Dans une conférence TEDx (d’octobre 2017) émouvante et inspirante, l’écrivain français Bernard Werber partage son parcours personnel et professionnel et révèle comment l’écriture et l’imagination ont joué un rôle essentiel dans sa vie, tant sur le plan de sa santé que dans sa carrière d’écrivain. Cette présentation est un témoignage puissant de la capacité de l’esprit humain à surmonter les défis grâce à la créativité et à l’expression de soi.

Un héritage double : histoires et maladie

Bernard Werber commence par évoquer le décès de son père, survenu une semaine avant cette conférence. Il réfléchit à l’héritage que son père lui a laissé : d’une part, l’amour des histoires, et d’autre part, une maladie génétique héréditaire, la spondylarthrite ankylosante. Cette maladie inflammatoire chronique affecte les articulations de la colonne vertébrale, entraînant une rigidification progressive.

Les premiers symptômes de la maladie se sont manifestés dès le matin, empêchant Werber de se tenir debout et le contraignant à ramper. Face à l’incompréhension des médecins, qui attribuaient ses maux à des causes psychologiques, il a fallu attendre la découverte de sa maladie par Jean Dausset, un chercheur toulousain lauréat du prix Nobel, pour que son état soit correctement diagnostiqué.

Les perspectives d’avenir étaient sombres : les médecins lui ont annoncé qu’il finirait par se rigidifier complètement, avec pour seule option de choisir entre la position assise ou couchée. Cette annonce a été un choc, mais elle a également été le catalyseur d’une transformation profonde.

L’imagination comme refuge et arme

Face à cette menace d’immobilité, Bernard Werber a trouvé refuge dans l’imagination. Son père lui racontait des histoires, et il s’est plongé dans la lecture de romans de Jules Verne, Edgar Poe et de classiques comme Salammbô de Flaubert. Il cherchait à s’évader de son monde normal et à créer des univers imaginaires.

Après avoir exploré les mondes créés par d’autres, il a ressenti le besoin de créer les siens. À l’âge de huit ans, il a écrit sa première histoire, mettant en scène une puce explorant le corps humain comme une planète. L’accueil enthousiaste de son professeur, qui a été particulièrement amusé par son récit, l’a encouragé à poursuivre dans cette voie. Je vous laisse découvrir dans la vidéo Tedx à la fin de l’article première phrase de ce texte qui a bien fait rire la salle 🙂

Plus tard, après des études de droit, Bernard Werber a choisi le journalisme pour raconter des histoires. Un concours de reportage l’a mené en Afrique, où il a étudié les fourmis magnans. Cette expérience a été déterminante pour son futur roman, Les Fourmis. Il décrit son sujet comme étant « le sujet le plus inintéressant qui fera que personne n’aura envie de le lire » 🙂

La genèse des Fourmis : un défi narratif

Le reportage sur les fourmis magnans en Côte d’Ivoire a fourni à Bernard Werber une documentation précieuse pour son roman. Il a travaillé avec le professeur Leroux, un spécialiste des fourmis, et a vécu une expérience intense, confronté aux piqûres d’insectes et aux dangers de la nature. Il raconte notamment une anecdote où il s’est retrouvé recouvert de fourmis, devant protéger ses orifices pour éviter qu’elles ne pénètrent à l’intérieur de son corps.

Bernard Werber a passé de nombreuses années à travailler sur Les Fourmis, mais il se heurtait à un problème majeur : les lecteurs s’ennuyaient et n’arrivaient pas à terminer le livre. Il ne comprenait pas ce qui clochait dans son récit.

La solution est venue d’une expérience inattendue : une randonnée désastreuse dans les Pyrénées. Perdus, épuisés et frigorifiés, le groupe de randonneurs a été sauvé par une blague racontée par l’un d’entre eux. Cette blague de la balle de tennis noire, absurde et frustrante, a eu un effet immédiat sur le moral du groupe, créant une diversion et un sentiment de joie. Vous pouvez la retrouver dans la conférence Tedx ou l’article que j’ai écrit à ce propos https://etre-libre.com/comment-ecrire-un-roman-selon-bernard-werber/

Werber a alors compris ce qui manquait à son roman : la frustration et le « foutage de gueule ». Il a réalisé que ces deux éléments étaient essentiels pour captiver l’attention du lecteur et le pousser à tourner les pages.

Il a alors greffé à son histoire de fourmis une « locomotive », une intrigue secondaire avec une cave mystérieuse et un trésor caché. Ce mélange d’éléments a permis de créer la frustration nécessaire pour maintenir l’intérêt du lecteur, tout en offrant une véritable découverte à la fin.

L’écriture comme thérapie et mode d’expression

Le succès des Fourmis a marqué un tournant dans la vie de Bernard Werber. Non seulement il a trouvé un éditeur, mais il a également constaté une amélioration de sa santé. Ses crises de spondylarthrite se sont espacées, comme si l’écriture avait un effet thérapeutique sur son corps.

Il explique que l’écriture lui a permis de faire sortir la pression à l’extérieur, de trouver un mode d’expression et de créer une zone de jeu externe pour son esprit. Il en est venu à considérer l’écriture comme une forme de guérison, une manière de se soigner le corps en libérant les tensions internes.

Après la publication des Fourmis, Bernard Werber a ressenti un sentiment de vide, voire une envie de disparaître. Cependant, les réactions des lecteurs, qui n’avaient pas toujours compris le message profond de son roman, l’ont poussé à continuer.

Il s’est alors fixé une règle : écrire un nouveau roman chaque année, en explorant toujours plus loin la conscience humaine et les techniques de narration. À 56 ans, il a écrit 23 romans et ne souffre plus de crises de spondylarthrite ankylosante.

Un message d’espoir et d’expression de soi

Le témoignage de Bernard Werber est un message d’espoir pour tous ceux qui sont confrontés à des défis, qu’ils soient physiques ou émotionnels. Il nous invite à explorer notre propre créativité, à trouver notre mode d’expression et à libérer notre potentiel.

Il souligne que l’écriture, ou toute autre forme d’art, peut être une puissante source de guérison et de transformation. En faisant sortir la pression à l’extérieur, en donnant forme à nos pensées et à nos émotions, nous pouvons non seulement améliorer notre propre bien-être, mais aussi inspirer et réveiller les autres.

Les leçons à retenir de Bernard Werber

  • L’importance de l’imagination : Face à l’adversité, l’imagination peut être un refuge et une source de force.
  • L’écriture comme thérapie : L’expression créative peut avoir un impact positif sur la santé physique et mentale.
  • La persévérance : Ne jamais abandonner son projet, même face aux difficultés et aux critiques.
  • L’humour et la frustration : Ces éléments peuvent être des outils puissants pour captiver l’attention du lecteur.
  • L’exploration de soi : Chaque roman est une occasion d’explorer la conscience humaine et les mystères de la vie.

En conclusion, la conférence de Bernard Werber est un plaidoyer vibrant pour le pouvoir de l’écriture et de l’imagination. Son parcours personnel, marqué par la maladie et les défis créatifs, est une source d’inspiration pour tous ceux qui aspirent à transformer leur vie grâce à l’expression de soi.

Cela motive d’autant plus à continuer à écrire et relever le challenge d’écrire un roman d’ici la fin de l’année 2025. Let’s go ! 🙂


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