se reconvertir dans le vin lorsqu'on est vieux

Se reconvertir dans un métier agricole après 50 ans est un défi, le faire dans un secteur viticole en pleine mutation et confronté à des crises majeures ajoute une complexité supplémentaire. En France, la viticulture subit aujourd’hui des bouleversements liés à la surproduction, à la baisse de la consommation de vin, au changement climatique qui forcent certains vignerons à arracher leurs vignes. Pourtant, pour les passionnés comme moi à plus de 50 ans, cela reste un défi riche de sens.

Trouver des perspectives malgré tout en se différenciant, en innovant pour répondre aux attentes des consommateurs et au bien-être du vigneron et de la planète. En effet, quoi de mieux que de nourrir « ne serait-ce que l’âme » de son prochain ?

Reconversion à 50 ans : entre passion et préjugés

Dans une société où l’âge est souvent perçu comme un handicap, les quinquagénaires qui souhaitent se reconvertir dans des métiers manuels ou agricoles font face à des préjugés. Dans le secteur viticole, cela peut être particulièrement vrai, car ce métier exige un investissement physique, technique et mental.

Ces obstacles rappellent d’ailleurs un thème central du magazine Vieux, créé par Antoine de Caunes. Ce projet met en lumière les défis et la beauté des nouvelles aventures entreprises à un âge où l’on est parfois considéré comme « hors-jeu ». Si ce sujet vous intrigue, je vous invite à lire mon avis sur ce magazine dans cet article dédié https://etre-libre.com/jai-lu-vieux-le-magazine-revolutionnaire-dantoine-de-caunes-mon-avis/

Vieux : le magazine révolutionnaire d'Antoine De Caunes

Une viticulture en crise : entre surproduction et surconsommation

Les crises viticoles actuelles en France sont marquées par deux paradoxes :

  • La surproduction de vin : Dans des régions comme l’Aude ou les Pyrénées-Orientales, les stocks s’accumulent, car la production dépasse la demande. En 2023, le gouvernement a même alloué des aides (de 160 millions d’euros) à la distillation de surplus pour transformer des millions de litres de vin invendus https://avis-vin.lefigaro.fr/economie-du-vin/o153066-trop-de-vignes-trop-de-vin-en-france-l-etat-va-subventionner-la-destruction-des-excedents
  • La baisse de la consommation : Les habitudes des consommateurs changent. Les jeunes générations consomment moins de vin, préférant parfois la bière ou les spiritueux. Par ailleurs, le vin est de plus en plus considéré comme un produit de luxe, avec une demande croissante pour des vins bio ou naturels.

Dans ce contexte, les petits vignerons peinent à se maintenir, et les nouveaux arrivants doivent trouver des solutions innovantes pour se démarquer.

Reconversion tardive : une opportunité dans la crise

Malgré ces difficultés, de nombreux quinquagénaires considèrent leur âge comme un atout…Moi le premier ! 🙂 Ils arrivent souvent avec une vision nouvelle et une expérience professionnelle issues d’autres secteurs, leur permettant de penser différemment. Quelquefois avec un petit pécule. Ce qui peut permettre parfois de « rivaliser » avec les jeunes vignerons qui sont la plupart du temps mieux accompagnés par l’administration ou assimilé (chambres d’agricultures, les SAFER etc…). On en parle un peu plus bas avec le statut de Jeune Agriculteur (JA).

Ces « nouveaux vignerons » ne cherchent pas forcément à rivaliser avec les grands domaines. Cela nécessite de mobiliser des moyens financiers conséquents. Ils privilégient plutôt des approches de niche, comme la viticulture en agroécologie, en biodynamie, la production de vins naturels, l’accueil à la ferme etc…

C’est exactement ce que je cherche à faire en me formant auprès de vignerons natures ou auprès de Ver de Terre Production actuellement avec une formation qualifiante sur 8 mois : L’agroécologie à la vigne. Prochainement, je ferai un article spécifiquement autour de l’équipe de Ver de Terre Production. Soyez attentifs !

