Le temps de trouver quelques hectares pour notre projet de micro-ferme agritouristique inspirée du modèle italien (qu’on a découvert en Toscane et Ombrie où j’ai des racines familiales du côté de ma maman), dans quelques semaines, je vais avoir accès à un jardin d’environ 1500 M2 autour de notre maison.
Quelle chance déjà d’avoir autant de place. Si je reprends l’ensemble des logements que nous avons connus jusqu’à maintenant, je pense que c’est bien la première fois. Quoi de mieux pour s’entraîner, démarrer notre jardin nourricier et pourquoi pas produire des premières cuvées issues de notre jardin ? « Homemade wine in Corsica » 🙂
PS : Il y a quelques mois, mon père m’a rappelé que gamin à la ferme familiale en Lorraine, il allait donner la main à ses parents aux champs. Il y avait aussi un lieu-dit « les Courbottes » où il y avait notamment des vignes, son grand-père cultivait du tabac etc…Un retour aux sources ?
Une agriculture à échelle humaine
D’autant que les ouvrages que je lis depuis quelques temps privilégient les petites surfaces extrêmement bien soignées afin qu’elles soient très productives, résilientes et durables :
- Le mouvement initié par Jean-Martine Fortier avec les micro-fermes bio-intensives en maraîchage https://www.jeanmartinfortier.com/ qui a démarré sur 2500 M2 et maintenant produit sur 7500 M2.
- Les études réalisées par l’INRAE sur à la ferme du Bec-Hellouin https://www.inrae.fr/actualites/ferme-du-bec-hellouin-beaute-rend-productif sur quelques milliers de M2.
- L’ouvrage « Vignes, vins et permaculture » d’Alain Malard reprend des données avant l’arrivée des maladies comme la crise de l’oïdium entre 1850 et 1860 et surtout le Phylloxéra et le mildiou de 1870 à 1900 :
- « La surface viticole en France a perdu en 30 ans 700 à 800 000 hectares de vignes, soit l’équivalent du vignoble actuel !
- La vigne, jusque-là reproduite par provignage (c’est à dire plantation de sarments ou de bourgeons de sarments) comptait 10 000 à 60 000 ceps par hectare avec un espacement d’environ 1 mètre entre les rangs (pour le passage des animaux de traction) en en foule (une même baguette pouvait produire 4 à 6 ceps espacés de 20 à 25 cm) ! «
- Les densités actuelles sont plutôt de 5 000 pieds hectare avec 2 mètres entre les rangs (pour laisser passer les engins) et 1 mètre en les pieds de vigne. Surtout les rendements diminuent. La moyenne française est d’environ 50 hectolitres à l’hectare mais avec de grandes disparités.«
- En Corse, pour des vignobles bio et des vins naturels, on est environ à 30 hectolitres l’hectare soit en gros 3 000 bouteilles produites.
- Des plantations sont réalisées en haute densité sur des échalas par exemple avec 1 mètre entre les rangs et 1 mètre entre les pieds qui nécessite un travail exclusivement à la main. Les rendements peuvent doubler soit 60 hectolitres à l’hectare.
- C’est l’idée que je vais mettre en pratique dans notre jardin naturel en créant une biodiversité (le principe des forêts-jardin) et m’appuyer également sur les nombreux murs en pierre existants. L’objectif est de produire en quantité sur des petites surfaces et bien sûr de la qualité : 100% locale !
Prise de conscience
En Nouvelle-Calédonie, sans le savoir et sans vraiment m’y intéresser à ce moment là (j’étais à fond dans le boulot et notre vie avec nos deux garçons) nous vivions à proximité d’un mode de vie ancestral.
En effet, les mélanésiens lorsqu’ils se retrouvent dans leur village qu’on appelle les tribus en Calédonie, vivent comme les anciens. Ils vont au champ et pratiquent une agriculture naturelle à base de fruits et légumes comme l’igname qui a une forte signification dans la culture kanak. Ce dernier représente également un fort lien social que vous pouvez découvrir dans la vidéo ci-dessous :
Je me suis souvent fait la réflexion qu’en cas de crise majeure (comme celle du Covid par exemple) certains mode de vie serait moins touchés que d’autres. C’est aussi ce qui m’anime dans l’envie de produire à boire et à manger de notre jardin par nos propres moyens.
