Tout a commencé par un capricorne il y a un peu plus d’un an. En septembre 2023, alors très fier de notre beau chêne d’environ 15 mètres de haut dans notre jardin, on découvre à sa base des galeries (occupées par des grosses fourmis Corses) identifiées comme celles d’un capricorne. Un des plus grands et spectaculaires coléoptère !
Un peu plus loin dans la rue à côté de chez nous, un vieux chêne vient d’être coupé à sa base car jugé trop fragile et dangereux suite à une attaque de capricorne.
Le capricorne, nuisible dans une charpente, protégé dans un arbre
Il y a des moments où la nature nous rappelle qu’elle est un cycle perpétuel, où chaque élément peut nourrir un autre. En revanche, difficile de comprendre qu’on ne puisse pas agir car ce fameux grand capricorne est protégé. Lorsqu’on connait les bienfaits des arbres, cela interroge sur la logique de cette protection.
Et si on coupait ce vieux chêne
J’ai eu beau chercher à me renseigner sur la manière de sauver ce magnifique arbre sûrement beaucoup plus vieux que moi, que des sons de cloches divergents. Certains me conseillant même de le couper…
Nous avons préféré le faire élaguer en espérant que cela lui redonne de la force pour se concentrer sur son auto-guérison. Cela n’avait pas été fait depuis au moins 15 ans aux dires de nos voisins. Rémi, l’excellent élagueur a confirmé. 3 jours dans le chêne, en rappel avec ses cordes. Bravo, quel boulot !
L’élagage de notre vieux chêne, symbole de force et de longévité, nous a offert bien plus que du bois coupé : il nous a permis de créer un BRF (Bois Raméal Fragmenté) pour enrichir notre sol et renforcer notre engagement en agroécologie. Mais derrière cette action se cache une philosophie plus profonde : celle de respecter la nature, de s’en inspirer et de boucler les cycles qu’elle initie.
Dans cet article, je vais partager avec vous cette expérience et montrer comment un geste aussi simple que l’élagage peut devenir un acte significatif pour notre projet. En effet, découvrez comment notre vieux chêne participe à notre démarche de jardinier-vigneron et la création d’un micro-vignoble en agroécologie.
1. L’élagage, un soin pour l’arbre et une opportunité pour le sol
Les arbres, comme tout être vivant, nécessitent de l’attention pour continuer à s’épanouir. Avec le temps, notre vieux chêne, hormis les galeries attribuées au grand capricorne, avait étendu ses branches dans toutes les directions, menaçant son équilibre allant même jusqu’a inquiéter nos plus proches voisins en contre-bas. L’élagage est alors devenu une nécessité, non seulement pour préserver cet arbre majestueux, « rassurer » nos voisins mais aussi pour transformer cette intervention en opportunité écologique.
Pourquoi élaguer un arbre ?
L’élagage, loin d’être une simple coupe, est une opération qui apporte plusieurs bénéfices à l’arbre :
- Préserver sa santé : En supprimant les branches mortes, malades ou encombrantes, on renforce l’arbre et on prévient les éventuels dégâts causés par des tempêtes ou des vents violents.
- Favoriser sa croissance : Élaguer permet de rediriger l’énergie de l’arbre vers ses parties essentielles, stimulant ainsi sa vigueur.
- Encourager la biodiversité : Un arbre élagué laisse passer davantage de lumière, favorisant la pousse de végétaux au sol. Surtout le chêne, il n’y a souvent pas grand chose qui pousse à ses pieds. On tente l’expérience avec de l’aloe vera et ça marche plutôt bien.
Dans notre cas, cet élagage s’est transformé en un double cadeau : un arbre sain (l’élagueur n’a pas vu d’autres galeries de capricorne que celles à la base : on croise les doigts) et une matière première exceptionnelle pour notre sol, grâce aux branches que nous avons récupérées. Et quelle quantité !
Astuce pratique :
Si vous avez un arbre à élaguer, ne considérez pas ses branches comme des déchets à bruler ou à jeter. Cela été le cas longtemps aussi à la vigne (on le voit encore) de brûler les sarments après la taille hivernale. Désormais, de plus en plus de vignerons préfèrent les broyer et les laisser au sol afin de le nourrir de carbone. Chaque morceau de bois peut avoir une nouvelle vie dans votre jardin, et l’élagage peut devenir un moment pour réfléchir à votre gestion des ressources.