L’Institut du Jardinier Vigneron : une idée pour soutenir les reconversions

Face à ces défis, pourquoi ne pas envisager la création d’un lieu d’accompagnement spécifique ? L’Institut du Jardinier Vigneron pourrait devenir une structure dédiée aux reconversions tardives dans la viticulture. Cet institut proposerait :

  • Des formations courtes et pratiques pour apprendre les bases de la viticulture et de la vinification.
  • Un accompagnement administratif et financier, en particulier pour les personnes de plus de 50 ans, souvent exclues des aides classiques (notamment les subventions pouvant aller jusqu’a 60% pour les Jeunes Agriculteurs, c’est à dire jusqu’à 40 ans.)
  • Un espace de mentorat avec des vignerons expérimentés pour guider les novices.
  • Des ateliers d’expérimentation en agroécologie, pour aligner les pratiques viticoles avec les enjeux climatiques et économiques actuels.

Avec une telle initiative, les passionnés de tout âge pourraient se lancer dans un projet de vie durable et épanouissant. Ce type de démarche pourrait aussi redonner un souffle nouveau à des régions viticoles en difficulté ou des régions qui (re)découvrent la culture de la vigne comme la Bretagne par exemple https://www.larvf.com/l-incroyable-renaissance-du-vignoble-breton,4785915.asp

Du vin en Bretagne

J’y réfléchis sérieusement. Cela me permettrait aussi de partager mon expérience comme je le fais dans des clubs dédiés aux futurs vignerons comme https://vigneronsdemain.fr/ , sur ce blog et d’autres blogs comme https://generationvignerons.com/

Les défis spécifiques des quinquagénaires dans un secteur en crise

1. Être perçu comme « trop vieux »

Dans un métier exigeant physiquement, l’âge peut être vu comme un frein. Pourtant, l’expérience de vie et les compétences en gestion, acquises lors d’une carrière précédente, peuvent compenser largement les limites physiques. Investir dans des équipements modernes et collaborer avec des jeunes pour les travaux les plus pénibles est une solution. Sinon choisir un mode de conduite à la vigne qui privilégient des petites surfaces à condition que cela puisse être rentable. J’en reviens à l’institut du Jardinier Vigneron qui s’inspire du Jardinier Maraîcher de Jean-Martin Fortier qui a conçu une méthode bio intensive sur petites surfaces pour les maraîchers puissent vivre de leur activité. https://lejardiniermaraicher.com/

Le jardinier maraicher

2. Se positionner dans un marché saturé

Le défi principal pour un nouveau vigneron est de trouver une niche. Plutôt que de produire en masse, beaucoup de quinquagénaires se tournent vers :

  • Les vins naturels, très recherchés sur les marchés urbains et à l’international.
  • Les circuits courts, permettant de vendre directement au consommateur.
  • L’œnotourisme, qui allie passion pour le vin et valorisation du patrimoine local.

3. S’adapter à une crise environnementale

Le réchauffement climatique ajoute une couche de complexité à la viticulture. Les étés de plus en plus chauds dans des régions comme le Languedoc ou les Pyrénées-Orientales compliquent la gestion des vignobles. Pour les quinquagénaires, cela nécessite une formation supplémentaire pour comprendre les nouvelles pratiques d’adaptation, comme l’utilisation de cépages résistants à la chaleur ou l’agroforesterie.

À l’image des témoignages inspirants recueillis dans le magazine Vieux d’Antoine de Caunes, cela montre que l’âge peut être une force lorsqu’il s’agit de se réinventer.

Un avenir prometteur malgré les défis

Se reconvertir dans la viticulture après 50 ans, dans un secteur en crise, est une aventure audacieuse. Pourtant, les opportunités existent pour ceux qui osent penser différemment et se lancer avec détermination. Avec des initiatives comme l’Institut du Jardinier Vigneron, chaque bouteille pourrait raconter une histoire de résilience, d’innovation et de passion, tout en redonnant vie à des vignobles délaissés.

Je ne manquerai pas de vous tenir informé du lancement de cet institut du Jardinier Vigneron. L’idéal est de s’appuyer sur un lieu qui permettra de montrer concrètement les expérimentations réalisées, accueillir les stagiaires, pouvoir organiser des conférences etc…Comme c’est difficile de trouver en Corse, j’ai des pistes en cours sur le pourtour méditerranéen. Je vous raconte lorsque cela se concrétise.

@ très vite les vieux ! 🙂

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