Alors qu’avec Estelle nous rentrons d’environ deux heures passées dans l’eau et que nous nous interrogeons sur les origines de ses bienfaits sur notre santé, je tombe sur ce documentaire « Guérir grâce à l’eau, une nouvelle médecine révolutionnaire » que vous retrouverez en bas de cet article.


Le pouvoir secret de l’eau : une médecine naturelle pour votre bien-être

Depuis les origines de la vie, notre histoire émotionnelle avec l’eau est profonde. Composés nous-mêmes à 70% d’eau, nous ressentons naturellement ses bienfaits, ses caresses et ses bercements. Mais au-delà de cette sensation de bien-être, quel est l’impact réel de l’eau sur notre équilibre émotionnel, notre santé mentale et même notre immunité naturelle ? Alors qu’Hippocrate, le père de la médecine occidentale, soignait déjà avec les eaux, des médecins et des chercheurs redécouvrent aujourd’hui la « médecine de l’eau », ou « santé bleue », et ses effets thérapeutiques étonnants.

Des fonds marins aux cascades, en passant par les littoraux et les rivières, une série d’études scientifiques explore comment l’eau, et en particulier sa pratique sportive, peut aider à résoudre des défis contemporains de santé publique tels que la gestion du stress, le handicap et le bien vieillir.

La plongée thérapeutique : une immersion contre le stress et le traumatisme

En France, le Dr. Mathieu Coulange, chef de service à l’hôpital Sainte-Marguerite de Marseille, a mis au point un protocole de plongée thérapeutique destiné à réduire le niveau de stress du personnel soignant. Les études menées par son équipe montrent des résultats impressionnants.

Le mécanisme est physiologique :

  • Ralentissement de la fréquence cardiaque : Dès les exercices de méditation sous-marine, la fréquence cardiaque des plongeurs peut chuter de 30 points. Même avec un palmage accéléré, elle reste autour de 80 pulsations par minute et ne remonte pas significativement.
  • Rééducation du système nerveux parasympathique : La plongée induit une ventilation lente et ample (environ 6 cycles par minute). Cette respiration contrôlée comprime et décomprime le thorax et le cœur, stimulant ainsi le système parasympathique, le volet « calmant » de notre centre nerveux autonome. Lorsque nous sommes stressés, ce système peut être à l’arrêt, et la plongée aide à le réactiver.
  • Effets intrinsèques de l’eau : Le détendeur sous l’eau fait du bruit et des bulles, ce qui permet d’entendre sa propre respiration. Il crée aussi de petites résistances ventilatoires qui obligent à ralentir la ventilation. De plus, la compression de l’eau sur les membres inférieurs et l’abdomen redistribue les flux sanguins dans le thorax et la carotide, un effet uniquement obtenu dans l’eau.

Les recherches cliniques ont confirmé ces bienfaits :

  • DEV Stress (2017) : La première étude, impliquant 140 personnes et plus de 3000 tests, a démontré que la plongée diminue le stress perçu et améliore le bien-être, avec un effet rémanent d’un mois.
  • Stress post-traumatique : Suite aux attentats de Paris, une étude a proposé la plongée à des jeunes souffrant de stress post-traumatique. Sur 12 plongeurs, 11 ont réussi à passer en dessous du seuil de stress post-traumatique, retrouvant ainsi une vie personnelle et professionnelle. Le sport classique, bien que bénéfique pour le sommeil, n’a pas permis d’atteindre ce seuil.

L’Océan sur ordonnance : la surf-thérapie et les « ordonnances bleues »

Inspiré par la thalassothérapie du XIXe siècle, le Dr. Guillaume Baruc, médecin surfeur, a développé un protocole médical de surf-thérapie pour ses patients. Il distingue deux disciplines principales :

  • Surf Santé : Pour les affections courantes chez des personnes globalement bien portantes, incluant les maladies chroniques comme les maux de dos, l’hypertension, le diabète, les syndromes anxio-dépressifs légers ou les bronchites chroniques.
  • Handi-Surf : Destiné aux personnes en situation de handicap.

