Jean-Martin Fortier et son best-seller « Le jardinier-maraîcher » ainsi que la Ferme du Bec Hellouin https://www.fermedubec.com/ l’ont démontré. Il est possible de produire des fruits et légumes bio de manière intensive, rentable pour une activité professionnelle sur une petite surface. Le tout à la main avec la vente de paniers en circuit court.
Les exemples sont désormais nombreux. Vous en retrouverez quelques-uns ici https://etre-libre.com/micro-fermes-bio-intensives-cas-concret/
Qu’en est-il pour le vin ? Dans une période de crise qui rime avec arrachage, sècheresse et manque d’eau, maladies, baisse de la consommation du vin… Le modèle de conduite d’un vignoble ne doit-il pas évoluer également ?
Dans le cadre de ma reconversion, le « statut de néo-vigneron » et un parcours d’ancien chef d’entreprise dans la conception et la réalisation de A à Z de projets immobiliers, m’ont amené à me poser de nombreuses questions. Notamment sur la rentabilité d’une exploitation viticole.
J’avoue que j’ai rencontré beaucoup de difficultés à obtenir des réponses…à part « ça dépend » 🙂
Dans le cadre de mes stages pour le Bac pro vitivinicole, j’ai trouvé des données d’EBE moyen en Languedoc-Roussillon. Mais comme toute moyenne… 🙂
J’ai épluché des bilans mais les domaines peuvent être tellement différents. Entre l’exploitation familiale qui vend son raisin à la coopérative, une autre qui réalise l’ensemble du processus dont la vinification dans une démarche plutôt éco-responsable avec des clients cavistes et restaurateurs. Et encore une autre avec plusieurs salariés qui vend ses cuvées en grande distribution. Sans parler des vignerons qui ont une activité également de négoce.
Le grand écart…
Comment créer un micro-vignoble bio rentable ?
Quel est le prix de revient d’une bouteille de vin bio ?
Evidemment que cela dépend 🙂
Du prix du foncier, des bâtiments existants ou non, du matériel, de l’amortissement, du rendement actuel du vignoble, du personnel, des circuits de distribution etc…Tout comme beaucoup d’autres secteurs d’ activités complexes, cela reste paramétrable. Cela permet d’estimer le prix de revient d’un bouteille en conventionnel, en bio, en nature etc…avant de se lancer dans la recherche de terres agricoles ou la reprise d’un domaine.
Par conséquent, on peut en déduire le prix de vente minimum d’une bouteille pour que le vigneron puisse vivre dignement de son métier…et s’il y a bien un marché à ce prix là.
D’autant qu’en tant que consommateur par exemple devant un rayon de supermarché avec des milliers de références, comment expliquer de telles différences de prix entre des vins à quelques euros la bouteille, d’autres à plus d’une dizaine d’euros ?
L’article ci-dessous du Figaro résume bien la complexité du calcul du coût de revient d’un bon vin qui va de 3 à plus de 10 euros selon la configuration du vignoble, le travail à la main etc…
https://avis-vin.lefigaro.fr/economie-du-vin/o156036-quel-est-le-prix-d-un-bon-vin
Comment créer un micro-vignoble bio rentable ?
Définition d’un micro-vignoble
Un micro-vignoble se réfère à une petite exploitation viticole, généralement étendue sur moins de 5 hectares. Cette définition met l’accent sur la taille réduite de l’exploitation, qui distingue les micro-vignobles des vignobles traditionnels plus vastes.
Dans le cadre d’un micro-vignoble, l’accent est souvent mis sur une gestion plus « personnalisée ». Cette approche peut favoriser des pratiques agricoles plus durables et une qualité de produit supérieure, car le vigneron peut appliquer des méthodes spécifiques adaptées aux besoins précis de son vignoble.
Les micro-vignobles sont particulièrement populaires parmi les vignerons indépendants, les passionnés de vin, et ceux qui cherchent à expérimenter avec des cépages spécifiques ou des méthodes de culture innovantes, comme l’agriculture biologique ou biodynamique.
Grâce à leur taille, ces vignobles peuvent se concentrer sur des niches de marché, offrant des vins uniques et de haute qualité qui se distinguent dans le monde viticole.
La gestion d’un micro-vignoble bio, en particulier, implique une approche respectueuse de l’environnement et de la santé des consommateurs, en évitant l’utilisation de produits chimiques synthétiques pour le traitement des vignes et la fertilisation des sols.
Cette approche peut non seulement contribuer à la biodiversité et à la préservation des écosystèmes locaux, mais aussi répondre à une demande croissante de produits biologiques sur le marché du vin.
Les avantages de l’agriculture bio, notamment en termes de durabilité et de qualité du produit.
L’agriculture biologique présente plusieurs avantages significatifs, tant pour l’environnement que pour la qualité des produits, ce qui en fait un choix de plus en plus privilégié par les agriculteurs et les consommateurs. Voici quelques-uns des principaux avantages de ce mode de culture, en particulier dans le contexte viticole.
Avantages environnementaux
- Réduction des polluants chimiques : L’agriculture bio élimine l’utilisation de pesticides, herbicides, et fertilisants chimiques synthétiques, réduisant ainsi la pollution des sols, de l’eau et de l’air. Cela favorise une eau plus propre dans les communautés environnantes et préserve la qualité des terres agricoles.
- Préservation de la biodiversité : Les pratiques biologiques encouragent une plus grande diversité d’espèces végétales et animales en créant des habitats variés. Cela contribue à maintenir des écosystèmes équilibrés et résilients, essentiels pour une agriculture durable.
