Après la mini-forêt-jardin que je rêve d’inclure dans notre projet d’Eden comestible sur l’île de Beauté, c’est au tour du verger maraîcher ou du maraîchage agroforestier… bref, l’arboriculture fruitière associée au maraîchage 🙂
En tous cas, le terrain s’y prête bien avec la présence d’un verger avec des arbres fruitiers comme des citronniers, des orangers qui doivent faire 2 à 3 mètres de haut et quelques sublimes figuiers. Cela tombe bien, Estelle adore les figues. Je sens qu’on va stocker des pots de confiture ! 🙂
J’ai découvert ce « concept » de verger maraîcher dans l’ouvrage « Vivre avec la Terre » de Perrine et Charles HERVÉ-GRUYER et sinon la puissance et l’importance des arbres qui reviennent dans les vignobles aussi. Que ce soit en périphérie (haies) et entre les rangs avec par exemple le Manifeste de Cheval Blanc pour un vignoble en agroécologie avec ses 80 à 120 arbres par hectare ! https://www.larvf.com/chateau-cheval-blanc-l-agroecologie-plutot-que-la-biodynamie,4773374.asp
I. Définition des vergers-maraîchers
Un verger-maraîcher est un système de culture agroforestier qui combine la production d’arbres fruitiers, de légumes, de plantes aromatiques et de plantes médicinales.
Ce type de jardin est basé sur les principes de la permaculture, qui cherchent à créer des écosystèmes productifs, durables et harmonieux. En imitant les systèmes naturels, les vergers-maraîchers optimisent l’utilisation de l’espace, des ressources et de la biodiversité.
II. Avantages des vergers-maraîchers
Production diversifiée et continue :
Les vergers-maraîchers offrent une production diversifiée et continue de fruits, légumes, aromates et plantes médicinales, permettant ainsi de satisfaire une large palette de besoins nutritionnels et gustatifs.
L’aspect économique également entre en jeu avec en plus du lissage des pics d’activité, une double production de produits frais sur une petite surface. En effet, le maraîchage permet une récolte dès la première année alors que les fruitiers plutôt au bout 2 à 3 ans. Ce qui peut-être un inconvénient en terme d’organisation. On en reparle plus bas.
Réduction de l’empreinte écologique :
La culture en verger-maraîcher limite l’usage des intrants chimiques (il y aurait moins de maladies) et favorise les pratiques respectueuses de l’environnement, contribuant à la préservation des sols, de l’eau et de la biodiversité tout en conservant une productivité élevée.
L’aspect esthétique joue un rôle également. « La beauté sauvera le monde » dans le roman L’idiot de Dostoïevski …:-) Le maraîchage ne renvoie pas forcément une image comme celle de la vigne qui peut faire rêver. La présence d’arbres notamment fruitiers vient renforcer la beauté des lieux.
Autonomie et résilience :
Les vergers-maraîchers permettent d’atteindre une certaine autonomie alimentaire (ça tombe bien, c’est mon objectif ! :-)) réduisant ainsi la dépendance aux systèmes de distribution conventionnels (puisqu’on est plutôt sur de la vente directe, en circuits courts) et aux fluctuations économiques.
Lien social et éducatif :
Les projets de vergers-maraîchers sont portés en majorité par des exploitants non issus du milieu agricole avec peu de moyens financiers et une difficulté d’accès au foncier. Une certaine solidarité de parcours et de retours d’expériences peut favoriser les échanges entre porteurs de projets.
Ce type de projets intéresse et peut générer des visites sur l’exploitation (grand public, bénévoles, stagiaires) et favoriser le partage de savoir-faire et la transmission de connaissances sur l’agroécologie et la permaculture.
Par exemple, c’est de cette manière que j’ai sélectionné les domaines viticoles dans lesquelles j’ai souhaité réalisé mes 3 stages. Des philosophies qui correspondaient à mes valeurs : travail artisanal et qui respecte le plus possible la nature, l’environnement et les consommateurs.
