Cela tombe bien, c’est exactement la question que je me pose pour notre projet en cours 🙂

En effet, je n’ai pas encore d’idées précises de ce que représente « le poste eau » (accès, coût matériel d’irrigation et consommation, stockage) dans un projet en maraichage bio intensif de plusieurs milliers de M2 carrés. Jusqu’à maintenant, j’ai utilisé de l’eau plutôt pour des usages domestiques. Les dernières factures remontent à 2021 lorsque nous vivions encore sur Biarritz à 4 personnes dans une maison avec un jardin de 300 M2 et son petit potager. Nous étions environ à 60 M3 de consommation au semestre pour un coût d’environ 275 Euros soit 550 Euros à l’année ou 4,5 € le M3.

Heureusement, dans l’immédiat, désormais en Corse, je démarre sur une « micro-surface » avec un de terrain de 1 700 M2 dont la maison d’où une surface exploitable de 1 000 M2. Pour la surface dédiée au maraîchage à proprement parler, pour le moment, sur le design en cours, on est autour de 300 M2 maximum. Je vais peut-être réduire pour viser une surface qui permette d’obtenir en priorité une autonomie alimentaire pour 4 personnes. J’ai lu dans un article que 150 M2 pouvait suffire. Je vais approfondir ce point avant de finaliser le design et entamer la préparation du sol à l’automne.

Le besoin d’eau en maraîchage

Par contre, je sais que pour un projet en pur maraichage intensif qui correspond à son activité professionnelle afin de vendre par exemple sur les marchés ou sous forme de paniers, cela nécessite un apport constant et régulier d’eau. Selon Jean-Martin Fortier, dans son ouvrage best seller « le jardinier-maraîcher », lorsqu’on dépasse les 5 000 M2 de surface d’exploitation, il est vraiment nécessaire d’avoir sur site un système d’irrigation et un réservoir d’eau peu importe la forme (lac, étang, mare…)

J’aurais tendance à dire qu’il ne faut pas se lancer sur un quelconque projet de maraîchage un peu costaud (l’étape au-dessus du potager familial) sans avoir un apport d’eau en complément de l’eau de ville ou agricole. Sinon ça risque de coûter cher et vu les restrictions d’eau qui risquent de s’accentuer dans les années à venir, on risque de se retrouver à sec et aller à la catastrophe.

L’eau en Corse

Le sujet de la préservation de l’eau est devenu essentiel depuis peu du fait des sècheresses notamment en climat méditerranéen. J’ai entendu dire que la Corse était un château d’eau mais que l’eau n’était pas forcément bien distribuée.

Si je me réfère à l’article du Corse Matin du 13 juillet 2023 « Une ressource en eau abondante mais à utiliser avec modération« , la situation en pleine saison estivale est plutôt rassurante. « Le printemps 2023, qui a été le plus pluvieux depuis 2018, explique cette situation favorable. Depuis le début de l’année, sur le premiers semestre, on a un cumul de 443 millimètres moyenné sur la Corse. Nous sommes à 104% de la normale ».

Il y a malgré tout des disparités selon les régions en Corse et les années ne se ressemblent pas. Par exemple l’année dernière, à la même période, la situation était plutôt alarmante à tout juste 53% de la normale.

Enfin, au 1er juillet 2023. le BRGM (le bureau de recherches géologiques et minières) a publié une carte de l’état des nappes phréatiques en France. La Corse est en tête du tableau avec la Bretagne et Les Hauts de France.

7 questions à se poser pour affiner son projet de jardin nourricier

Démarrer par notre jardin autour de la maison va nous permettre de gagner en expérience « à moindre coût » avant de trouver des terres agricoles pour un projet plus grand. Toujours à taille humaine autour d’un ou deux hectares par exemple avec une partie dédiée au maraîchage de 1000 à 2000 M2 maximum. Comme le préconise la ferme du Bec Hellouin (et l’étude de l’INRAE), petit, extrêmement soigné au sein d’une biodiversité retrouvée.

La semaine dernière (le 7 juillet 2023), nous avons rencontré un maraîcher de Borgo. Patrick Schifano, une belle rencontre avec quelqu’un qui s’est reconverti il y a bientôt 10 ans maintenant et qui a un bel état d’esprit https://app.cagette.net/lortu-di-rasignani-patrick-schifano.

Patrick nous accompagne sur le démarrage concret de notre jardin nourricier à l’automne juste après avoir finalisé le design avec son partenaire Fabien Tournan qui intervient régulièrement en Corse. Très bon contact également avec Fabien https://www.regenerationvegetale.com/ qu’on espère rencontrer lors de sa prochaine venue sur l’île de Beauté.

