Ceux qui réalisent leurs rêves, « ce sont des grands malades, dans le bon sens du terme ».
En découvrant un extrait du film « Les rêves ne meurent jamais » dans lequel Eric Blondeau, préparateur mental, parle des « grands malades » qui réalisent leurs rêves, je me suis senti moins seul 🙂 Cela m’a donné envie de voir ce film en intégralité, de donner mon avis dans un article et dans prévoir plusieurs autres sur comment réaliser ses rêves plus particulièrement à la cinquantaine.
Être libre de rêver sa vie : L’audace de l’impossible
Après quelques images puissantes et inspirantes (Mandela, Martin Luther King, Charlie Chaplin, Marylin Monroe…) le documentaire débute par l’arrivée de Yannick Bestaven aux Sables-d’Olonne en Vendée lors de son incroyable victoire du Vendée Globe édition 2020/2021. Extrêmement serrée, les bonifications pour le sauvetage de Kévin Escoffier ont été prises en compte et Charlie Dalin pourtant le premier à avoir franchi la ligne a du logiquement céder sa place de vainqueur à Yannick Bestaven.
Je crois qu’on ne réussit qu’une seule chose, on réussit ses rêves – Jacques Brel
Nous avons tous des rêves, qu’ils soient simples ou qu’ils défient l’imaginaire. Ces aspirations, parfois enfouies, sont le moteur de notre existence. Mais pourquoi est-il si difficile de les réaliser ? La réponse se trouve peut-être dans notre propre audace, notre capacité à dépasser nos peurs et à oser. Ce n’est pas une question de chance, mais de volonté, de persévérance et de foi en ses propres capacités.
L’enfance, berceau de nos rêves
L’enfance est souvent le terreau de nos rêves les plus fous. Yannick Bestaven, navigateur et skipper de renom, s’est construit dès son plus jeune âge un univers de jeux et d’imagination avec sa sœur Emma. Ces moments d’évasion ont façonné ses ambitions futures, bien qu’il ne s’agissait pas encore d’ambitions, mais plutôt de rêves. Turbulent, Il aimait les choses qui sortaient de l’ordinaire, et son goût pour l’aventure s’est manifesté très tôt, notamment lors d’une descente de rivière avec les fils du meunier sur des tonneaux découpés 🙂
Chaise vole !
Cela me fait penser à une anecdote autour de mes 4 ans qui nous fait encore bien rire en famille même si ma maman a eu peur sur le coup. Nous étions en Lorraine, justement en famille, dans la maison de ma grand-mère paternelle Cécile.
C’était un formidable terrain de jeux. Je nous vois nous cacher dans un « tunnel » qui menait au poulailler, faire des feux avec des ballots de paille juste à côté…et un jour, je ne sais pas ce qui me prend, peut-être (sûrement) motivé par mes 3 benêts de grands frères 🙂 je décide de m’asseoir sur une chaise en bois sur une sorte de mezzanine et de sauter dans le vide avec en criant « Chaise, vole ! ». Cela ne devait pas être très haut (quelques mètres peut-être), j’ai atterri toujours sur ma chaise et comme si de rien n’était. J’entends encore les rires de mes frères qui courraient prévenir notre maman…
Un peu plus tard, nous assistions au passage d’un marathon dans la ville où nous habitions à ce moment là, Sorgues, à côté d’Avignon il me semble. D’un coup, je disparais…et une belle frayeur pour mes parents. Je me vois courir dans les jambes des adultes qui m’encourageaient. Je devais avoir 5-6 ans. Qui aurait dit que plus de 40 après (en 2013), j’allais courir le Marathon de New York pour les 50 ans d’un pote calédonien avec ma chérie. Quelle belle aventure !
En fait, rien ne me semblait impossible…C’est encore ce que je pense alors que j’ai la cinquantaine bien tassée maintenant. C’est peut-être pour cela que j’ai encore des rêves plein la tête. Je voudrais avoir mille vies. J’aurais peut-être du insister auprès de mes parents lorsque plus jeune, je voulais devenir comédien…
Le dépassement de soi : La clé de la réalisation
L’adolescence est une période de construction identitaire où nos rêves se précisent. Pour Yannick Bestaven, l’esprit de compétition et le dépassement de soi se sont révélés lors de ses premières expériences en canoë-kayak sur une rivière, où il devait malgré le courant, les torrents, sauter dans une cascade. C’est à travers de tels défis que l’on apprend à se battre contre soi-même et à repousser nos limites.
- Yannick Bestaven a ensuite suivi son rêve de course au large, abandonnant en 1999 son poste d’ingénieur au service navigation de la Seine. Il a commencé par la course de l’Europe en équipage, puis s’est lancé dans la mini transat, une traversée de l’Atlantique en solitaire sur un petit voilier qu’il avait construit lui-même. Malgré les épreuves, il a persisté, cassant sa bôme, son safran remplissant son bateau d’eau, mais finissant la course, épuisé mais victorieux (avec une opération des genoux dans la foulée)
- Plus tard, avec son ami Arnaud Boissière, ils construisent ensemble deux bateaux, Diabolo et Satanas, sans aucun sponsor, se lançant à l’aventure. Cette course à deux, la transat, il la gagne, démontrant qu’il est possible de réaliser ses rêves malgré les obstacles.