La prescription est personnalisable, allant du stand-up paddle au bodyboard, en passant par le windsurf ou le kitesurf, pour s’adapter aux capacités et aux goûts de chacun, partout où il y a une mer ou un océan.

Les « ordonnances bleues » permettent de prescrire l’activité physique comme un médicament, avec une posologie, une durée et une fréquence précises.

  • Un témoignage puissant : Caroline, qui souffrait de dépression sévère depuis des années, a vu sa vie transformée par la natation sur ordonnance. Elle décrit l’eau comme un « câlin », une « douceur », un « enveloppement », un côté « maternel ». En 1 an et demi, la natation l’a plus aidée que 15 ans de médication et de consultations. Une étude du British Medical Journal a d’ailleurs confirmé que la natation pratiquée 1 à 3 fois par semaine peut atténuer les états dépressifs sévères et augmenter durablement le calme et la sérénité.
    • De mon côté, je confirme que je ne me suis jamais aussi bien senti dans mon corps et dans ma tête lorsque je nageais presque tous les jours entre midi et deux en Nouvelle-Calédonie.
  • La sédation et la mobilité : Céline Rouillard, atteinte de sclérose en plaques, a découvert le handi-surf en 2017. Le fait de flotter et d’être en apesanteur dans l’eau a joué un rôle très important, lui redonnant de la mobilité et améliorant nettement ses douleurs. Elle est même devenue championne de France et d’Europe de Para-surf, progressant de façon impressionnante.

La « Santé Bleue » : des preuves scientifiques à l’échelle mondiale

Matthew White, psychologue environnemental, est un chercheur clé dans ce domaine. Ses travaux sur les effets de la fréquentation des lacs, rivières et bords de mer sur la santé mentale ont impliqué des études de recensement de la population britannique (60 millions de résidents) et un programme européen de 24 pays et 18 000 personnes.

Ses découvertes sont significatives :

  • Proximité de la côte et meilleure santé : Les personnes vivant plus près de la côte déclarent une meilleure santé, un modèle plus marqué parmi les communautés les plus pauvres.
  • Augmentation de l’activité physique : Les personnes vivant près de l’eau sont plus susceptibles de respecter les consignes d’activité physique.
  • Amélioration de la santé mentale : La santé mentale est meilleure chez ceux qui vivent sur la côte, près des rivières et des lacs, et ces effets sont constants dans différentes cultures et climats.
  • Lutte contre les addictions : L’accès aux espaces verts et bleus est associé à une réduction du tabagisme et de la consommation d’alcool, grâce au rôle de l’eau dans la régulation des émotions.

En Catalogne, une équipe de biologistes marins, généralistes et oncologues, dirigée par Joseph Lioret et le Dr. Eva Fondaba, étudie le rôle préventif des activités aquatiques en cancérologie. Leur objectif est d’évaluer les bénéfices des activités aquatiques sur le bien-être des personnes ayant eu un cancer. L’hypothèse est que nouer des liens émotionnels forts avec un milieu naturel préservé peut aider les patients à ouvrir un nouveau chapitre de leur vie. Ils ont constaté que des environnements riches en biodiversité marine (posidonies, fonds rocheux, sableux) donnent de nombreuses opportunités de profiter de la mer et de se sentir bien.

L’étude souligne que des activités durables comme la plongée, le snorkeling, la natation ou la voile, bien que ne guérissant pas le cancer, peuvent aider à prévenir certaines maladies et améliorer la guérison, tout en réduisant les coûts de santé. Des recherches ont déjà montré que les personnes sont plus heureuses, ont une fréquence cardiaque plus basse et une meilleure tension artérielle dans des environnements à biodiversité élevée.

Les effets physiologiques de l’eau : Les ions négatifs des cascades

Des recherches autrichiennes, menées par Matthew White et Michael Bichoff à la cascade de Gling, explorent un nouvel aspect : les effets des aérosols des cascades sur la santé.