Nous avons échangé également avec Julien Riva https://www.julienriva.com/ un jardinier paysagiste de Patrimonio qui nous a été présenté par des amis vignerons. Julien est également dans le même esprit que le nôtre sur la préservation des sols, de la biodiversité, la taille douce…On a fait le tour ensemble de notre jardin afin qu’il nous donne son avis sur l’état des arbres fruitiers, un magnifique chêne avec quelques fourmis à son tronc etc…Nous allons le solliciter à nouveau une fois notre design finalisé afin qu’il nous aide notamment pour la plantation des arbres, des arbustes…Bref, notre mini forêt jardin 🙂

Quelle est la superficie de votre jardin destinée au maraîchage ?

Tous ces échanges nous ont permis d’affiner notre besoin et de réaliser que nous n’avions pas d’accès à de l’eau pour le moment en complément de l’eau de ville ou plutôt du village. Par conséquent, nous allons revoir la taille de la partie maraîchage afin de la consacrer exclusivement à notre autonomie alimentaire. En revanche, accentuer la partie micro-vignoble qui nécessite moins d’eau.

Pour le moment, l’équivalent de 300 M2 max de maraîchage et si on peut faire plus petit on fera. Par exemple, en reprenant les données de Jean-Martin Fortier, sur 2500 M2, il produit l’équivalent de 50 paniers/semaine sur une saison de production de 20 semaines. En faisant une règle de trois, si je ne me trompe pas comme notre cher ministre de l’économie 🙂 on pourrait produire l’équivalent de 2 paniers par semaine sur une surface de 150 M2. Sachant qu’on doit être pour le moment deux fois moins efficace que lui, on retombe à un panier/semaine. Pour commencer, ça me va.

Il y a également un point crucial que nous allons développer un plus bas, l’accès à de la matière organique pour le paillage. Dans l’ouvrage de la Ferme du Bec Hellouin « Vivre avec la Terre » il est clairement préconisé de ne pas cultiver, en buttes permanentes, une surface supérieure à celle qu’on est en capacité de pailler.

Quels types de légumes ou de plantes prévoyez-vous de cultiver ?

Lorsque nous vivions à Biarritz, nous étions abonnés à un système de livraison hebdomadaire de paniers à domicile https://www.panierdeladour.com/ Cela coûtait 20 € par panier et par semaine. Selon la saison, Estelle complétait avec des achats de tomates par exemple. Il faut dire qu’il fallait les nourrir les 3 costauds qui mangent bien :-). Surtout qu’à ce moment là, Hugo et Tom étaient en pleine croissance, jouaient au rugby et avaient un super appétit. Ce n’est pas pour rien que leur mamie Annie les appelle « Les pelleteuses » lorsqu’on démarre un apéro ! 🙂

Dans notre petit potager, nous avions démarré par le plus facile : des tomates, des fraises et des framboises. J’avais planté des jeunes plants de vigne aussi mais c’était sans compter sur Rio (notre adorable golden) qui tout petit pourtant avait adoré les manger…

Cette fois-ci, nous serons sur le « best-seller » de ce que nous consommons le plus mixé aux préconisations de Jean-Martin Fortier sur la rentabilité des légumes cultivés et vendus sur son exploitation « Les jardins de la Grelinette »https://lagrelinette.com/. En effet, notre idée est de démarrer petit pour apprendre et nous agrandir progressivement.

Pour les légumes :

  • Rentabilité élevée : tomates, mesclun, laitue, concombre, ail, tomate cerise
  • Rentabilité moyenne : carottes, oignon, poivrons, courgette, basilic, roquette
  • Rentabilité faible : aubergine, melon

On rêve d’un mandala façon Bec Hellouin !

En complément, l’idée est de cultiver des fleurs comestibles, des plantes aromatiques et médicinales (lavande, ciboulette, basilic, estragon, sauge etc…) pour notre propre usage mais qui ne seront pas forcément cultivées au même endroit. Plutôt à proximité de la maison.

Tout comme les fruits issus du verger existant (citrons, oranges, figues, prunes) auxquels on ajoutera d’autres arbres fruitiers adaptés au climat local. Il y avait un abricotier qui est mort désormais. On ne connait pas encore la raison. Il aurait atteint sa durée de vie ? Idem pour des lauriers en périphérie. Ce sera l’occasion de les remplacer aussi par des arbres fruitiers.

Dans l’esprit de la mini forêt-jardin, on complètera avec des buissons et des arbrisseaux petits fruits comme ceux de l’arboursier ainsi que des mûres, des myrtilles, des framboises, des groseilles, des fraises etc…

Quel est votre climat local ? Est-ce plutôt sec ou humide ?

