandala comme découvert dans l’excellent ouvrage de la ferme du bec hellouin http://www.fermedubec.com « VIVRE avec LA TERRE ».
Rotation des cultures et bénéfices pour le sol
La rotation des cultures est essentielle pour préserver la fertilité du sol dans un vignoble en polyculture. Elle implique de planter des cultures différentes sur la même parcelle d’année en année. Les avantages incluent :
- Prévention des épuisements : En évitant de cultiver les mêmes plantes chaque année, vous réduisez l’épuisement des nutriments spécifiques.
- Réduction des maladies et des ravageurs : La rotation peut perturber le cycle de vie des ravageurs et des pathogènes, réduisant ainsi leur impact.
- Amélioration de la structure du sol : Certaines cultures peuvent améliorer la structure du sol, tandis que d’autres l’aèrent.
En résumé, la polyculture, la sélection de cultures complémentaires, la création de buttes permanentes et la rotation des cultures sont des éléments clés pour enrichir votre micro-vignoble en agroécologie.
Ils contribuent à créer un écosystème agricole diversifié, résilient et durable.
Le petit élevage dans un vignoble en agro-écologie
Les avantages des poules dans un micro-vignoble en agroécologie
L’introduction de poules dans un micro-vignoble présente de nombreux avantages :
Contrôle des insectes nuisibles
Les poules sont d’excellentes chasseuses d’insectes. Elles peuvent aider à contrôler les populations d’insectes nuisibles et les mollusques comme les limaces ou les escargots. Ce qui est fort utile que ce soit au potager ou à la vigne.
Fertilisation naturelle
Les fientes de poules sont riches en nutriments, notamment en azote, en phosphore et en potassium, ce qui peut enrichir le sol de manière naturelle.
Aération du sol
Les poules grattent le sol à la recherche de nourriture, contribuant ainsi à l’aération et à l’ameublissement du sol.
Réduction des déchets
En intégrant les déchets de cuisine et les restes de culture dans l’alimentation des poules, vous pouvez réduire les déchets organiques, favorisant ainsi la durabilité.
Systèmes d’intégration des poules pour le nettoyage des parcelles
Pour maximiser les avantages des poules dans votre micro-vignoble, envisagez ces systèmes d’intégration :
Rotation des pâturages
Divisez votre vignoble en parcelles et faites pivoter les poules d’une parcelle à l’autre. Cela permet aux poules de nettoyer les parcelles après la récolte.
Parcours mobiles
Utilisez des parcours mobiles pour déplacer les poules autour du vignoble au fur et à mesure de la saison. Cela leur permet de gratter et de picorer les insectes nuisibles.
Enclos adaptés
Construisez des enclos appropriés pour protéger les poules des prédateurs tout en leur offrant un accès aux vignes à nettoyer.
Introduction à l’apiculture et l’importance des abeilles
L’apiculture est un autre ajout précieux à votre micro-vignoble en agroécologie :
- Pollinisation : Les abeilles sont d’excellents pollinisateurs, essentiels pour la fécondation des fleurs autour et dans votre vigne (agroforesterie).
- Biodiversité : En favorisant les abeilles, vous contribuez à la biodiversité locale en offrant un habitat aux pollinisateurs, ce qui peut également bénéficier à d’autres cultures et à la faune environnante.
- Produits de la ruche : Outre la pollinisation, les abeilles produisent du miel, de la cire d’abeille et de la propolis, qui peuvent être des ressources précieuses.
Création d’un habitat favorable aux abeilles
Pour encourager les abeilles dans votre vignoble, voici quelques étapes importantes :
- Plantes mellifères : Plantez des fleurs et des plantes mellifères autour de votre vignoble pour fournir de la nourriture aux abeilles.
- Nichoirs et ruches : Installez des nichoirs ou des ruches dans des endroits appropriés pour abriter les abeilles.
- Éviter les pesticides : Évitez l’utilisation de pesticides nocifs pour les abeilles, privilégiez plutôt des méthodes de gestion des ravageurs respectueuses de l’environnement.
En intégrant des poules pour la gestion des insectes nuisibles et en encourageant l’apiculture pour la pollinisation, vous créez un environnement plus sain et plus équilibré dans votre micro-vignoble en agroécologie. Cela contribue à la durabilité de votre vignoble et favorise la biodiversité de votre écosystème agricole.