III. Inconvénients des vergers-maraîchers
Investissement initial :
La mise en place d’un verger-maraîcher peut nécessiter un investissement initial important en termes de temps, d’efforts et de ressources (achat de plants, matériel, etc.). La démarche s’établit sur du long terme. Par exemple, à la ferme « la Durette », on estime qu’il faut environ 7 ans pour atteindre un « rythme de croisière »
Besoin de connaissances spécifiques :
La culture en verger-maraîcher demande une bonne compréhension des deux métiers que sont l’arboriculture et le maraîchage en général dans un contexte permaculturel et/ou agroécologique ainsi qu’une certaine expérience pour la taille des arbres. Je suis content de ne pas avoir appris les bases de la taille de la vigne pour rien 🙂
Un exemple repris dans les vidéos du programme SMART : « On ne peut pas mettre ce qu’on veut sous les arbres. Les salades (légume-feuille) même s’il ne faut pas généraliser (cela dépend des espèces) ne se plaisent pas forcément au pied des arbres (besoin de lumière) par rapport aux tomates ».
Temps d’établissement :
Un verger-maraîcher demande du temps pour s’établir et produire à plein rendement. La patience et la persévérance sont de mise d’autant que le mélange de 2 types de productions complexes et avec des timing différents nécessitent des compétences et de l’organisation.
Avec ma reconversion initiale dans la vigne, je comprends mieux cette notion de prendre son temps afin de respecter les cycles de la nature…d’autant plus en Corse ! 🙂
D’où l’importance dans notre projet de démarrer petit avec un verger maraîcher qui devrait s’étendre sur 500 M2 maximum. Cela me permettra d’acquérir ces compétences. Normalement, pour l’organisation, cela devrait aller ! 🙂
IV. Mise en pratique et viabilité des vergers-maraîchers
Même s’il n’y a pas encore beaucoup de recul, celles et ceux qui ont décidé de concevoir et développer des vergers-maraîchers reconnaissant malgré la difficulté qu’ils ne reviendraient pas en arrière.
Ils confessent aussi la part d’intuition, d’empirisme et d’erreurs liées à la réussite de leur vergers-maraîchers. Ci-dessous dans la vidéo, une présentation plutôt ludique (avec les infographies) d’une étude de la viabilité des vergers-maraîchers.
– Choix de l’emplacement : Privilégier autant que possible un terrain bien exposé au soleil sans que cela devienne une obsession car la précieuse photosynthèse peut-être perturbée voir stoppée en cas de trop forte lumière ou chaleur selon les légumes, avec un sol fertile et bien drainé.
– Sélection des espèces : Les vergers-maraîchers reposent sur deux piliers qui sont l’association et la diversification. Penser à la complémentarité entre les espèces pour favoriser les interactions bénéfiques, comme la pollinisation et la lutte biologique contre les ravageurs.
– Planification : Organiser son verger-maraîcher en fonction des besoins en lumière, en eau et en nutriments de chaque espèce. Prendre également en compte la taille adulte des arbres et les distances de plantation.
– Entretien : Adopter des pratiques respectueuses de l’environnement, comme le paillage, la rotation des cultures et l’utilisation de compost pour enrichir le sol.
V. Exemples de vergers-maraîchers inspirants
- La Ferme du Bec Hellouin (France) http://www.lafermedubec.fr : Créée par Perrine et Charles Hervé-Gruyer, cette ferme agroécologique est devenue une référence en matière de permaculture et de vergers-maraîchers. Leur modèle innovant combine la production de légumes, de fruits et d’élevage tout en respectant les principes de la permaculture.
- Le Jardin des Fraternités Ouvrières (Belgique) https://fraternitesouvrieres.over-blog.com/ : Situé à Mouscron, ce jardin associatif est un bel exemple de verger-maraîcher urbain. Il rassemble des centaines de variétés de plantes comestibles et médicinales et vise à préserver et partager les savoir-faire liés au jardinage écologique. Chaîne You tube : Fraternités ouvrières
- Food Forest (États-Unis) https://beaconfoodforest.org/ : Ce projet de forêt nourricière, lancé par la ville de Seattle, vise à créer un écosystème productif en milieu urbain. Sur une parcelle de terrain public, des bénévoles cultivent un verger-maraîcher composé d’arbres fruitiers, de légumes et de plantes aromatiques, dont la récolte est ensuite partagée entre les participants et les habitants du quartier.
Et en bonus, le guide du verger maraîcher issu du programme SMART (2014-2017)