L’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE) a réalisé une étude sur la Ferme du Bec Hellouin entre décembre 2011 et mars 2015.
L’étude portait sur la performance économique, agronomique et énergétique de la ferme.
La publication des premières données a eu l’effet d’une bombe dans le monde agricole et au-delà. Elle confirmait ce que John Jeavons https://fr.wikipedia.org/wiki/Micro-agriculture_biointensive disait déjà dans les années 70 : « Un jardinier maraicher expérimenté peut produire autant à la main qu’un maraicher avec un tracteur sur une surface 10 fois moins grande ! »
Ci-dessous, après une courte vidéo et une synthèse sommaire, vous trouverez le rapport final datant de fin 2015.
1- Revenu :
La Ferme du Bec Hellouin a démontré qu’il est possible de générer un revenu équivalent au salaire minimum français (le SMIC) avec seulement 1 000 m² de surface cultivée en maraîchage intensif, grâce à une productivité élevée et à une diversité de cultures.
Evidemment, ces 1000 M2 font partie d’un tout écologique. Il n’est pas envisageable de vouloir réaliser de tel résultat sur une exploitation de seulement 1 000 M2.
2- Productivité :
L’étude a révélé que la productivité de la ferme est élevée par rapport aux exploitations agricoles conventionnelles de taille similaire. Cela est dû en grande partie à l’optimisation de l’espace et à l’utilisation de techniques de culture bio-intensives.
Par exemple, l’absence de mécanisation qui tout comme dans la vigne impose une certaine organisation (par exemple, l’espace entre les rangs pour le passage du tracteur) permet de maximiser des espaces de plantation.
3- Vente directe et circuits courts :
La Ferme du Bec Hellouin vend la majorité de ses produits en circuits courts, notamment via des paniers hebdomadaires et des marchés locaux. Cela permet de maximiser la valeur ajoutée des produits et de soutenir l’économie locale.
L’étude s’est basée sur ce type de commercialisation.
4- Diversification des revenus :
La ferme tire également des revenus de la formation, des stages et des ateliers qu’elle propose. Ces activités contribuent à diversifier les sources de revenus et à diffuser les connaissances sur l’écoculture.
Dans différentes vidéos et ouvrages, Perrine & Charles Hervé-Gruyer reconnaissent avoir été quelque peu « dépassés » par le succès rencontré par leur ferme aussi rapidement (au début des années 2000, ils étaient peut-être les premiers sur ce « créneau »). Que ce soit en terme de visites sur place, que de demandes de formation ou leur participation à des programmes de recherche.
Je confirme que les fois où nous avons cherché à nous inscrire à une formation, c’était complet 🙂 ! Puis les formations ont été stoppées avant de reprendre en 2022. Depuis la Corse, c’est un peu moins pratique mais on va trouver un moyen de se former. On est en contact avec un consultant qui intervient en sur l’île de Beauté et qui en partenariat avec des maraîchers sur place.
En revanche, on constate assez rapidement que les revenus issus exclusivement de la vente de paniers ou des marchés locaux restent limités et l’apport d’autres types de revenus est le bienvenu !
Tout comme la monoculture, je suis convaincu qu’une source unique de revenus est dangereuse surtout lorsque son métier dépend des aléas de la nature. Dans notre projet qui est finalement un nouveau projet de vie, nous réfléchissons aux différentes sources de revenus afin de nous assurer des flux financiers réguliers.
Lorsque nous aurons avancé sur le sujet et que j’aurai des éléments concrets à présenter, je ferai un article spécifique sur le sujet.
Dans le cadre de ma reconversion en jardinier-vigneron, j’ai lu de nombreux articles sur le sujet de la viabilité économique que ce soit des micro-vignobles ou des micro-fermes. En France, on sent qu’on touche à des sujets sensibles dès lors qu’on parle d’argent.
Tout comme trouver des données financières exploitables pour un projet de vignoble n’est pas aisé, l’exemple des réactions autour du modèle de la ferme du Bec Hellouin ou aussi de la ferme de la Bourdaisière de l’association « Fermes d’avenir » https://fermesdavenir.org/viabilite en atteste.
On peut comprendre entre les lignes que des nouvelles formes d’exploitation qui peuvent être rentables notamment sur petites surfaces ont pu surprendre voir agacés mais le modèle actuel d’agriculture conventionnelle fonctionnerait-il sans les aides de la PAC par exemple ?
Thèse sur la viabilité des microfermes
Le 15 décembre 2016, Kevin Morel soutient sa thèse de doctorat de l’Université de Paris-Saclay préparée à AgroParisTech, spécialité Sciences agronomiques sur la viabilité économique des microfermes. Sa thèse s’appuie sur l’étude 20 microfermes situées au dessus de la Loire.
En préambule, Kevin Morel précise que les microfermes étudiées hormis de s’être inspirées de plusieurs « courants » (permaculture, maraichage bio intensif, maraîchage sur sol vivant) présentent la spécificité de s’être construites autour d’un projet de vie global autour de :
- l’autonomie
- la qualité de vie et de travail
- le sens et l’engagement
- une charge de travail « acceptable »
- Un revenu décent
Notre projet de jardin nourricier en Corse pour tendre vers l’autonomie voire l’autosuffisance s’inscrit aussi dans un changement de vie. L’urgence de ralentir. Nous voulons être plus tournés vers les rythmes de la nature que les rythmes effrénés que nous avons connus pendant notre vies professionnelles plus « classiques ».
A ce propos, Il serait intéressant de mieux connaitre les profils des personnes qui portent ces projets et réalisations au sein de ces 20 microfermes.
Vous trouverez ci-dessous les principaux résultats de la thèse :
L’étude menée par l’INRAE et la thèse de Kevin Morel montrent que les micro-fermes type Ferme du Bec Hellouin (si on prend la surface cultivée) sont économiquement viables et peuvent servir de modèle pour d’autres exploitations agricoles souhaitant adopter des pratiques durables et respectueuses de l’environnement.
Les résultats démontrent que l’écoculture (le modèle de la ferme du Bec Hellouin entre la permaculture et l’agroécologie) peut offrir des alternatives économiquement intéressantes à l’agriculture conventionnelle tout en préservant les ressources naturelles et la biodiversité.