De l’agriculture à l’écoculture

Dans un monde aux ressources limitées et face aux défis environnementaux croissants, il devient de plus en plus nécessaire de repenser notre modèle agricole.

L’agriculture conventionnelle a souvent été associée à la dégradation des sols, à la perte de biodiversité et à la pollution de l’eau. C’est dans ce contexte que l’écoculture apparaît comme une solution viable pour une agriculture durable et respectueuse de l’environnement.

« Passer d’une agriculture de masse à une masse d’agriculteurs »

Jean-Martin Fortier

Sur notre planète, 75 % de la nourriture est produite par des petites fermes de quelques hectares. Selon Olivier De Schutter, le recours à l’agroécologie permettrait de doubler les rendements agricoles dans les dix ans.

La Ferme du Bec Hellouin http://www.lafermedubec.com

C’est un exemple inspirant de transition réussie vers une agriculture durable et respectueuse de l’environnement. En partageant leurs connaissances et en formant d’autres agriculteurs aux principes de l’écoculture, Perrine et Charles Hervé-Gruyer contribuent à promouvoir un avenir plus durable pour l’agriculture.

La Ferme du Bec Hellouin est une ferme pionnière en permaculture et en agroécologie située en Normandie, en France. Fondée en 2006 par Perrine et Charles Hervé-Gruyer, la ferme est devenue une référence internationale en matière d’agriculture durable et respectueuse de l’environnement.

Le documentaire « Demain » de Cyril Dion et Mélanie Laurent (plus d’un million d’entrées en France et César du meilleur documentaire en 2016) qui présente la Ferme du Bec Hellouin a sûrement participé à cette notoriété.

C’est en allant voir ce film au cinéma en 2016 en famille que nous l’avons découverte. Depuis, je partage autant que possible ce modèle qui nous correspond bien. En effet, hormis les aspects économiques, l’approche globale, holistique intègre les intervenants d’un lieu afin qu’ils coopèrent au mieux et que leur bien-être soit préservé. Actuellement, je lis les 3 tomes de « VIVRE AVEC LA TERRE » qui ont nécessité 6 ans de travail. On le comprend mieux en les lisant, une véritable bible ! 🙂

Mes livres de chevets 🙂

Surface :

La Ferme du Bec Hellouin s’étend sur environ 20 hectares

  • 10 hectares de forêt
  • 6 hectares de prairies
  • 4 hectares sont aménagés et consacrés à la production maraîchère et fruitière. Depuis 2015, 4 500 M2 sont soigneusement cultivés. La tendance est de réduire la surface. Au démarrage, 7 500 M2 étaient cultivées.

Surfaces cultivées :

Les surfaces cultivées à la Ferme du Bec Hellouin sont diversifiées et incluent une variété de légumes, de fruits, d’herbes aromatiques et de plantes médicinales. Les méthodes de culture sont basées sur les principes de la permaculture et de l’agroécologie, en favorisant la biodiversité et la régénération des sols.

De nombreux exemples inspirés de voyages en Amérique du Sud (mandalas) ou Asie-Pacifique par exemple viennent nourrir la réflexion de Perrine et Charles ainsi que la mise en pratique.

En plus des cultures, la ferme abrite également un verger, un jardin-forêt et des espaces consacrés à l’élevage d’animaux tels que des poules, des moutons et des abeilles.

De nombreuses études ont été réalisés sur site avec le concours de l’INRAE notamment sur la rentabilité économique de leurs pratiques. Je dédie un article à cet aspect.

L’Écoculture : un modèle agricole alternatif

L’écoculture est une approche qui intègre les principes de la permaculture et de l’agroécologie pour créer des systèmes agricoles productifs, résilients et respectueux de l’environnement.

Elle met l’accent sur la diversification des cultures, l’intégration des animaux, l’agroforesterie, les techniques de culture sur buttes, sur planches plates, l’autonomie énergétique et l’économie circulaire. Elle vise également à partager les connaissances et à former les agriculteurs aux pratiques durables.

Les 17 principes fondateurs repris dans l’ouvrage « VIVRE AVEC LA TERRE »

1- Imiter les écosystèmes spontanés :

La permaculture propose de prendre la nature comme modèle, en particulier les écosystèmes spécifiques à chaque terroir. Nous allons chercher à renaturer, complexifier nos milieux cultivés, pour qu’ils deviennent des agroécosystèmes fonctionnant, autant que faire se peut, de manière largement autonome et pérenne.

