Dans le cadre de la formation qualifiante de 8 mois que je viens de démarrer avec Ver de Terre Production « Viticulture Grandeur Nature », ce premier article aborde la question de la dégradation des sols en agriculture en mettant en lumière les limites des méthodes actuelles, tant dans l’agriculture biologique que dans l’agriculture conventionnelle.
Il s’agit de comprendre comment notre approche à la terre, trop axée sur le travail intensif du sol, conduit à une spirale de dégradation des écosystèmes et de la biodiversité.
L’agriculture, face à un changement de paradigme : Réapprendre du sol
Introduction
Aujourd’hui, les pratiques agricoles traditionnelles sont de plus en plus critiquées, et pour cause. Derrière les promesses de productivité se cachent des conséquences profondes sur les sols, la biodiversité, et l’équilibre de nos écosystèmes. Ce modèle agricole, qu’on nomme « conventionnel », repose sur des méthodes qui perturbent les sols : outils lourds, intrants chimiques, désherbants, etc. Mais la solution, est-elle vraiment dans l’agriculture biologique telle qu’on la connaît aujourd’hui ? Pas si sûr.
Les pratiques agricoles : conventionnelles et biologiques, mêmes conséquences ?
Agriculture conventionnelle et agriculture biologique : ces deux termes sont souvent opposés, l’un désignant une approche intensive aux effets connus, l’autre étant vue comme l’alternative verte et respectueuse de l’environnement. Cependant, ces deux modèles partagent un point commun qui constitue leur talon d’Achille : le travail du sol.
Que l’on soit dans le bio ou le conventionnel, nous avons appris à manier les outils qui retournent la terre, désorganisent ses couches et, par conséquent, en dégradent la structure. Avec cette intervention, on rompt le cycle naturel du sol, où les nutriments, les micro-organismes et les racines cohabitent sans interruption, comme c’est le cas dans une forêt ou une prairie naturelle.
Un modèle d’inspiration : la forêt et la prairie
Regardons la nature : une forêt ou une prairie. Ici, le sol est toujours couvert, les plantes poussent d’elles-mêmes sans intervention extérieure. Ces écosystèmes naturels, loin des interventions humaines, deviennent des modèles d’équilibre écologique. La végétation y prospère sans l’aide d’intrants ni d’outils, et pourtant, le sol y reste fertile, vivant, et vibrant de biodiversité. En agriculture, à l’inverse, nous avons tendance à perturber ce modèle naturel.
Le paradoxe : en cherchant à « contrôler » la croissance des plantes et des cultures, nous avons délaissé le modèle que la nature nous offre en exemple.
Le rôle des outils dans la destruction des écosystèmes
Les outils agricoles sont à la fois un symbole de la modernité et le point de départ de nombreux problèmes. La charrue, le bulldozer, la herse rotative… tous ces instruments arrachent les habitats naturels, bouleversent les écosystèmes et, inévitablement, les détruisent. Au lieu de favoriser la vie et de préserver la biodiversité, ces méthodes deviennent des machines à éradiquer.
Ainsi, bien que les produits phytosanitaires soient souvent pointés du doigt pour leur impact négatif, la réalité est plus complexe : le vrai traumatisme commence avec l’intervention mécanique. La destruction de la biodiversité ne provient pas seulement des produits chimiques, mais également de l’action des outils, qui déchirent le sol et anéantissent son écosystème originel.
Vers une agriculture inspirée de la nature
Alors, quel modèle peut-on envisager pour demain ? Comment repenser notre approche du sol et s’inspirer des écosystèmes naturels ?
La réponse réside peut-être dans une agriculture de non-intervention. Un modèle où le sol est maintenu dans son état naturel, couvert de végétation, et où les pratiques agricoles ne cherchent pas à le retourner constamment. Ce modèle s’inspire des prairies et des forêts, où les plantes coexistent en harmonie, se développant sans la main de l’homme.
Loin d’être une utopie, cette agriculture sans travail du sol est déjà expérimentée avec succès par des agriculteurs pionniers qui montrent que des solutions existent pour maintenir des sols vivants, même en cultivant. Ces pratiques s’appuient sur une observation fine de la nature et sur une acceptation des cycles et des rythmes naturels. Par exemple le Maraichage sur Sol Vivant (MSV) ou le Semis Direct sous couvert végétal
Conclusion : Changer de regard, changer de pratiques
Redonner vie aux sols et régénérer les écosystèmes passent par une transformation profonde de nos méthodes agricoles et de nos schémas de pensée. C’est un défi, mais aussi une opportunité unique de repenser la place de l’agriculture dans notre environnement. En s’inspirant de la forêt, de la prairie, et en respectant les lois naturelles, nous pouvons envisager une agriculture plus respectueuse de la terre et des êtres vivants.
Let’s go pour la suite de la formation et je reviens vers vous avec des « articles capsules » assez courts mais je l’espère percutants ! 🙂