2. Le BRF : un trésor pour un sol vivant
Le Bois Raméal Fragmenté, ou BRF, est une véritable révolution pour les sols. Né de l’observation des forêts naturelles, où les branches tombées se décomposent lentement pour enrichir le sol, le BRF est une méthode agroécologique simple mais incroyablement efficace.
Qu’est-ce que le BRF ?
Il s’agit de broyer de jeunes branches (de moins de 7 cm de diamètre) pour en faire un paillis qui sera étalé sur le sol. Ce paillis, riche en lignine, stimule les micro-organismes, notamment les champignons, qui transforment ce bois en humus. En d’autres termes, il recrée un sol vivant, plein de vitalité.
Les avantages du BRF pour le sol
Dans notre jardin et micro-vignoble, le BRF joue un rôle crucial :
- Un boost pour la vie microbienne : Les champignons et micro-organismes se nourrissent du bois et améliorent la structure du sol.
- Un apport en nutriments : En se décomposant, le BRF enrichit le sol en matière organique et en éléments nutritifs essentiels, parfait pour des cultures saines.
- Une meilleure rétention d’eau : Pailler avec du BRF réduit l’évaporation, permettant de limiter les besoins en arrosage, ce qui est particulièrement précieux dans notre climat méditerranéen.
Comment avons-nous fabriqué notre BRF ?
Après l’élagage, vu la quantité de branches, nous avons opter pour la location d’un broyeur de végétaux le temps d’un week-end pour réduire les branches en petits morceaux. J’avais démarré avec mon petit broyeur Parkside de chez Lidl 🙂 Cette étape, bien que bruyante et qui a un coût (En Corse, compter environ 450 euros les 2 jours pour un broyeur « industriel », livraison comprise), a été étonnamment gratifiante surtout que nous nous en sommes chargés en couple. Chaque branche broyée devenait une contribution à la fertilité future de notre sol. Nous allons ensuite étaler ce BRF autour de nos vignes, arbres fruitiers et jeunes plantations, créant une couche protectrice et nourrissante.
3. L’élagage et le BRF : un geste agroécologique
Dans notre démarche de micro-vignoble en agroécologie, chaque ressource compte. L’élagage de notre vieux chêne s’inscrit parfaitement dans cette philosophie : rien ne se perd, tout se transforme. En produisant notre propre BRF, nous participons activement à un cycle vertueux, où l’arbre nourrit la terre, et où la terre nourrit à son tour nos vignes.
Les bénéfices concrets de cette approche :
- Un arbre résilient : Le vieux chêne, symbole de force et de continuité, devient un allié pour notre sol.
- Un sol vivant : Le BRF améliore la santé du sol, le rendant plus riche et plus fertile.
- Une réduction des déchets : Au lieu de brûler ou jeter les branches, nous les utilisons directement sur place, réduisant notre empreinte écologique.
Ce geste, en apparence simple, nous permet également de nous rapprocher de nos valeurs : respecter la nature, réduire les intrants extérieurs et créer un écosystème autonome.
4. Ce que nous avons appris de ce vieux chêne
Chaque expérience dans notre projet agroécologique est une leçon. L’élagage de notre vieux chêne ne fait pas exception. Ce moment nous a rappelé plusieurs principes essentiels :
- L’interconnexion des éléments : L’arbre, le sol, les micro-organismes, les vignes – tout est lié. Chaque geste, comme l’élagage, a des répercussions positives sur l’ensemble du système.
- La générosité de la nature : En travaillant avec elle, et non contre elle, nous découvrons des ressources insoupçonnées.
- L’importance de l’équilibre : Alléger les branches d’un arbre tout en renforçant la vitalité du sol est une belle illustration de l’harmonie nécessaire dans tout projet durable.
Ce vieux chêne, avec ses racines profondes et son ombre bienfaisante jusqu’à maintenant 🙂 est devenu bien plus qu’un arbre pour nous. Il est un « mentor » silencieux et nous apprend la patience, nous rappelant les cycles de la vie et l’importance de prendre soin de notre environnement.
Et vous, avez-vous déjà utilisé le BRF dans votre jardin ou vignoble ? Quels sont vos gestes écologiques préférés pour enrichir vos sols ? Partagez vos idées en commentaire, ou retrouvez d’autres astuces agroécologiques sur le blog. Ensemble, cultivons un futur où chaque geste compte !