- Après un échec lors d’un Vendée Globe (après seulement quelques heures de course sur le bateau qu’il avait racheté à Yves Parlier), il ne se laisse pas abattre et poursuit un autre rêve, celui de produire une énergie propre à bord des voiliers, développant ainsi l’hydrogénérateur avec Mathieu Michou https://www.wattandsea.com/fr/
- En 2018, la rencontre avec Christophe Guioni (Directeur Général de Maitre Coq) lui permettra de racheter le bateau de Roland Jourdain et de relancer son rêve de Vendée Globe. Son sponsor, Maitre Coq souligne qu’au-delà de l’aspect commercial, il a choisi Yannick pour ses valeurs et son authenticité.
Les rêves comme moteurs de vie
Les rêves ne sont pas de simples fantaisies, mais des moteurs qui nous poussent à agir et à nous dépasser. L’histoire de Philippe Croizon est un exemple saisissant de cette force https://www.philippecroizon.com/
- Après un accident qui l’a laissé handicapé, il a puisé dans son rêve de traverser la Manche à la nage une énergie incroyable. Il a transformé son handicap en force, s’entraînant pendant des milliers de kilomètres, bravant le froid et la douleur, jusqu’à réaliser son objectif. Philippe a même dit : « Réussir, c’est juste pour dire que rien n’est impossible, on peut tous réussir notre vie quoi qu’il soit, on est tous pareil ». Pour lui, son rêve était de changer sa vie, et non de continuer à vivre sous le poids de la pauvreté et du handicap.
- Il compare sa situation à celle d’un bourdon, qui du fait de sa physionomie ne devrait pas voler, mais qui vole quand même car il ne le sait pas 🙂 . Il démontre que les limitations sont souvent auto-imposées par nos peurs et nos doutes.
- Philippe a aussi eu un autre rêve, celui de devenir pilote sur le Dakar, la course la plus dure au monde. C’est ce qu’il a fait en le finissant le 14 janvier 2017. Mais où s’arrêtera-t-il ? https://www.lefigaro.fr/le-scan-sport/2017/01/16/27001-20170116ARTFIG00309-dakar-le-quadri-ampute-philippe-croizon-a-reussi-son-pari-fou.php
L’histoire de Marion Hans, une jeune fille qui a traversé la Manche à la nage, a été un déclencheur pour Philippe. Il raconte que c’est en regardant son exploit qu’il a oublié qu’il était devenu une personne handicapée et qu’il s’est dit « pourquoi pas moi un jour ». Il a ainsi compris le phénomène du dépassement de soi.
Oser : L’antidote à la peur
L’un des messages forts du film est l’importance de l’audace. Comme le dit un philosophe danois : « Oser, c’est accepter de perdre l’équilibre un instant ; ne pas oser, c’est se perdre soi-même ». Il faut dépasser les peurs qui nous paralysent. On nous dit souvent, trop souvent, « fais attention », ce qui finit par nous empêcher d’avancer. Je l’ai ressenti en tant que parent aussi. De vouloir surprotéger nos deux garçons lorsqu’ils étaient petits. Et même encore maintenant alors qu’ils sont désormais de beaux et grands jeunes hommes 🙂
Les rêves comme guide
Les rêves sont des guides qui nous montrent la voie à suivre, parfois de manière surprenante.
- Une pilote d’essai, la lieutenant-colonel Sophie, qui rêvait d’aller dans l’espace depuis l’enfance, a su trouver sa voie en devenant pilote, pour réaliser son rêve. Elle a su transformer sa faiblesse de ne pas être un homme dans un métier d’hommes, en acquérant les compétences nécessaires.
- Elle démontre que la détermination et le travail acharné permettent de surmonter tous les obstacles.
La différence entre un rêve et la réalité
« La différence entre un rêve et la réalité, c’est une date » comme le dit bien si bien Eric Orsenna dans le documentaire. Rêver d’un amour, d’un voyage, d’un exploit, c’est bien, mais il faut oser se donner un rendez-vous avec son rêve et passer à l’action. Il faut plonger comme un fou et se lancer, quitte à se tromper. Jacques Brel en parle tellement bien 🙂
Le Vendée Globe : l’Everest des mers
Le Vendée Globe, course en solitaire autour du monde sans escale et sans assistance, est une épreuve extrême qui exige un courage immense. Yannick Bestaven s’y est lancé avec passion, malgré les difficultés et les échecs passés. Il a su s’entourer d’une équipe de confiance. Il a même fait appel à un préparateur mental, Eric Blondeau, pour se préparer à la solitude. Son but : être capable de se concentrer sur sa navigation, la météo et ses choix stratégiques. Dans le documentaire, on peut découvrir l’envers du décor avec des moments terribles de découragement, de stress, de fatigue. À un moment donné, croulant sous des journées de temps mauvais, ll s’endort plusieurs heures…heureusement le bateau n’a pas rencontré d’obstacles.