Quelques exemples de vignobles qui pratiquent l’agroécologie
Voici quelques exemples ci-dessous de vignobles en France qui sont connus pour leur engagement envers la préservation de l’environnement, du terroir et de celles et ceux qui boivent leur vin. Bien d’autres domaines existent (et notamment en Corse).
Il n’ont pas forcément la même notoriété, les moyens financiers et la volonté d’adhérer à des labels ou des certifications qui peuvent quelquefois leur donner le sentiment d’être « enfermé » dans un cahier des charges. Cela pourrait raisonner avec les vignerons qui ont décidé de quitter (tout ou partie de) l’AOP pour créer des vins de France. Liberté quant tu nous tiens ! 🙂
Chateau Cheval Blanc, Bordeaux https://www.chateau-cheval-blanc.com/
10 ans d’agroécologie avec un manifeste à l’appui et un article dédié à ce château et d’autres
Château Pontet-Canet, Bordeaux https://www.pontet-canet.com/
Château Maris, Languedoc https://chateaumaris.com/fr/
Domaine La Fourmente, Provence https://www.domainedieulefit.fr/
Ces exemples illustrent comment certains vignobles en France adoptent des pratiques agroécologiques mais aussi de la biodynamie pour promouvoir la durabilité, la biodiversité et la qualité de leurs vins. Vous pouvez en savoir plus sur leur approche en cliquant sur les liens.
Mon micro-vignoble en agroécologie
Pour le moment, j’attends encore les plants de vigne ! 🙂 Sinon le sol a été préparé (ameublissement, BRF et fumier de brebis) et les arbres plantés. Je vous partage la vidéo ci-dessous.
Les défis et réussites rencontrés
Pour le moment, l’aspect le plus compliqué (hormis de trouver des terres agricoles…beaucoup me prennent pour un fou :-)) est de mettre en pratique ce que j’ai pu apprendre pour mon bac pro vitivinicole, la quantité de livres que j’ai pu lire (permaculture, forêt-jardin, biodynamie…) les heures de conférences en ligne et/ou vidéos Youtube sur le nombre incroyable de sujets auxquels il faut s’intéresser lorsqu’on démarre un projet aussi petit soit-il, les stages etc…Tout cela au regard de la réalité du terrain et de la logistique notamment sur une île comme la Corse.
Quoiqu’il en soit, l’idée est de planter les vignes en haute densité (1 mètre par 1 mètre) afin de pouvoir récolter d’ici quelques années en plus des autres fruits des arbres fruitiers, des centaines de kilos de raisin pour réaliser un excellent vin naturel maison.
La planification pour le futur
- Une fois les vignes plantées, comme les plants seront tout jeunes, la question se pose de planter déjà dans les rangs des engrais verts comme de la consoude, de la moutarde…N’est-ce pas un peu trop tôt ? N’y a t-il pas un risque de concurrence ?
- Idem pour le petit élevage et en particulier à propos des poules. Ne doit-on pas attendre un petit peu que la vigne se mette en place avant d’introduire des poules ?
- Cela confirme l’importance d’un apprentissage en permanence et pour un projet de micro-vignoble en agroécologie sur quelques hectares avec des investissements et des impératifs économiques, envisager de se faire accompagner (équipe de Ver de Terre production, Alain Malard…) pour faire au mieux dès le début.
Quel bonheur de pouvoir se lancer dans un tel projet ! 🙂 A suivre…
Scotchée devant tant de remise en questions alors que je vous suis depuis vos fins d’etudes de commerce et vos premiers pas sur une autre île des antipodes ou vous aviez élu domicile durant deux décades la Nouvelle Calédonie…
Merci Annie pour ton message qui nous fait chaud au coeur. Surtout de ta part avec tout ce qu’on a partagé à notre arrivée sur ce « caillou » du bout du monde qu’on aime tant. Notre vie en Nouvelle-Calédonie était déjà une sacrée remise en question par rapport à une vie en métropole qui ne nous correspondait pas. C’est peut-être pour ça qu’on a retrouvé une autre île pour notre projet de vivre plus proche de la nature. Notre objectif est de pouvoir passer plusieurs mois par an en Nouvelle-Calédonie dès que possible. On espère avant la retraite 🙂 Bien à toi