- Amélioration de la santé des sols : L’agriculture bio met l’accent sur les rotations de cultures, le compostage, et l’utilisation d’engrais verts, ce qui augmente la matière organique dans le sol, améliore sa structure et favorise une vie microbienne saine. Des sols sains se traduisent par des plantes plus vigoureuses et plus résistantes aux maladies.
- Par contre, selon Konrad Schreiber de Ver de Terre Production, le travail du sol en bio (labours) n’est pas forcément recommandé et « préfère » l’utilisation éventuellement d’un désherbant chimique sur un sol vivant.
- C’est pourquoi, l’équipe de Ver de Terre Production préconise plutôt la conduite d’un vignoble en agroécologie plutôt qu’en bio. En agroécologie, on privilégie la couverture du sol (engrais vert) et le non labours.
Avantages pour la qualité du produit
- Qualité et saveur améliorées : Beaucoup soutiennent que les produits biologiques ont un meilleur goût et une meilleure qualité globale. Dans le cas du vin, cela peut se traduire par des saveurs plus complexes et une expression plus authentique du terroir, étant donné que les pratiques biologiques accentuent la santé du vignoble et la qualité du raisin. De mon côté, je dirais que ce sont les vins dits natures ou naturels et en biodynamie qui reflètent vraiment le goût du terroir et du fruit dont il est issu. En tous cas, c’est ce que j’ai ressenti…après des années d’expériences de dégustation
- Moins de résidus chimiques : Les produits biologiques contiennent moins de résidus de pesticides et d’autres produits chimiques, offrant ainsi une option plus saine pour les consommateurs. Je vous renvoie à un article qui précise les quantités de sulfites autorisées selon si le vin est conventionnel, bio, nature.https://etre-libre.com/comment-choisir-un-vin-bon-pour-la-sante/
Avantages économiques et sociaux
- Réponse à la demande du marché : Avec une prise de conscience croissante des enjeux environnementaux et de santé, la demande pour les produits biologiques est en hausse. Les producteurs biologiques peuvent souvent obtenir des prix plus élevés pour leurs produits, reflétant leur qualité supérieure et les coûts de production plus durables.
- Résilience économique : Les exploitations biologiques peuvent être plus résilientes face aux défis environnementaux, comme les changements climatiques. Les pratiques qui améliorent la santé du sol et la biodiversité peuvent aider à protéger contre les ravageurs et les maladies, réduisant la dépendance à l’égard des intrants coûteux.
- Avantages pour la santé des travailleurs : En évitant l’utilisation de produits chimiques dangereux, l’agriculture biologique contribue également à une meilleure santé et sécurité pour les agriculteurs et les travailleurs agricoles.
En résumé, l’agriculture biologique offre une approche holistique qui bénéficie à l’environnement, améliore la qualité et la sécurité des produits alimentaires, et peut offrir des avantages économiques aux producteurs. Dans le secteur viticole, ces avantages se traduisent par des vins de haute qualité qui reflètent leur terroir et répondent aux préférences des consommateurs.
Planification et conception d’un micro-vignoble bio rentable
Recherche et choix du site
Le climat, l’exposition au soleil, la pente du terrain, et le type de sol sont cruciaux pour la vigne. La biodiversité locale peut favoriser un écosystème sain.
La recherche et le choix du site sont des étapes fondamentales dans la création d’un micro-vignoble bio, car le succès de la culture de la vigne dépend largement de l’adéquation entre les caractéristiques du site et les besoins spécifiques de la plante. Cela explique en grande partie notre choix de nous installer en Haute-Corse et le micro-climat si particulier du Nebbiu.
Voici comment ces facteurs influencent la santé et la productivité du vignoble.
Climat
- Température : La vigne a besoin d’un climat qui offre suffisamment de chaleur durant la saison de croissance pour mûrir les raisins, mais qui peut aussi inclure des périodes de froid hivernal pour que la plante entre en dormance.
- Précipitations : Trop de pluie peut favoriser les maladies fongiques, tandis qu’une sécheresse prolongée nécessitera un système d’irrigation efficace. Un équilibre est donc essentiel.
- Vent : Une légère brise peut aider à réduire le risque de maladies en maintenant le feuillage et les grappes au sec, mais des vents forts peuvent endommager les vignes ou accroître l’évapotranspiration. Le vent dans le Nebbiu serait une des explications quant à la faible présence des maladies à la vigne comparée à d’autres régions de Corse ou sur le continent.
Exposition au soleil
- La vigne nécessite un ensoleillement suffisant pour la photosynthèse, essentielle à la production de sucres et au mûrissement des raisins. Une orientation sud ou sud-ouest (dans l’hémisphère nord) est souvent idéale pour maximiser l’exposition au soleil. Dans des régions comme le Languedoc-Roussillon ou la Corse, les orientations évoluent pour éviter de « brûler » la vigne lors des fortes chaleurs estivales.
Pente du terrain
- Une pente légère est avantageuse pour le drainage de l’eau, réduisant ainsi le risque de maladies et favorisant un enracinement profond. Les pentes orientées vers le soleil captent également plus de lumière et de chaleur, ce qui peut être bénéfique dans les régions plus fraîches.
Type de sol
- Drainage : Un bon drainage est crucial pour éviter l’engorgement des racines. Les sols graveleux, sablonneux ou calcaires ont souvent un bon drainage naturel.
- Fertilité : Un sol trop fertile peut encourager la croissance vigoureuse du feuillage au détriment de la fructification. Un équilibre est nécessaire pour soutenir une croissance saine sans excès.
- Profondeur et structure : Les sols profonds permettent un enracinement étendu, ce qui peut aider les vignes à accéder à l’eau et aux nutriments pendant les périodes sèches.
Biodiversité
- Un site riche en biodiversité peut soutenir un écosystème vignoble plus résilient. La présence de haies, d’arbres, et d’autres cultures peut abriter une variété d’insectes et d’animaux utiles qui contribuent au contrôle naturel des nuisibles et à la pollinisation.