Le rêve peut devenir cauchemar
En effet, le rêve peut devenir un cauchemar. La course « de rêve » comme le dit si bien également Isabelle Autissier a aussi ses moments très difficiles :
- Kevin Escoffier a vu son bateau couler et a dû être secouru par Jean Le Cam.
- Christophe Bouvet est tombé à la mer dans le noir. Il a dû se battre pendant des heures (se déshabiller entièrement dans une mer formée…) pour survivre et a fini par être sauvé par le plus jeune de la course, Paul Meilhat Au bout de 2 heures et demi sachant que passé les 4 heures, normalement, on ne s’en sort pas, Christophe s’est vu mourir et « voulait seulement ne pas souffrir ».
Malgré ces drames, l’entraide et la solidarité entre navigateurs restent très fortes. Ces expériences rappellent que la mer peut être un lieu de bonheur et d’épanouissement, mais aussi de danger. Et que les rêves ne s’accomplissent que très rarement seul. L’autre est un moteur.
Par exemple, sans Estelle et puis les enfants, aurais-je eu et mis autant d’énergie à préparer nos deux ans autour du monde en tout quittant alors que j’avais atteint le fameux confort financier que j’avais tant recherché ?
L’importance de persévérer
Même face à l’échec, il ne faut jamais renoncer à ses rêves. Yannick Bestaven a connu des moments de découragement, mais il a toujours su rebondir. Yves Parlier, « l’extraterrestre », en 2001, lors d’un Vendée Globe, a fabriqué des pièces de son bateau en pleine mer grâce à un four qu’il a fabriqué lui même, puis a remonté son mât grâce à son ingéniosité. Malgré le peu de nourriture, il a survécu en triant et en mangeant des algues.
C’est la preuve que l’ingéniosité, la détermination et la persévérance peuvent nous aider à surmonter l’adversité pour atteindre et réaliser ses rêves.
L’arrivée, symbole d’une quête accomplie
Malgré la fatigue, les difficultés, la mer démontée, Yannick Bestaven a réussi son pari, en remportant le Vendée Globe 2020/2021. Il a visé la lune, et a décroché les étoiles ! Il nous montre qu’il ne faut pas avoir peur de se lancer, d’oser, de prendre des risques, car c’est là que se trouvent les plus belles aventures.
La réalisation de soi à travers ses rêves
Ce film nous rappelle que l’essentiel est d’être soi-même et de vivre ses rêves à fond. Comme le dit un autre marin : « un homme normal rêve de foutre le camp, des espèces d’aventures, quel qu’il soit ». Il est malheureux s’il n’assume pas ses rêves.
Ce n’est pas un exploit sportif ou une victoire, c’est une quête personnelle pour accomplir ses rêves qui apportent l’harmonie avec soi-même. Les personnes qui réalisent leurs rêves sont joyeuses, ne s’ennuient jamais, sont en paix, car elles sont accompagnées de leurs rêves. Merci Eric Blondeau pour ces phrases qui font du bien lorsqu’on veut rêver sa vie comme moi…et réaliser une vie de rêves 🙂
Encore faut-il entendre cette petite voix en nous qui nous chuchote les rêves que nous avons au fond de nous. Apprendre à écouter, à s’écouter. Notre corps et notre coeur nous aident à leur manière en nous passant quelques messages quelquefois douloureux (maladie). C’est à ce moment que nous savons que nous devons faire quelque chose si minime soit-il pour nous (ré)aligner avec nos rêves.
Les rêves sont le moteur de notre vie. Ils nous permettent de nous dépasser, de créer et d’aimer. Il ne faut pas avoir peur d’oser, de se lancer, même si le chemin semble semé d’embûches. N’oublions jamais que la différence entre un rêve et la réalité, c’est une date !
Alors, donnez-vous rendez-vous avec vos rêves, et faites en sorte qu’ils deviennent réalité !
En bonus, comme on est encore dans les temps pour les voeux de cette nouvelle année 2025, le magnifique texte de Jacques Brel sur les rêves que je garde précieusement dans mon portefeuille depuis plusieurs années 🙂
Les voeux de Jacques Brel
« Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir.
Et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns.
Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer,
et d’oublier ce qu’il faut oublier.
Je vous souhaite des passions.
Je vous souhaite des silences.
Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil,
et des rires d’enfants.
Je vous souhaite de respecter les différences des autres parce que le mérite et la valeur de chacun sont souvent à découvrir
Je vous souhaite de résister à l’enlisement,
à l’indifférence
et aux vertus négatives de notre époque.
Je vous souhaite enfin de ne jamais renoncer à la recherche, à l’aventure, à la vie, à l’amour,
car la vie est une magnifique aventure et nul de raisonnable ne doit y renoncer sans livrer une rude bataille.
Je vous souhaite surtout d’être vous, fier de l’être et heureux,
car le bonheur est notre destin véritable. »
Jacques Brel – premier janvier 1968