2- Utiliser l’énergie du soleil :

Le monde vivant fonctionne grâce à l’énergie de notre étoile. Vu les dégâts engendrés par les énergies fossiles, nous chercherons comment remplacer des dernières, chaque fois que possible, par la puissance du soleil.

3- Boucler les cycles

Nos agroécosystèmes fonctionneront en boucle, comme dans la nature. Dans l’idéal, nous veillerons à ne rien gaspiller, à n’engendrer aucun déchet. Tout est ressource !

4- Tirer profit des services écosystémiques

L’application des principes précédents donnera des jardins et des fermes complexes, à l’instar des milieux naturels. La complexité de nos agroécosystèmes, la richesse des relations et des échanges entre leurs composants auront pour effet que de nombreuses fonctions s’opéreront spontanément, naturellement et gratuitement.

Ces fonctions nous rendront des services qui permettront de diminuer la fréquence et l’intensité de nos interventions : création de fertilité, contrôle des ravageurs et des maladies, semis spontanées…Nous apprendrons à tirer profit des services rendus par la nature.

5- Donner aux arbres une place essentielle

6- Créer une synergie entre les arbres, les végétaux cultivés et les animaux

7- Préférer les plantes vivaces aux plantes annuelles

Dans la nature, les plantes annuelles sont une exception : les plantes vivaces ou perennes, représentent plus de 99% des végétaux sauvages. Nous chercherons donc comment progressivement redonner davantage place aux cultures pérennes dans nos jardins.

8 – Favoriser la biodiversité

En créant différents milieux au sein du jardin et en y intégrant un point d’eau, des arbres…, nous favoriserons la diversité des espèces végétales et animales. Sauvage ou cultivée, la biodiversité remplit de nombreuses fonctions et procure un meilleur état sanitaire au jardin. Sans parler des joies qu’elle procure !

9- Eviter le travail du sol

10 – Créer du sol

11- S’appuyer sur l’infiniment petit

12 – Associer les végétaux

Les monocultures n’existent pas dans la nature ! Associer les végétaux cultivés favorise la santé et la productivité de nos jardins

13- Etager les cultures

Les plantes sauvages poussent rarement sur un seul plan : elles s’étagent, de manière à capter la quintessence de la lumière du soleil. Nous utiliserons de même la verticalité dans nos jardins

14- Valoriser les plantes sauvages

Pourquoi ne pas tirer parti des plantes sauvages, qui croissent spontanément, pleinement adaptées au lieu, sans demander ni travail ni intrants ? Elles sont, le plus souvent, d’une grande valeur nutritionnelle et bénéfiques pour notre santé.

15- Utiliser les ressources biologiques

Chaque fois possible, nous choisirons d’utiliser des ressources biologiques simples et locales, plutôt que des solutions technologiques sophistiquées et énergivores, qui engendrent des dépendances. La meilleure technologie alternative est une alternative aux technologies ! Nos bâtiments, nos outils, nos clôtures seront de préférence réalisés avec des matériaux locaux et naturels.

16- Miser sur le moyen et le long terme

Contrairement à l’agriculture industrielle, productive à court terme mais s’appauvrissant dans la durée, nos agroécosystèmes mettront du temps à se déployer. Mais plus ils gagneront en maturité, plus ils seront autonomes, autofertiles, productifs et résilients.

17- Cultiver notre jardin intérieur

Le respect des êtres humains va de pair avec le respect de la Terre. À l’instar des peuples premiers, nous percevrons l’unité et la communions de destin de tous les êtres vivants. En d’autres termes, nous cesserons de séparer l’humanité de la nature.

En jardinant nos paysages intérieurs, nous embellirons le monde autour de nous. Il n’y a pas d’écologie véritable sans écologie intérieure.

Et en bonus, une présentation de « Vivre avec la Terre » par Perrine & Charles Hervé-Gruyer

Vous l’avez compris, mon idée est d’appliquer les principes de l’écoculture à notre projet sur l’ïle de Beauté en l’adaptant à la surface de notre terrain. Heureux de lire le 17 ème principe qui fait partie intégrante de notre philosophie et mode de vie.

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