  • Ions négatifs : Les cascades produisent des ions d’air chargés négativement, ce qui est rare dans la nature. Ces ions se lient aux aérosols de l’air, le purifiant et permettant de respirer plus profondément.
  • Qualité de l’air : À la cascade de Gling, on a mesuré un taux de 10 000 ions négatifs par cm³, un excellent indicateur de qualité de l’air.
  • Amélioration respiratoire et immunitaire : Une étude clinique a montré que l’inhalation d’aérosols des chutes d’eau améliore la fonction respiratoire après 9 à 11 jours, et augmente les IgA (anticorps protecteurs) dans le système immunitaire des muqueuses.
  • Effet rapide : Dès le premier souffle, et après seulement 10 minutes, une réponse physiologique forte est observée sur le cœur, les poumons et même le cerveau. Ces travaux ouvrent des perspectives naturelles pour soigner des pathologies comme l’asthme, les maladies respiratoires chroniques et même les états dépressifs.

L’eau virtuelle : une solution pour tous ?

Pour les populations vulnérables ou à mobilité réduite, l’accès aux espaces naturels n’est pas toujours possible. Mathias Valergard, professeur en réalité virtuelle à l’université de Lunt, étudie l’eau virtuelle pour accompagner le bien vieillir.

  • Réalisme sensoriel : Grâce à des sons et des images, l’expérience de la mer peut être reconstituée de manière très réaliste.
  • Bénéfices constatés : Une étude pilote auprès de personnes âgées a montré des effets relaxants et le sentiment d’être « parti ailleurs ».
  • Interaction sociale : La technologie a remarquablement augmenté l’interaction sociale au sein du groupe, ravivant un sentiment d’émerveillement et de partage de souvenirs.
  • Complément, pas substitut : Ces outils doivent être encadrés par des professionnels et ne pas remplacer les sorties en pleine nature lorsque la santé le permet.

Retour aux sources : Le watsu et les soins corporels dans l’eau

L’expérience de l’eau engage une immersion sensorielle unique. Des lieux comme « Le Dôme », co-fondé par Isabelle Manbach, réinventent la tradition des spas avec des soins comme le Watsu.

  • Abandon et sécurité : En apesanteur dans une eau tiède à 35°C (température du liquide amniotique), bercé par les mouvements du thérapeute, le corps s’abandonne, les tensions se dissolvent, procurant un incroyable sentiment de sécurité.
  • Bénéfices mesurables : Ces soins augmentent l’activité du système nerveux parasympathique (indicateur de calme), améliorent la rigidité artérielle et le bien-être général.
  • Dialogue nécessaire : Ces pratiques rappellent l’urgence d’un dialogue entre chercheurs, thérapeutes et professionnels médicaux pour réintégrer ces connaissances anciennes.

Une nouvelle conscience de l’interdépendance

En fin de compte, ces recherches soulignent que la santé et l’immunité se construisent en extérieur et dans un milieu naturel vivant comme l’océan. Les défis majeurs du XXIe siècle, tels que le surpoids, l’obésité, les cancers, la santé mentale et la dépression, peuvent être positivement impactés par le temps passé dans et autour de l’eau.

Il s’agit d’une médecine préventive : maintenir les gens en bonne santé pour qu’ils n’aient pas à consulter leurs médecins. Le message est clair : nous devons maintenir les océans et les mers en bonne santé afin que nous soyons nous-mêmes en bonne santé. L’eau est une fontaine de jouvence, une clé de notre équilibre émotionnel, physique et mental, un trésor précieux qu’il nous appartient de considérer comme un bien commun de l’humanité.

De plus en plus de cliniques et d’hôpitaux intègrent ces thérapeutiques « parallèles » aux médecines plus conventionnelles, reconnaissant que cet environnement naturel peut apporter le « petit déclic » pour des résultats beaucoup plus importants. Et le plus beau, c’est que c’est à portée de main !


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