En Haute-Corse, dans l’appellation Patrimonio, nous avons la chance d’avoir des reliefs, des bosquets, des haies qui favorisent la biodiversité. Je m’interroge sur le remembrement en Corse. Dans les années 60, des centaines de millions d’arbres ont été coupés sur le Continent. Je ne sais pas si cela a été le cas sur l’île de Beauté…
Lors du choix d’un site pour un micro-vignoble bio, une évaluation minutieuse de ces facteurs, souvent réalisée en collaboration avec des experts en viticulture et en agroécologie, peut aider à assurer la viabilité et la durabilité à long terme du projet.
Sélection des cépages dans un micro-vignoble bio
Choisissez des variétés résistantes aux maladies et adaptées au climat local. Pensez à la demande du marché pour ces cépages.
La sélection des cépages est une étape critique dans l’établissement d’un micro-vignoble bio rentable. Opter pour des variétés résistantes aux maladies et bien adaptées au climat local peut non seulement réduire les besoins en interventions agronomiques mais aussi garantir une meilleure qualité de la récolte. Nous avons la chance d’avoir le Centre de Recherche Viticole (CRVI) en Corse qui fait un excellent travail sur les cépages locaux face au changement climatique https://www.crvi.corsica/
Voici quelques considérations clés pour cette sélection :
Adaptation au climat local
- Résilience climatique : Choisir des cépages capables de résister aux conditions climatiques extrêmes, comme les gelées tardives, les hautes températures, la sécheresse, ou l’humidité excessive, est fondamental. Cela est particulièrement important dans le contexte du changement climatique, qui peut accentuer ces défis.
- Période de maturation : Il est crucial de sélectionner des variétés dont la période de maturation correspond bien à la saison de croissance de la région. Cela assure que les raisins atteignent leur pleine maturité aromatique et phénolique avant la récolte.
Résistance aux maladies
- Variétés résistantes : Certaines variétés de vigne ont été spécifiquement développées ou sélectionnées pour leur résistance à des maladies courantes comme l’oïdium, le mildiou, et la pourriture grise. Ces cépages peuvent considérablement réduire la dépendance aux traitements fongicides, même en agriculture biologique.
- Pratiques culturales : En plus de choisir des variétés résistantes, l’adoption de pratiques culturales favorisant la santé des vignes (comme la gestion optimisée du feuillage pour améliorer la circulation de l’air) est essentielle pour minimiser les risques de maladie.
Demande du marché
- Préférences des consommateurs : La connaissance des tendances du marché et des préférences des consommateurs est cruciale. Les cépages traditionnels de haute qualité restent populaires, mais il y a aussi un intérêt croissant pour des variétés autochtones ou moins connues, offrant de nouvelles expériences gustatives. C’est le cas en Corse avec les incontournables Nielluccio, Schiacarellu, Vermentinu, Muscat etc…mais d’autres cépages endémiques reviennent comme le Genovese, Bianco Gentile, Morescone.
- Niches de marché : Les micro-vignobles peuvent souvent se démarquer sur le marché en se concentrant sur des niches spécifiques, comme les vins biologiques, les cépages autochtones ou oubliés, ou encore les vins d’auteur, qui reflètent le terroir unique et la philosophie du vigneron.
Viabilité économique
- Rendements : Bien que la qualité prime souvent sur la quantité, il est important de choisir des cépages offrant des rendements stables et suffisants pour garantir la viabilité économique de l’exploitation.
- Coûts de production : Les cépages nécessitant moins d’interventions agronomiques (taille, traitements, etc.) peuvent aider à réduire les coûts de production, un aspect crucial pour la rentabilité.
En résumé, la sélection des cépages pour un micro-vignoble bio doit être une décision équilibrée qui prend en compte l’adaptation au climat local, la résistance aux maladies, la demande du marché, et la viabilité économique. Une approche bien réfléchie à cette étape peut grandement contribuer au succès et à la durabilité à long terme du vignoble.
Conception d’un micro-vignoble bio
Prévoyez un espacement optimal entre les rangs pour la circulation de l’air et l’exposition au soleil, essentiels dans l’agriculture bio pour réduire les maladies.
La conception d’un vignoble bio nécessite une attention particulière à plusieurs aspects clés pour assurer la santé des vignes et la qualité du raisin. L’espacement entre les rangs et au sein des rangs, l’orientation des rangs, ainsi que la planification de l’infrastructure de gestion de l’eau et du sol sont des éléments cruciaux. Voici comment optimiser ces facteurs dans la conception d’un vignoble bio :
Espacement et disposition des rangs
- Circulation de l’air : Un espacement adéquat entre les rangs permet une meilleure circulation de l’air, ce qui est vital pour sécher rapidement le feuillage et les grappes après la pluie, réduisant ainsi le risque de maladies fongiques. L’espacement doit être ajusté en fonction du climat local, des variétés plantées, et de la topographie du terrain.
- Exposition au soleil : L’orientation des rangs doit maximiser l’exposition au soleil. Dans l’hémisphère nord, une orientation nord-sud est souvent préférée pour exposer uniformément les deux côtés des vignes au soleil, favorisant un mûrissement équilibré des raisins.
- Densité de plantation : Une densité plus faible peut faciliter la circulation de l’air et réduire la pression des maladies, mais une densité plus élevée peut être préférable dans certains terroirs pour encourager la compétition entre les vignes, limitant ainsi leur vigueur et concentrant les arômes dans les raisins. La décision doit être basée sur une évaluation minutieuse des conditions locales et des objectifs de qualité. Vous retrouverez un article à propos des plantations en haute densité https://etre-libre.com/pourquoi-planter-un-vignoble-en-haute-densite/
Gestion de l’eau
- Drainage : Assurez-vous que le site a un bon drainage naturel ou envisagez des améliorations de drainage là où c’est nécessaire. Cela est crucial pour éviter l’engorgement des racines, qui peut stresser les vignes et les rendre plus susceptibles aux maladies.