L’inflation actuelle ne fait que confirmer cette motivation. Les prix de la nourriture produite par des industriels est trop chère et ne reflète pas les coûts de revient (mais la volonté de restaurer des marges) avec une qualité nutritionnelle qui n’est pas au rendez-vous.
Cela me procure déjà une sensation de liberté alors que je ne suis pour le moment que dans la phase d’apprentissage, de préparation, de conception.
Apprentissage
A Biarritz, en 2018, après avoir participé à une matinée initiation permaculture au domaine de Bassilour à Bidart https://www.domainedebassilour.com/, nous avions été estomaqués par la quantité et diversité de légumes produits sur une telle petite surface : quelques centaines de M2.
C’est ce qui nous avait motivé à démarrer un petit potager dans notre maison. Nous étions très fiers des quelques tomates, fraises et framboises du jardin. Il faut un début à tout ! 🙂
Quelques années se sont écoulées. Il était temps de passer la vitesse supérieure. Je l’ai fait par l’intermédiaire du bac pro viti-vinicole que j’ai obtenu en juin 2022. En faisant mes différents stages dans des domaines complètement différents, j’ai réalisé qu’il était tout à fait possible de produire du vin dans une cave à taille humaine comme c’était le cas au Domaine Obrière http://www.domaine-obrière.fr avant que Charles et Sarah trouvent leur maison vigneronne avec un volume d’environ 12 000 bouteilles.
En Italie, à Volterra, nous sommes passés devant une boutique qui vendait des toutes petites cuves inox et c’est là que je me suis dit que je pourrai démarrer une mini-production dans mon future jardin…Let’s go ! 🙂
La vinification
En effet, ce qui nécessite de la place (hormis les vignes bien sûr :-)) dans un domaine viticole est la présence des cuves, du pressoir, du stockage et du matériel (table de tri, égrappage…) qui va avec des volumes importants comme j’ai pu le constater au domaine Gayda http://www.domainegayda.com et son million de bouteilles produites chaque année.
Sinon le principe de vinification est assez simple. Je ne dis pas que faire du bon vin est simple mais que le principe en lui-même nécessite beaucoup d’énergie, de matériel, de patience surtout lorsque cela représente son activité principale, des volumes conséquents et qu’on doit en vivre.
En revanche, pour des volumes confidentiels qui correspondent à une activité artisanale et voire comme moi une manière d’apprendre, tester et réaliser le vin qui me plaît 100% naturel sans trop de pression, le processus peut se faire à la maison car la base finalement de tout est la fermentation. Après, ce sont plutôt des choix selon le type de vin que l’on souhaite réaliser.
Le processus de vinification
Je ne vais pas vous ressortir mes cours du Bac Pro. Vous risqueriez d’être déçus tant les processus industriels peuvent tellement nous éloigner de l’image d’Epinal du vigneron dans sa vigne et son chai.
La vidéo ci-dessous reprend très bien le processus de vinification d’un vin rouge en expliquant qu’il y a tellement de possibilités dans la vinification (macération pré-fermentaire à froid, les température et durées de fermentation, type de pressurage, les assemblages, l’élevage etc…) selon le vin qu’on veut réaliser (plutôt fruité et à boire, plutôt de garde…) que finalement on se rapproche d’une forme d’art.
C’est ce que j’aime dans le vin. Ce miracle de la nature qui part de la photosynthèse (qui se fait toute seule) à la vigne, de la fermentation (qui se fait toute seule aussi) à la cave.
Bien sûr, il y a énormément de travail et les risques de tout perdre mais pour moi, le vigneron est censé plutôt accompagner qu’intervenir.
Et demain alors ?
Le développement des brasseries artisanales date d’une quinzaine d’années tout comme les brasseries à domicile.
Après les chais urbains qui se développent avec des expériences autour du vin la plupart du temps en achetant le raison bio à des vignerons, on pourrait imaginer que cela se développe de plus en plus chez les particuliers.
Vous trouverez un exemple ci-dessous de vin réalisé à la maison le temps que je me filme 🙂
En bonus
Ce matin, en parcourant Facebook, je tombe sur cet article du Figaro. Je dis à Estelle, c’est incroyable alors que j’écris aussi de mon côté un article pour mon blog 🙂
Je vous le partage https://avis-vin.lefigaro.fr/connaitre-deguster/o156101-faire-du-vin-dans-son-jardin-nouvelle-lubie-ou-vrai-phenomene