Les jardiniers-maraîchers parisiens du 19e siècle ont joué un rôle crucial dans l’approvisionnement de la capitale en fruits et légumes frais.

Grâce à leur savoir-faire, leur ingéniosité et leur esprit d’innovation, ils ont réussi à produire une grande variété de produits sur de petites surfaces, répondant ainsi à la demande croissante des citadins.

Dans cet article, nous allons explorer l’histoire de ces jardiniers-maraîchers et découvrir comment ils ont marqué l’histoire de l’agriculture urbaine et influencé l’essor des micro-fermes actuelles bio intensives.

En effet, vous trouverez en fin d’article l’incroyable source d’informations du Manuel Pratique de la Culture Maraichère de Paris édité en 1844. Et en bonus, l’histoire d’une famille inspirante pour mon défi d’autonomie alimentaire 🙂

I. Contexte historique

Au 19e siècle, Paris connaît une croissance démographique rapide et une urbanisation grandissante. La population passe de 550 000 habitants en 1800 à plus d’un million en 1850 ! La demande en fruits et légumes frais augmente, et il devient impératif de trouver des solutions pour approvisionner la ville.

C’est dans ce contexte que les jardiniers-maraîchers parisiens se sont développés, exploitant des parcelles situées dans les faubourgs de la capitale (St Martin notamment) et mettant en œuvre des techniques innovantes pour optimiser leur production.

II. Les techniques de culture

Les jardiniers-maraîchers parisiens étaient réputés pour leur savoir-faire et leur capacité à produire des légumes de qualité en grande quantité sur de petites surfaces. Parmi les techniques de culture qu’ils utilisaient, on peut citer :

La culture en espalier :

Cette technique consiste à tailler et à palisser les arbres fruitiers le long de murs ou de treillages, optimisant ainsi l’espace et favorisant l’exposition au soleil. Vous retrouverez des informations précieuses sur les expositions à privilégier dans le Manuel Pratique de la Culture Maraichère.

Cela m’arrange aussi 🙂 car notre futur jardin, vu le dénivelé, contient plusieurs murs sur lesquels je pensais faire pousser de la vigne et pourquoi pas d’autres arbres fruitiers palissés comme les pêchés. A regarder si cela convient à un climat méditerranéen.

Les cultures associées :

Les jardiniers-maraîchers pratiquaient l’association de cultures, c’est-à-dire qu’ils plantaient des légumes complémentaires les uns à côté des autres pour favoriser la croissance et réduire les problèmes de ravageurs et de maladies.

La culture sous châssis :

C’est en 1780 qu’un certain Fournier fit le premier usage de châssis dans sa culture. Vu le succès de cette pratique, il fut vite imité. En effet, pour protéger les plantes des intempéries et prolonger la saison de production, les jardiniers-maraîchers utilisaient des châssis en verre, ancêtres des serres modernes. Ils permettaient de cultiver des légumes plus tôt au printemps et plus tard en automne.

C’est à ce moment que le terme « culture forcée » est né.

Le compostage :

Les jardiniers-maraîchers étaient passés maîtres dans l’art du compostage, transformant les déchets organiques en engrais naturel pour enrichir leurs sols et favoriser la croissance des plantes.


III. L’organisation du travail

On estime à environ 9 000 le nombre de jardiniers-maraîchers travaillant dans les faubourgs de Paris et ses environs à cette époque. Il y avait également 1 700 chevaux utilisés pour le transport des légumes et de fumier.

Les jardiniers-maraîchers étaient généralement organisés en familles ou en coopératives. Chaque membre avait des tâches spécifiques, allant de la préparation des sols à la récolte en passant par la vente des produits sur les marchés parisiens.

Ils travaillaient dur, souvent du lever au coucher du soleil, pour assurer la production et la qualité de leurs fruits et légumes.

Quant au nombre de personnes qu’ils pouvaient nourrir, cela dépendait de la taille et de la productivité de leurs exploitations. Il y avait un peu moins de 1 400 hectares exploités divisés en 1 800 jardins allant d’un demi hectare à un hectare.

La taille idéale était de 7 500 m2 et nécessitait environ pour être cultivée en primeurs et en pleine terre de 3-4 personnes et 5-6 pour un hectare.

Les jardiniers-maraîchers étaient capables de produire une grande quantité de fruits et légumes sur de petites surfaces grâce à leurs techniques de culture intensives.

Il est donc probable qu’ils aient contribué de manière significative à l’approvisionnement alimentaire de la population parisienne, qui comptait environ un million d’habitants au milieu du 19e siècle comme nous l’avons vu un peu plus haut.

Toutefois, il est important de noter que les jardiniers-maraîchers ne fournissaient pas l’intégralité des fruits et légumes consommés à Paris, et que d’autres sources d’approvisionnement, notamment les importations et les marchés régionaux, étaient également en place.

IV. L’héritage des jardiniers-maraîchers

Les jardiniers-maraîchers parisiens ont laissé un héritage durable dans le domaine de l’agriculture urbaine. Leurs techniques de culture, leur savoir-faire et leur esprit d’innovation ont inspiré des générations de jardiniers et d’agriculteurs.

Aujourd’hui, de nombreuses initiatives d’agriculture urbaine s’inspirent de leurs pratiques pour créer des jardins productifs au cœur des villes et également les micro-fermes bio intensives pour confirmer qu’une agriculture à taille humaine est possible. Une agriculture jardinée !

V. La fin des jardiniers-maraîchers parisiens

Malgré leur succès et leur contribution à l’approvisionnement de Paris en fruits et légumes frais, les jardiniers-maraîchers ont progressivement disparu avec l’expansion urbaine et l’industrialisation de l’agriculture.

La pression immobilière et les coûts de production élevés ont rendu leurs activités de moins en moins rentables. Dans le manuel ci-dessous, la hausse des prix à l’hectare est évoqué…en plein Paris ! 🙂

Malheureusement, à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, beaucoup de ces jardiniers ont été contraints d’abandonner leurs parcelles et de chercher d’autres moyens de subsistance.

Conclusion :

L’histoire des jardiniers-maraîchers parisiens du 19e siècle nous offre un aperçu fascinant de l’agriculture urbaine d’autrefois. Leur ingéniosité, leur savoir-faire et leur travail acharné ont permis de nourrir la population parisienne en fruits et légumes frais, malgré les contraintes d’espace et de ressources.

Bien que leur activité ait finalement décliné, l’esprit et les techniques de ces jardiniers-maraîchers continuent d’inspirer les jardiniers urbains d’aujourd’hui.

Quel couple inspirant !
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