- Irrigation : Dans les régions où l’irrigation est nécessaire, optez pour des systèmes d’irrigation goutte-à-goutte qui permettent un contrôle précis de l’apport en eau, minimisant l’utilisation de l’eau et réduisant l’humidité autour des feuilles et des grappes.
Gestion du sol
- Couverture végétale : L’implantation d’une couverture végétale entre les rangs peut contribuer à la santé du sol, en améliorant sa structure, en augmentant la biodiversité, en contrôlant l’érosion et en régulant l’humidité. Choisissez des espèces de couverture adaptées au climat local et aux objectifs spécifiques du vignoble, comme la fixation de l’azote ou la compétition modérée avec les vignes pour l’eau.
Infrastructure de soutien
- Accès : Planifiez des voies d’accès qui permettent un entretien facile des vignes et la récolte, tout en minimisant la perturbation du sol et la compaction.
- Systèmes de support : Le choix du système de palissage doit tenir compte de la facilité de gestion des vignes, y compris la taille, le dépistage des maladies, et les pratiques de récolte, tout en optimisant l’exposition des feuilles et des grappes au soleil et à l’air.
En résumant, une conception réfléchie du vignoble, qui prend en compte l’espacement optimal, l’orientation, et la gestion intégrée de l’eau et du sol, est fondamentale pour la réussite d’un micro-vignoble bio. Ces pratiques contribuent non seulement à la santé des vignes et à la qualité des raisins mais aussi à la durabilité et à la rentabilité à long terme de l’exploitation viticole.
Pratiques culturales dans un micro-vignoble bio
Gestion du sol
Privilégiez les méthodes qui préservent la structure et la fertilité du sol (compostage, engrais verts, travail minimal du sol).
La gestion du sol dans un micro-vignoble bio est fondamentale pour la santé et la productivité de la vigne, ainsi que pour la durabilité environnementale de l’exploitation. Une gestion efficace du sol vise à préserver sa structure, augmenter sa fertilité et favoriser une biodiversité souterraine riche. Voici quelques pratiques recommandées :
Compostage
Apport de matière organique : Le compost est riche en matière organique, ce qui améliore la structure du sol, sa capacité de rétention d’eau et son aération. L’ajout régulier de compost aide également à fournir une alimentation équilibrée en nutriments pour les vignes.
Stimulation de l’activité biologique : Le compost introduit des micro-organismes bénéfiques dans le sol, qui contribuent à la décomposition de la matière organique, à la transformation des nutriments et à la suppression des agents pathogènes.
Engrais verts
Amélioration de la structure du sol : Les cultures d’engrais verts, telles que les légumineuses, les graminées ou leurs mélanges, sont semées entre les rangs de vigne ou pendant les périodes de jachère pour couvrir le sol. Leur croissance aide à prévenir l’érosion, améliore la porosité et la structure du sol, et augmente sa teneur en matière organique lorsqu’elles sont enfouies.
Fixation de l’azote : Certaines légumineuses ont la capacité de fixer l’azote atmosphérique, enrichissant le sol de cet élément crucial pour la croissance des plantes, réduisant ainsi le besoin d’apports extérieurs en fertilisants azotés.
Travail minimal du sol
Conservation de la structure du sol : Le travail minimal du sol, ou non-travail, vise à perturber le moins possible la structure du sol, préservant ainsi l’habitat des organismes du sol, réduisant l’érosion et maintenant la porosité et l’infiltration de l’eau.
Réduction de l’évaporation de l’eau : En perturbant moins le sol, on réduit l’évaporation de l’eau, conservant ainsi l’humidité nécessaire aux vignes, surtout dans les régions arides ou pendant les périodes de sécheresse.
Couverture du sol
Contrôle de la température du sol : Le paillage ou la couverture végétale vivante peut aider à réguler la température du sol, le protégeant des extrêmes de chaleur et de froid.
Contrôle des adventices et de l’érosion : Une couverture du sol efficace peut également réduire la croissance des mauvaises herbes et protéger contre l’érosion, tout en fournissant un habitat pour la biodiversité bénéfique.
Rotation des cultures
Bien que moins courante dans les vignobles que dans d’autres types d’agriculture, la rotation des cultures, y compris les cultures intercalaires et les engrais verts, peut contribuer à briser les cycles des maladies et des nuisibles et à améliorer la santé générale du sol.
En adoptant ces pratiques de gestion du sol, les viticulteurs bio peuvent non seulement améliorer la santé et la productivité de leurs vignes, mais aussi contribuer à la santé globale de l’écosystème de leur exploitation, assurant ainsi une production durable et de haute qualité sur le long terme.
Contrôle des nuisibles et des maladies dans un micro-vignoble bio
Utilisez des méthodes biologiques et des préparations naturelles. L’introduction de prédateurs naturels et la diversification des cultures peuvent réduire les risques.
Le contrôle biologique des nuisibles et des maladies dans un micro-vignoble bio repose sur l’utilisation de méthodes et de préparations naturelles, favorisant un écosystème équilibré et résilient. Cette approche minimise l’utilisation de produits chimiques synthétiques, en accord avec les principes de l’agriculture biologique, tout en maintenant la santé des vignes et la qualité des raisins. Voici quelques stratégies efficaces :
Prédateurs naturels et lutte biologique
- Introduction et soutien des prédateurs naturels : Favoriser la biodiversité au sein et autour du vignoble permet d’attirer et de soutenir des prédateurs naturels tels que les oiseaux, les chauves-souris, les coccinelles, les araignées, et les insectes parasitoïdes, qui peuvent réguler les populations de nuisibles.
