Mon retour sur les bancs d’école en 2022 pour passer un bac pro vitivinicole rime avec connaissances à acquérir. Celles reçues par le Centre National d’Education Agricole par Correspondance https://www.cneac.fr/ étaient plutôt théoriques (hormis les 3 sessions de regroupement) et pas vraiment axées sur le changement climatique. Il fallait bien apprendre les bases ! 🙂

En plus, des nombreux documentaires autour du monde du vin que j’avais regardés avant d’entamer cette reconversion (comme l’excellent Mondovino et la suite Resistance Naturelle que j’ai partagé sur un autre article), les 3 stages dans le cadre de ce bac m’ont permis de poser de nombreuses questions et récolter des ressources notamment littéraires (bonus les ignorants). Je vous les partage ci-dessous :

1- « Vignes, vins et permaculture » d’Alain Malard

« Alain Malard est consultant depuis 30 ans auprès des vignerons, spécialiste de la vigne et du vin, designer en permaculture. Il a été vigneron en Languedoc et conseille désormais ses pairs dans toute la France afin d’harmoniser vignes et vins en symbiose avec la Nature et le terroir« 

Jusqu’à aujourd’hui, c’est le seul ouvrage que j’ai trouvé qui aborde la vigne avec cette approche permaculturelle « Prendre soin de la Terre. Prendre soin des humains. Partager équitablement les ressources » avec hormis les principes de conception, pas moins de 13 exemples concrets de vignobles en France et un en Suisse.

J‘ai croisé Alain Malard au Sitevi de Montpellier en février 2022. Il m’a gentiment dédicacé son ouvrage en me souhaitent bonne chance pour mon projet en Corse 🙂



2- « Manuel des pratiques viticoles contre les maladies du bois » de François DAL

Lors de mon premier stage au Domaine Gayda https://www.domainegayda.com/, mon maitre de stage et Directeur Technique du Domaine, Vincent Chansault, très sensible à la notion de vins sains et respectueux de l’environnement m’a beaucoup parlé de la « taille douce » par exemple via Marceau Bourdarias https://marceaubourdarias.fr/ qui, issu de l’arboriculture, intervient désormais beaucoup sur les vignobles.

Dans la même lignée, « fruit d’une étroite collaboration entre SICAVAC et le BIVC, ce second ouvrage consacré aux pratiques viticoles vertueuses se veut très complet et pédagogique.

Il permet, en expliquant les mécanismes de développement des maladies du bois, d’éviter certaines erreurs. Les tailles Guyot, Guyot-Poussard, gobelet et cordon de Royat y font l’objet d’une description précise ainsi que les méthodes curatives expérimentées dans le vignoble. »

Lors de mes 2 autres stages où j’ai participé à la taille, j’ai fait en sorte d’appliquer autant que possible les principes (respect des flux de sève, éviter les blessures etc…). C’est certain qu’il faut un peu plus réfléchir lorsqu’on est devant son pied de vigne 🙂



3- « Le vin, la vigne et la Biodynamie » de Nicolas Joly

« Ouvrage de référence de Nicolas Joly, célèbre viticulteur de la Coulée de Serrant https://coulee-de-serrant.com/ fer de lance de la biodynamie, pour découvrir et s’initier à la biodynamie.

Dans un contexte d’industrialisation des procédés et de techniques agricoles, la biodynamie est avant tout un retour à une vinification naturelle, à un respect de la vigne et de l’environnement pour atteindre la meilleure expression du terroir possible.

Cet ouvrage aborde tous les aspects de la biodynamie : comprendre les formes et leurs correspondances, utiliser les forces du vivant, se servir des cycles astrologiques, etc.. »

Longtemps critiqué parce que la science a peut-être trouvé ses limites notamment concernant par exemple les différentes préparations, pour les adeptes de la biodynamie, le principal est que ça fonctionne !


4- Manifeste Château Cheval Blanc

« Alors que le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité sont au cœur des préoccupations de chacun, le Château Cheval Blanc s’engage dans la voie de l’agroécologie en s’appuyant sut trois piliers : l’ agroforesterie, les couverts végétaux et la polyculture

Ce manifeste révèle les actions mises en place au sein du domaine historique de Château Cheval Blanc qui cultive et préserve son identité. Trois contributeurs prestigieux participent à cet ouvrage :

Alain Canet, agronome, spécialiste de l’agroforesterie; Konrad Schreiber, éleveur, agronome, spécialiste des sols vivants ; Marc-André Selosse, biologiste, professeur au Muséum nationale d’Histoire naturelle, spécialiste de la vie microbienne. »

Après la conférence passionnante qpartagée dans un autre article avec justement l’intervention d’Alain Canet, Konrad Schreiber et Marc-André Selosse, j’ai été un peu déçu du contenu du livre.

Il faut le prendre pour ce qu’il est : Un manifeste pour se dire que c’est possible d’appliquer l’agroécologie à un vignoble (et même du petit élevage) ! De la part du groupe LVMH, c’est un clin d’oeil qu’il faut souligner dans le sens où ce genre d’initiatives étaient portées jusqu’à maintenant plutôt par des vignobles indépendants, « hors système » dans le sens « hors de la norme habituelle ».

Une autre conférence ci-dessous avec Pierre-Olivier Clouet, directeur technique du Domaine.

5- Le vin passion

J’ai adoré ce livre que j’ai dégusté avec gourmandise comme un bon vin corse 🙂

Ce tour du monde des vignobles par ce sommelier italien passionné et amoureux de la vie m’a permis de comprendre que la vigne pouvait être cultivée différemment.