J’ai fait un article complet sur le climat méditerranéen de la Corse https://etre-libre.com/le-climat-en-haute-corse/ et plus spécifiquement le micro-climat du Nebbiu avec notamment l’importance du vent. C’est bénéfique pour les vignes (protection contre les maladies) mais c’est à prendre à compte pour d’autres types de plantations et de prévoir des brises vent. Heureusement, il y a déjà des plantations côté vents dominants (Nord-Nord-Ouest et Sud-Sud-Ouest) qui seront sûrement à renforcer.

Sinon, on est bien sur des étés chauds et secs et des hivers doux et humides.

Avez-vous déjà une idée du système d’irrigation que vous souhaitez utiliser ? (goutte-à-goutte, aspersion, etc.)

C’est encore un peu tôt pour le moment mais c’est sûr qu’il va falloir que nous optimisions l’usage de l’eau et nous passerons sûrement par un goutte à goutte. Jean-Martin Fortier préconise plutôt » l’aspersion pour éviter de retirer les tuyaux avant chaque binage. Il utilise le goutte-à-goutte à la serre, aux tunnels et aux cultures sous paillis de plastique. »

C’est un peu tôt dans le sens où vu notre surface exploitable de 1 000 M2 avec une zone de maraichage de 150 à 300 M2 maximum dans un climat méditerranéen, je ne sais pas si nous devons obligatoirement avoir une serre par exemple et démarrer les semis au rez-de-chaussée de la maison. Je pense que oui car un maraicher est installé un peu plus loin dans le village et il a des serres. En revanche, son exploitation est beaucoup plus grande (au minimum 1 hectare). A creuser avec Patrick et Fabien au moment du design.

Avez-vous des contraintes budgétaires spécifiques pour l’irrigation ?

Forcément ! 🙂

C’est plutôt du bon sens au regard de ce que pourrait rapporter l’aspect maraîchage sur une surface plus grande. Sur cette surface équivalente à une partie de notre jardin, l’idée est vraiment de limiter les coûts car nous sommes sur un objectif pour le moment d’autonomie alimentaire.

Jean-Martin Fortier, dans son ouvrage « Le jardinier maraîcher » est à 3 000 dollars pour un système d’irrigation complet pour une micro-ferme en général d’ 1 hectare maximum. Vu notre terrain 10 fois plus petit, je partirais sur un budget de 300 à 500 euros en le posant moi-même. https://www.travauxavenue.com/exterieur-jardin-piscine/guide-travaux/entretien-jardin/prix-arrosage-automatique-goutte-a-goutte/

Disposez-vous d’un système de collecte d’eau de pluie ou comptez-vous uniquement sur l’eau du robinet ?

Pour le moment, pas de système de collecte d’eau de pluie mais vu le coût de l’eau du robinet selon la taille de notre partie maraîchage, le coût peut s’envoler. Dans le lien de l’article ci-après sur l’arrosage au potager, il est évoqué un coût de consommation d’eau selon si le potager est paillé ou non. On passe du simple au double.

Ce qui représenterait pour notre potager de 150 M2 uniquement sur une période de 3 mois d’arrosage (plantation avant récolte) un budget au minimum de 150 Euros (paillé et environ 36 M3 d’eau du robinet) à 300 Euros (non paillé et 72 M3 d’eau soit plus d’un semestre de consommation à 4 lorsque nous vivions sur Biarritz ! https://www.fermedesaintemarthe.com/larrosage-au-potager-p-21958

C’est la raison pour laquelle nous allons étudier le coût des cuves de récupération d’eau de pluie et ou de stockage en cuve souple par exemple. En revanche, où les installer dans notre jardin ? Nous n’avons pas de vide sanitaire. Et enfin, la phytoépuration. Bref, on a du boulot ! 🙂

Êtes-vous intéressé par des techniques de conservation de l’eau, telles que la paillage ou l’utilisation de compost ?

Oh que oui ! 🙂

J’ai bien compris la notion de « Sol couvert, sol prospère, sol nu, sol foutu ». De plus, dans cette notion de protéger le sol avec un couvert végétal, on voit tout de suite les répercussions en terme de consommation d’eau à la question ci-dessus.

Dans d’autres articles du blog, je partage des vidéos notamment de maraîchage sur sol vivant ou une autre avec Awa qui cultive sur 1 700 M2 en région parisienne avec la totalité qui est couverte. Hormis l’apport de BRF qu’elle a solutionné avec un ami paysagiste, le résultat est bluffant !

Comme on sait désormais que la pluie est généré par le végétal et non l’inverse, il ne nous reste plus qu’à planter, planter, planter…des arbres et couvrir, couvrir, couvrir…nos sols. C’est parti !

En bonus, ci-dessous une vidéo sur le sujet de l’eau et de l’agriculture : « La seule solution pour faire reculer le désert, c’est la couverture végétal ! « 

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