- Utilisation d’insectes auxiliaires : L’introduction ciblée d’espèces bénéfiques spécifiques, comme les acariens prédateurs pour lutter contre les acariens nuisibles, peut être une stratégie efficace pour le contrôle biologique.
Préparations naturelles
- Purins de plantes : Les extraits fermentés de certaines plantes, comme l’ortie, la prêle, et le consoude, sont utilisés pour leurs propriétés fongicides, insecticides, ou comme stimulants de croissance pour les plantes.
- Huiles essentielles : Certaines huiles essentielles ont des propriétés répulsives ou insecticides et peuvent être appliquées à faible dose pour contrôler les nuisibles sans nuire aux prédateurs bénéfiques.
Diversification des cultures
- Cultures intercalaires et couvertures végétales : La plantation d’autres espèces entre les rangs de vignes peut réduire la propagation des maladies et des nuisibles en augmentant la diversité biologique. Certaines plantes peuvent également attirer des insectes bénéfiques ou agir comme des plantes pièges.
- Rotation des cultures : Bien que moins applicable directement dans les vignobles perpétuels, la rotation des cultures dans les zones adjacentes peut aider à prévenir l’accumulation de nuisibles et de maladies spécifiques au sol.
Gestion intégrée des nuisibles (IPM)
- Surveillance et seuils d’intervention : Un suivi régulier des populations de nuisibles et des symptômes de maladie permet d’intervenir de manière ciblée et proportionnée, souvent en utilisant le moins d’interventions possibles pour minimiser l’impact sur les écosystèmes.
- Combinaison de méthodes : L’IPM implique l’utilisation combinée de pratiques culturelles, biologiques, mécaniques, et, lorsque nécessaire et permis en bio, de produits phytosanitaires naturels ou à faible risque, pour gérer les nuisibles et les maladies de manière efficace et durable.
Ces stratégies, fondées sur une compréhension approfondie de l’écologie du vignoble et des interactions entre les espèces, permettent de créer un environnement moins propice aux épidémies de nuisibles et de maladies. Elles contribuent à la santé globale du vignoble et à la production de raisins de haute qualité, tout en préservant l’environnement et la biodiversité.
Irrigation dans un micro-vignoble bio
Optez pour des systèmes d’irrigation économes en eau pour maintenir la vigne en bonne santé sans gaspiller de ressources.
L’irrigation dans un micro-vignoble bio doit être gérée de manière à optimiser l’utilisation de l’eau, en veillant à maintenir les vignes en bonne santé tout en minimisant le gaspillage de cette ressource précieuse. Par exemple, dans le cahier des charges de l’AOP Patrimonio, l’irrigation est interdite.
L’adoption de systèmes d’irrigation économes en eau et la mise en œuvre de pratiques de gestion rationnelle sont essentielles pour atteindre cet équilibre. Voici quelques stratégies recommandées :
Systèmes d’irrigation efficaces
- Irrigation goutte-à-goutte : Ce système apporte l’eau directement au niveau des racines des plantes, réduisant ainsi les pertes par évaporation et le ruissellement. L’irrigation goutte-à-goutte permet également un apport précis et contrôlé de l’eau, ce qui est idéal pour maintenir un niveau d’humidité optimal sans saturer le sol.
- Irrigation par micro-aspersion : Un peu moins efficace que le goutte-à-goutte en termes de conservation de l’eau, mais toujours plus efficient que les systèmes d’irrigation traditionnels, la micro-aspersion peut être une alternative adaptée pour certaines configurations de vignoble, en particulier là où une couverture plus large est nécessaire.
Gestion rationnelle de l’eau
- Mesure de l’humidité du sol : L’utilisation de tensiomètres ou d’autres capteurs d’humidité du sol permet de surveiller précisément les niveaux d’humidité et d’irriguer uniquement lorsque c’est nécessaire, évitant ainsi le sur-arrosage et la consommation inutile d’eau.
- Planification basée sur la météo : L’intégration des prévisions météorologiques dans la planification de l’irrigation peut aider à éviter l’irrigation juste avant les pluies prévues, ce qui peut également contribuer à économiser de l’eau.
- Amélioration de la rétention d’eau du sol : L’ajout de matière organique au sol à travers le compostage peut augmenter sa capacité de rétention d’eau, réduisant le besoin d’irrigation fréquente. La couverture du sol, soit par des paillis organiques soit par des cultures de couverture, peut également limiter l’évaporation de l’eau du sol.
Adaptation aux conditions locales
- Choix des variétés résistantes à la sécheresse : La sélection de cépages capables de tolérer des conditions de faible humidité peut réduire significativement le besoin en irrigation.
- Conception du vignoble : La conception et l’orientation des rangs de vigne peuvent être optimisées pour minimiser l’exposition directe au soleil et les effets du vent, deux facteurs qui peuvent augmenter l’évapotranspiration et donc le besoin en eau.
En combinant des systèmes d’irrigation économes en eau avec une gestion rationnelle et adaptée aux conditions spécifiques du vignoble, il est possible de maintenir la vigne en bonne santé tout en optimisant l’utilisation de l’eau. Cette approche contribue à la durabilité environnementale de l’exploitation et à sa viabilité économique à long terme, en réduisant les coûts associés à l’irrigation et en préservant les ressources en eau
Certification bio
La certification biologique est un processus clé pour les exploitations agricoles qui souhaitent commercialiser leurs produits comme étant biologiques, offrant ainsi une garantie de leurs méthodes de production respectueuses de l’environnement aux consommateurs. Ceci étant, certains vignerons ne souhaitent pas « s’enfermer » dans un label. Par conséquent, même s’ils respectent les critères Bio, ils ne le sont pas officiellement. L’argument serait aussi de pouvoir réutiliser des produits de synthèse lorsque les attaques des maladies (Mildiou et Oidium principalement) sont trop problématiques.