Que ce soit en Amérique Latine où des vignes ne sont même pas taillées et s’accrochent à des arbres ou en Italie avec des formes de treille ou de pergolas. Cela me motive pour inclure de la vigne dans mon jardin d’Eden et réaliser des micro-cuvées 100% naturelles.


Article du Corse Matin du 18 juillet 2021

Le sommelier italien Enrico Bernardo a sillonné les vignobles corses pendant deux semaines dans le cadre d’un grand tour du monde des vins. Les vins de l’île l’ont particulièrement inspiré.
Il a été élu « meilleur sommelier du monde » en 2004 à seulement 27 ans, a été chef sommelier au prestigieux hôtel George V à Paris, a ouvert trois restaurants gastronomiques à Paris et Courchevel, mais c’est désormais en globe-trotter que vit Enrico Bernardo.

Une escale insulaire qui a mené Enrico Bernardo dans trente domaines, de Rogliano à Bonifacio, et qu’il raconte avec gourmandise.

Vous avez entrepris un tour du monde des vignobles, dans quel objectif ? Écrire un livre à nouveau ?

Ce tour du monde est un défi sur quatre années. J’ai commencé il y a trois ans et j’ai déjà fait les Amériques, l’Afrique du Sud, l’Australie, tout ce qui est hors Europe en 2018 et 2019. Depuis le début de la crise du Covid, je me concentre sur les vignobles européens, notamment l’Italie et la France.

J’ai un livre en préparation mais il est plutôt la conséquence du voyage que son objectif. Ce tour du monde est pour moi, à mes frais, pour me nourrir du vin et des rencontres. C’est un projet de vie pour reprendre contact avec les vignerons et la viticulture.

Que représentent la Corse et ses vins pour vous ?

La Corse est au centre de la Méditerranée et en tant qu’Italien, cela me parle fortement. La Méditerranée, c’est l’histoire, les échanges entre différents peuples qui y sont passés… Un mélange qui nous relie au reste du monde et qui a une influence sur la viticulture.

D’autre part, la Corse représente pour moi à la fois le passé et le futur. Comme la Sicile, la Corse est une région en pleine évolution qualitative. Les premières générations de vignerons comme Jean-Charles Abbatucci, Étienne Suzzoni, Yves Leccia, Christian Imbert… ont fait parler d’elles il y a déjà vingt ans et maintenant ce sont leurs enfants qui poursuivent le travail. Cette nouvelle génération est un véritable accélérateur pour mettre en valeur les terroirs corses.

Que trouvez-vous de particulier dans les vins de Corse ?

Il y a en Corse une réalité écologique et panoramique unique : tous les domaines sont sur des terres entourées de maquis, de la montagne ou de la mer… Les paysages sont merveilleux. Il y a également une prise de conscience de la part des viticulteurs de l’importance de valoriser les cépages autochtones corses.

La Corse est presque une terre vierge qui n’a pas connu l’invasion des cépages internationaux ni la chimie à outrance dans les vignes. Le passage à vide qu’a connu la viticulture corse pendant quelques années s’avère aujourd’hui une richesse.

Parmi les cépages corses, lequel vous séduit le plus ?

Pour moi, le grand cépage corse, c’est le vermentinu. Il se bonifie avec le temps, il a un côté salin, lumineux, il prend de la complexité avec l’âge. Sur les rouges, je sais qu’il y a une tendance à faire des vins en mono-cépage, mais j’ai pris plus de plaisir sur des assemblages de sciaccarellu et niellucciu ou avec du carcaghjolu neru, du minustellu...

J’ai été surpris par le rôle de ces cépages anciens qui pourraient apporter une identité unique à la viticulture corse dans les années à venir.

Un vin, un domaine, un terroir qui vous ait particulièrement marqué durant cette tournée en Corse ?

C’est très difficile de choisir ! J’ai beaucoup aimé la fraîcheur des vins de Bonifacio, Tarra di Sognu ou Zuria, mais aussi la lumière, la finesse, la justesse des vins de Jean-Charles Abbatucci au sud d’Ajaccio. Le rouge de Muriel Giudicelli à Patrimonio est d’un équilibre parfait, comme celui du Clos Signadore ou de Leccia.

Le Biancu Gentile d’Antoine-Marie Arena est d’une droiture exceptionnelle. En Balagne, Paul-Antoine Suzzoni au Clos Culombu a une vision de la viticulture époustouflante pour son âge. La cuvée Sirocco du domaine Vaccelli est la preuve qu’on peut trouver des solutions même dans les années difficiles. Manu Venturi à Ponte-Leccia, dans cette faille entre schistes et granits, fait des vins tous plus intéressants les uns que les autres. Je suis tombé amoureux des muscats du domaine Pieretti et du Clos Nicrosi… Je suis vraiment emballé par tout ce que j’ai dégusté.

Comment voyez-vous l’avenir des vins corses ?

La jeune génération de vignerons est très motivée et dynamique. Il y a encore des découvertes à faire, notamment sur les terroirs de Bonifacio, et je sens partout une curiosité pour le vin, une envie d’aventure qui est incroyable. Et également une envie de respecter la terre, très forte par exemple chez Jean-Charles Abbatucci qui est passionné d’écologie, que l’on ne rencontre pas partout dans le monde.

Je pense que l’avenir des vins corses sera une plus grande reconnaissance à l’international. Pour le moment, ils sont connus surtout des initiés mais ils ont tout le potentiel pour être reconnus largement comme des grands vins.

Des choix ont été bien faits : ils sont restés très corses en valorisant l’attachement à la terre, en restant dans des familles de vignerons qui font perdurer cette identité. Le terroir corse, au-delà d’être complexe et varié, est noble car il donne des vins qui vieillissent très bien.



Article en partenariat avec Mid-Journey 🙂 pour l’image en une de l’article


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