Un beau matin de printemps, fatiguée par tant d’années d’insouciance et de maltraitance, la nature s’est mise en arrêt maladie. La photosynthèse, qu’aucun scientifique ne sait reproduire aujourd’hui, s’est arrêtée…

La biodiversité est un pilier fondamental des écosystèmes, notamment dans les systèmes agricoles. Pourtant, au fil des décennies, son rôle crucial a été largement sous-estimé, entraînant des pratiques agricoles qui ont appauvri la diversité biologique et, par conséquent, la fertilité des sols.

Dans le cadre de ma formation qualifiante de 8 mois avec Ver de Terre Production « Viticulture Grandeur Nature : agroécologie dans les vignes en transition », cet article explore pourquoi la biodiversité est essentielle à la productivité agricole et comment sa perte affecte l’ensemble des systèmes biologiques et par conséquent, la survie de l’humanité.

Nous verrons également comment rétablir cette biodiversité pour garantir une agriculture durable et résiliente.

I. Comprendre la biodiversité : définition

La biodiversité englobe l’ensemble des êtres vivants, depuis les bactéries microscopiques jusqu’aux éléphants, en passant par les champignons, les protozoaires, les vers de terre, les insectes et les oiseaux. Cette diversité biologique fonctionne selon des principes universels : tout être vivant a besoin de deux choses fondamentales pour se développer et se reproduire : de la nourriture et un habitat sain.

L’être humain réussit-il a satisfaire ses 2 besoins essentiels au niveau de la planète ?

1. La biodiversité comme fondation des écosystèmes agricoles

Dans un système agricole, chaque organisme, du plus petit au plus grand, joue un rôle clé. Les bactéries décomposent la matière organique, enrichissant ainsi le sol en nutriments. Les vers de terre, par leur activité, aèrent le sol et améliorent sa structure, tandis que les insectes pollinisateurs permettent la reproduction des plantes.

2. Un cycle de vie interconnecté

Ces interactions créent un réseau complexe et interdépendant. La reproduction des organismes augmente naturellement la biodiversité, renforçant la résilience de l’écosystème. Ainsi, plus un écosystème est diversifié, plus il est capable de résister aux perturbations, comme les sécheresses, les maladies ou les invasions d’espèces nuisibles.

À ce propos, j’en profite pour vous partager une vidéo d’Olivier Hamant, chercheur en Biologie et Biophysique qui parle très bien de ce principe de diversité et d’hétérogénéité dans la nature qui procure de la robustesse plutôt que de la performance.


II. Les causes de la perte de biodiversité en agriculture

Malheureusement, les pratiques agricoles modernes ont souvent ignoré ces principes fondamentaux, favorisant l’intensification et la monoculture au détriment de la biodiversité.

1. Destruction des habitats

Avant l’utilisation des pesticides chimiques, la perte de biodiversité commence par la destruction des sols et par conséquent la destruction des habitats comme explicité dans un autre article de mon blog https://etre-libre.com/agriculture-conventionnelle-vs-agriculture-bio-meme-combat/

Lorsque les sols vivants, les haies, les zones humides ou les forêts environnantes sont supprimés pour laisser place à des champs homogènes, les habitats des espèces locales disparaissent. Sans abri, de nombreux organismes sont incapables de survivre.

2. Réduction de la diversité alimentaire

L’agriculture intensive repose sur la culture de quelques espèces à haut rendement (la monoculture), comme le maïs ou le blé. Cette spécialisation appauvrit les sols et élimine la diversité alimentaire nécessaire pour soutenir une faune variée. Les insectes et les animaux qui dépendent de différentes plantes se retrouvent sans ressources.

3. Usage intensif des pesticides et des engrais chimiques

Cumulé au travail du sol (le labours), les produits chimiques agricoles tuent non seulement les organismes nuisibles, mais aussi des espèces bénéfiques, comme les abeilles et les coccinelles. De plus, les engrais chimiques favorisent la croissance rapide des plantes, mais ils perturbent l’équilibre microbiologique des sols, éliminant des micro-organismes essentiels.

III. Conséquences de la perte de biodiversité

La perte de biodiversité a des effets en cascade sur les systèmes agricoles, réduisant leur productivité et leur résilience.

1. Déclin de la fertilité des sols

Les sols dépendent d’une riche diversité biologique pour rester fertiles. Les micro-organismes décomposent la matière organique, libérant des nutriments essentiels pour les plantes. Lorsque cette biodiversité disparaît, le sol s’appauvrit en matière organique, devenant moins fertile et plus susceptible à l’érosion.

2. Augmentation de la vulnérabilité aux perturbations

Un écosystème agricole appauvri est plus vulnérable aux aléas climatiques, aux ravageurs et aux maladies. Par exemple, une monoculture sans biodiversité est souvent dévastée par un seul type de parasite, car il n’y a pas de mécanismes naturels de contrôle.

3. Diminution des rendements à long terme

À court terme, l’intensification agricole peut sembler rentable, mais sur le long terme, les rendements diminuent en raison de l’appauvrissement des sols et de la perte des services écosystémiques (et bien sûr de la matière organique), comme la pollinisation ou la régulation naturelle des nuisibles.

IV. Restaurer la biodiversité pour une agriculture durable

Heureusement, il est possible de renverser la tendance en réintégrant la biodiversité dans les systèmes agricoles. Voici quelques pratiques clés pour y parvenir.

1. Agroécologie : Une approche holistique

L’agroécologie vise à concevoir des systèmes agricoles durables en s’inspirant des écosystèmes naturels. Cela tombe bien c’est la formation que je suis actuellement 🙂

L’agroécologie favorise la diversité des cultures, la préservation des habitats naturels et la réduction des intrants chimiques.

2. Réintroduction des haies

(Re)Planter des haies (autour et dans les parcelles) offre un refuge à de nombreuses espèces. Ces habitats favorisent la biodiversité tout en protégeant les cultures contre le vent et l’érosion.

3. Rotation des cultures et cultures associées

La rotation des cultures permet d’éviter l’épuisement des sols, tandis que les cultures associées, comme le mélange de céréales et de légumineuses, améliorent la fertilité et réduisent la pression des nuisibles.

4. Utilisation de compost et de fertilisants organiques

Le compost enrichit les sols en matière organique, soutenant une biodiversité microbienne essentielle. Contrairement aux engrais chimiques, il favorise un équilibre naturel.

V. La biodiversité comme clé de la résilience agricole

Il est désormais prouvé que la biodiversité est un levier essentiel pour augmenter la productivité agricole tout en préservant les ressources naturelles. En restaurant la biodiversité dans les systèmes agricoles, on peut créer des écosystèmes plus résilients, capables de produire durablement tout en s’adaptant aux défis climatiques et environnementaux.

La biodiversité n’est pas une option, mais une nécessité. Il est temps de repenser nos pratiques agricoles pour qu’elles soient en harmonie avec la nature. Restaurer la biodiversité, c’est garantir non seulement la sécurité alimentaire des générations futures, mais aussi la santé de notre planète et par conséquent de l’humanité.

La perte de biodiversité est une menace majeure pour l’agriculture et l’environnement. Cependant, en adoptant des pratiques agroécologiques et en réintégrant la biodiversité dans nos systèmes agricoles, il est possible de construire une agriculture durable, productive et résiliente.

La biodiversité est la clé d’un avenir agricole prospère. Retroussons nous les manches pour sauver notre agriculteurs, notre agriculture !


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