Depuis 2019, l’appellation Patrimonio a interdit l’utilisation des produits de synthèse à la vigne. En bio, afin de lutter contre les maladies, vous ne pouvez utiliser que du cuivre (quantité maximale autorisée par le cahier des charges bio) et du soufre. https://www.vignevin-occitanie.com/fiches-pratiques/la-viticulture-biologique/
Comprendre les exigences des normes locales et internationales est essentiel pour naviguer avec succès dans le processus de certification. Voici un aperçu des étapes et considérations principales pour se familiariser avec ces normes et démarrer le processus de certification.
1. Recherche des Normes et Réglementations
- Normes locales : Les exigences pour l’agriculture biologique peuvent varier considérablement d’un pays à l’autre. Commencez par rechercher les réglementations spécifiques de votre pays ou de votre région. Dans l’Union Européenne, par exemple, le règlement CE n° 834/2007 et ses modifications ultérieures établissent les bases de la production biologique.
- Normes internationales : Des organismes tels que l’USDA (pour les États-Unis), le NOP (National Organic Program), et l’IFOAM (Fédération Internationale des Mouvements d’Agriculture Biologique) offrent des cadres de référence internationaux. Bien que ces normes puissent servir de modèle, la certification doit toujours être effectuée selon les réglementations locales.
2. Compréhension des principes de l’Agriculture Biologique
Les normes biologiques couvrent généralement les aspects suivants :
- Gestion des sols : Promotion de la fertilité du sol à travers des méthodes naturelles.
- Gestion des nuisibles et maladies : Utilisation de pratiques de contrôle biologique et mécanique, avec des restrictions strictes sur l’usage des pesticides et herbicides synthétiques.
- Biodiversité : Maintien et amélioration de la biodiversité dans et autour des exploitations agricoles.
- Bien-être animal : Pour les exploitations agricoles mixtes, des exigences élevées concernant le bien-être des animaux.
3. Documentation et Registres
- Tenue de registres : La documentation détaillée de toutes les pratiques agricoles, des intrants utilisés et des ventes est essentielle. Ces registres sont indispensables pour la certification et les inspections annuelles.
- Plan de gestion biologique : Un document détaillant comment l’exploitation répond aux exigences biologiques, y compris la gestion des sols, des cultures, et des nuisibles.
4. Certification
- Choix d’un organisme certificateur : Sélectionnez un organisme de certification accrédité dans votre région qui est reconnu par les autorités nationales de réglementation biologique.
- Processus d’inspection : Cela comprend généralement une visite sur site par un inspecteur, au cours de laquelle les pratiques agricoles, les registres et la conformité aux normes sont évaluées.
- Certification et suivi : Après une évaluation réussie, un certificat est délivré. Des inspections régulières sont nécessaires pour maintenir la certification.
5. Coûts
- Prenez en compte les coûts de certification, qui peuvent varier selon l’organisme certificateur et la taille de l’exploitation. Certaines régions ou pays offrent des aides financières pour couvrir une partie de ces coûts.
La certification biologique est un engagement à long terme envers des pratiques agricoles durables. Elle nécessite une planification minutieuse, une gestion rigoureuse et une documentation complète. Toutefois, elle peut également ouvrir l’accès à des marchés à valeur ajoutée et répondre à la demande croissante des consommateurs pour des produits biologiques certifiés, contribuant ainsi à la rentabilité à long terme de l’exploitation.
Documentation Bio
Tenez des registres détaillés de toutes vos pratiques agricoles, indispensables pour la certification.
La documentation joue un rôle crucial dans le processus de certification biologique, car elle fournit la preuve que votre micro-vignoble opère selon les normes et les pratiques agricoles biologiques requises. Tenir des registres détaillés et organisés est non seulement indispensable pour obtenir et maintenir la certification biologique, mais cela aide également à surveiller et à améliorer les pratiques de gestion du vignoble. Voici des éléments clés à documenter :
Registres des pratiques culturales
- Détails de plantation : Dates de plantation, variétés de vignes, densité de plantation, et toute autre modification apportée au vignoble.
- Gestion du sol : Techniques utilisées pour maintenir la santé du sol, y compris le compostage, l’utilisation d’engrais verts, et toute méthode de travail du sol.
- Gestion de l’eau : Méthodes d’irrigation utilisées, quantités d’eau appliquées, et stratégies de conservation de l’eau.
- Contrôle des nuisibles et des maladies : Méthodes de lutte biologique, utilisation de préparations naturelles, et toute autre pratique de gestion intégrée des nuisibles.
Utilisation de produits
- Intrants agricoles : Enregistrer tous les intrants utilisés dans le vignoble, y compris les fertilisants, les amendements du sol, et les produits de protection des plantes. Pour chaque produit, documentez le nom, la date d’application, le taux d’application, et la raison de son utilisation.
- Semences et matériel végétal : Origine des semences et des plants, en s’assurant qu’ils sont conformes aux normes biologiques.
Surveillance environnementale et biodiversité
- Pratiques de conservation : Mesures mises en place pour protéger la faune et la flore locales, préserver la biodiversité, et maintenir ou améliorer les éléments écologiques du vignoble.
- Gestion des ressources naturelles : Efforts pour gérer de manière durable les ressources naturelles, y compris la gestion de l’eau et du sol.
Traçabilité et intégrité du produit
- Traçabilité : Capacité à retracer l’origine de tous les produits et intrants, depuis le champ jusqu’à la bouteille. Cela inclut la documentation sur la récolte, le stockage, la transformation, et tout mouvement des raisins et du vin.
- Intégrité du produit : Mesures prises pour éviter la contamination des produits biologiques par des substances non autorisées et pour maintenir la séparation des produits biologiques et non biologiques.
Audits et inspections
- Rapports d’audit : Conserver les rapports d’audit et les inspections précédentes, y compris les constatations, les recommandations, et les actions correctives entreprises en réponse.
La tenue de registres précise et complète est une composante essentielle de la gestion d’un micro-vignoble bio et est indispensable pour naviguer avec succès le processus de certification biologique. Elle sert non seulement à prouver la conformité aux normes biologiques mais aussi à améliorer en continu les pratiques agricoles pour une production plus durable et de haute qualité.
Stratégies de rentabilité pour un micro-vignoble bio
Diversification
Production de Vin Bio
- Vinification sur place : Transformer une partie ou la totalité de votre récolte en vin bio peut significativement augmenter la valeur ajoutée de votre production. La demande pour les vins biologiques est en croissance, attirée par leur qualité et leur impact environnemental réduit. Attention tout de même car il semblerait que l’inflation actuelle aurait des conséquences sur le marché du bio en général avec des consommateurs qui ne peuvent plus se permettre de payer plus pour du bio.
- Variétés de vin : Offrez une gamme variée de vins (rouges, blancs, rosés, pétillants) pour attirer un large éventail de consommateurs. Pensez également aux éditions limitées ou aux cuvées spéciales qui peuvent séduire les amateurs de vin.
Jus de Raisin Bio
- Production de jus de raisin : Le jus de raisin bio est une excellente alternative pour valoriser les raisins qui ne sont pas utilisés pour la vinification. Cela peut également être une option pour atteindre le marché des consommateurs ne consommant pas d’alcool. C’est vrai qu’on voit de plus en plus d’articles sur le vin sans alcool. Tout comme la bière sans alcool qui a trouvé sa clientèle, ce marché va t-il trouvé ses clients ? Je me pose tout de même la question du processus utilisé pour rendre le vin desalcoolisé…
- Diversification des produits : En plus du jus de raisin traditionnel, envisagez la création de jus aromatisés ou mélangés avec d’autres fruits bio pour offrir une gamme de produits uniques.
Raisins de Table Bio
- Commercialisation de raisins de table : Si votre terroir et vos cépages le permettent, la vente de raisins de table bio peut être une source de revenus complémentaire intéressante, surtout si vous pouvez offrir des variétés rares ou haut de gamme.
- Vente directe et circuits courts : La vente directe aux consommateurs via des marchés fermiers, des paniers bio, ou en ligne peut augmenter la marge bénéficiaire sur les raisins de table et les produits dérivés.
Expériences Oenotouristiques
- Visites et dégustations : Proposez des visites guidées de votre micro-vignoble et des séances de dégustation de vos produits. Cela peut non seulement générer des revenus supplémentaires mais aussi renforcer la fidélité de la clientèle.
- Ateliers et événements : Organisez des ateliers sur la viticulture bio, la vinification, ou des événements thématiques autour de la vigne et du vin pour attirer un public plus large.
Stratégies de Marketing et de Vente
- Branding et histoire de marque : Développez une marque forte pour vos produits, en mettant en avant l’histoire de votre micro-vignoble, vos pratiques durables, et la qualité de vos produits bio.
- Vente en ligne : Créez un site web et utilisez les réseaux sociaux pour promouvoir et vendre vos produits directement aux consommateurs, élargissant ainsi votre marché au-delà de la région immédiate.
En diversifiant vos produits et en explorant différents canaux de vente, vous pouvez non seulement augmenter les sources de revenus de votre micro-vignoble bio mais aussi contribuer à la durabilité à long terme de votre exploitation. Cette approche permet de mieux résister aux fluctuations du marché et aux aléas climatiques, tout en répondant à la demande croissante pour des produits agricoles biologiques et locaux.
Réduction des coûts
Optimisez l’utilisation des ressources et réduisez la dépendance aux intrants externes. L’agroécologie et le compostage maison peuvent diminuer les coûts de production.
La réduction des coûts est un aspect crucial pour augmenter la rentabilité d’un micro-vignoble bio. En optimisant l’utilisation des ressources et en réduisant la dépendance aux intrants externes, les vignerons peuvent non seulement minimiser leurs dépenses mais aussi améliorer la durabilité de leur exploitation. Voici quelques stratégies pour y parvenir :
Optimisation de l’utilisation des ressources
- Gestion de l’eau : Adoptez des systèmes d’irrigation économes en eau, tels que l’irrigation goutte-à-goutte, et pratiquez la collecte de l’eau de pluie pour réduire la consommation d’eau et les coûts associés.
- Efficacité énergétique : Utilisez des équipements économes en énergie et envisagez des sources d’énergie renouvelables (panneaux solaires, éoliennes) pour alimenter les opérations du vignoble, réduisant ainsi les factures d’électricité.
Réduction de la dépendance aux intrants externes
- Compostage : Transformez les déchets organiques du vignoble et d’autres sources en compost pour enrichir le sol, ce qui réduit le besoin d’acheter des fertilisants externes.
- Agroécologie : Intégrez des pratiques agroécologiques, comme l’arrêt du labours, les cultures de couverture entre les rangs, pour améliorer la santé du sol, contrôler les nuisibles et les maladies, et augmenter la biodiversité, diminuant ainsi la nécessité d’interventions chimiques.
- Semences et plants : Produisez vos propres semences et plants ou acquérez-les auprès de sources locales pour réduire les coûts d’achat et favoriser l’adaptation des plantes à votre environnement spécifique.
Autoproduction d’intrants
- Préparations naturelles : Fabriquez vos propres préparations pour la protection des plantes (par exemple, des infusions d’orties ou de consoude) et des fertilisants organiques, réduisant ainsi le coût et l’impact environnemental des produits commerciaux.
- Outils et équipements : Là où c’est possible, fabriquez ou réparez vos propres outils et équipements ou achetez-les d’occasion pour diminuer les dépenses en capital.
Gestion économique et écologique
- Analyse des coûts de production : Surveillez régulièrement vos coûts de production pour identifier les postes les plus onéreux et explorez des alternatives moins coûteuses sans compromettre la qualité.
- Diversification des cultures : La diversification des cultures peut non seulement améliorer la santé du sol et réduire les risques de maladies et de nuisibles mais peut aussi ouvrir de nouvelles sources de revenus (par exemple, la vente de produits frais ou transformés issus de cultures intercalaires).
Cas d’études et témoignages
Voici quelques exemples notables qui illustrent différents aspects de la gestion réussie d’un micro-vignoble bio. Les surfaces de vignoble sont souvent supérieures à 5 hectares. Pour la plupart, ce sont des domaines familiaux ou existant depuis plusieurs générations
Jean-François Coutelou – Languedoc, France – 13 hectares en Bio – http://mascoutelou.fr/
Vous trouverez ci-après ce qui est dit sur le domaine de Jeff Coutelou sur le site de vente en ligne de vins bio, biodynamique, naturels https://www.vinscheznous.com/142_jean-francois-coutelou
Une référence en vins naturels, voire LA référence française. Ses vins se situent autour de 20 euros pour une production estimée à 60 000 bouteilles. Je n’ai pas les éléments financiers de ce domaine mais je pense qu’à ce niveau de prix, de volume de production et de qualité reconnue des vins, les équilibres financiers sont là.
Casina di Cornia, Italie – 7,8 hectares en Bio- http://www.casinadicornia.com/?lang=fr
Situé en Toscane (Chianti), Casina di Cornia est un micro-vignoble qui s’est converti à l’agriculture biologique dès le début des années 1980, devenant un pionnier dans la région pour cette approche. La ferme se concentre sur les cépages autochtones, une sélection massale et utilise des méthodes de culture qui favorisent l’équilibre naturel du vignoble. Leur succès repose sur une attention particulière à la qualité du sol, l’utilisation d’engrais verts, et le contrôle naturel des nuisibles, démontrant que des pratiques durables peuvent mener à des vins de haute qualité très demandés sur le marché.
Frog’s Leap Winery, Californie, États-Unis https://www.frogsleap.com/
Frog’s Leap Winery, située dans la vallée de Napa depuis 1839, est réputée pour son engagement envers l’agriculture durable et biologique. En adoptant des pratiques telles que la non irrigation en mettant l’accent sur la santé du sol, cette exploitation a prouvé que la durabilité peut aller de pair avec la production de vins exceptionnels. Leur approche inclut également la vente directe et le tourisme viticole, ce qui leur permet de créer une connexion forte avec leurs clients tout en maximisant leurs marges.
Clos du Tue-Boeuf, Loire, France – 14,5 hectares en Bio http://www.puzelat.com/
https://www.vinscheznous.com/64_le-clos-du-tue-boeuf
Le vignoble Clos du Tue-Boeuf, dirigé par les frères Puzelat (rejoint désormais par les filles de Jean-Marie qui est à la retraite), est un autre exemple inspirant de micro-vignoble bio réussi. Ils pratiquent une viticulture bio et naturelle, refusant l’utilisation de produits chimiques dans le vignoble et dans la cave. Leur philosophie repose sur l’expression la plus pure du terroir et des cépages avec pas moins de 13 cuvées, ce qui se traduit par des vins vivants et expressifs qui ont acquis une réputation internationale. Leur succès souligne l’importance de la passion et de l’intégrité dans la création de vins uniques.
Ces exemples montrent que, malgré leur taille réduite, les micro-vignobles bio peuvent non seulement être viables mais aussi prospérer en adoptant des pratiques durables, en se concentrant sur la qualité et en établissant une connexion directe avec leurs marchés. Ils prouvent que la passion pour la viticulture, combinée à une approche respectueuse de l’environnement, peut aboutir à des produits exceptionnels qui se démarquent sur le marché.
Dans une période compliquée à plusieurs titres, j’ai décidé de relever le défi de créer un micro-vignoble bio sur 2 ou 3 hectares rentable. Pour cela, je vais planter en haute densité. Je conduirai le vignoble en agro-écologie et autant que possible sans mécanisation de la vigne à la cave.
Comme des volumes d’environ 10 000 bouteilles par an (sauf à des prix stratosphériques ) pourront difficilement subvenir aux besoins de ma famille, il est clair que je dois trouver d’autres ressources complémentaires comme l’agritourisme.
Je compte sur vous si vous avez des exemples que vous connaissez de micro-vignoble en agroécologie qui sont rentables et pérennes.
Au plaisir d’échanger 🙂
Bonjour 3 hectares avec le changement climatique c’est maintenant impossible d en vivre. J’ ai 3 ha en Dordogne en appellation bien valorisés et je dois travailler ailleurs….
Bonjour Denis,
Merci pour votre commentaire. Pour bien comprendre, pourriez-vous m’en dire un peu plus sur vos 3 hectares en Dordogne ? Densité, rendement, commercialisation etc…Je cherche à construire un modèle économique sur petites surfaces (comme l’a fait JM Fortier en maraichage). Lors de mon bac pro en 2022, il y avait des cours de comptabilité basique mais très peu de données financières (prévisionnel) Merci d’avance
Joël