Tout a commencé par une fleur jaune dans notre jardin : L’oxalis. Magnifique mais plutôt envahissante 🙂

A l’automne, j’ai préparé le sol avec la grelinette, le motoculteur manuel. Cela m’a permis d’ameublir sans labourer trop profondément. J’en ai profité pour désherber tout à la main. J’étais persuadé d’avoir retiré une bonne partie des racines de l’oxalis…Je vous vois venir 🙂

Lutter naturellement

L’oxalis a repoussé de plus belle. Elle reste magnifique et fais son job de couvrir le sol qui sinon pourrait être nu. Par contre, je me suis demandé comment intégrer d’autres plantes ou fleurs afin d’apporter un peu plus de diversité.

Et puis, je me suis dis que ce serait bien d’en profiter pour que ces plantes soient bénéfiques pour nous et notre jardin. Et en particulier pour le micro-vignoble en agroécologie que je viens à peine de planter. Bref, comment pratiquer la phytothérapie à la vigne ?

C’est quoi la phytothérapie ?

La phytothérapie, littéralement « traitement par les plantes », est une pratique millénaire qui utilise les propriétés médicinales des plantes pour soigner et prévenir divers maux. Dans le domaine de l’agriculture, l’adoption de la phytothérapie représente une évolution vers des méthodes de culture plus durables et respectueuses de l’environnement. Cette approche repose sur l’utilisation de plantes spécifiques, dotées de propriétés bénéfiques, pour améliorer la santé des cultures, enrichir le sol, et gérer les populations de nuisibles de manière naturelle.

L’intérêt pour la phytothérapie en agriculture s’est considérablement accru ces dernières années, en réponse à la prise de conscience globale des impacts négatifs des pesticides chimiques sur l’environnement, la biodiversité, et la santé humaine. Les agriculteurs, les chercheurs, et les consommateurs cherchent de plus en plus à réduire la dépendance aux intrants chimiques, favorisant ainsi des alternatives naturelles et écologiques.

Les avantages de la phytothérapie

La phytothérapie offre de multiples avantages en agriculture : elle permet de renforcer la résilience des cultures face aux maladies et aux ravageurs, d’améliorer la structure et la fertilité du sol, et de contribuer à l’équilibre des écosystèmes agricoles. En outre, elle s’inscrit parfaitement dans les principes de l’agroécologie, qui visent à créer des systèmes de production agricole durables en harmonie avec la nature.

L’adoption de pratiques phytothérapiques en agriculture ouvre la voie à une production alimentaire plus saine et plus sûre, réduisant ainsi notre empreinte écologique tout en préservant la santé des sols et la diversité biologique. Cet article vise à explorer comment l’intégration de la phytothérapie à la vigne peut transformer l’agriculture, en offrant aux agriculteurs des outils naturels pour une culture durable et résiliente.

Pour moi, cela va de pair avec des pratiques comme la taille douce, vous trouverez un article à ce propos https://etre-libre.com/pourquoi-la-pratique-de-la-taille-douce-booste-la-vigne/, l’agroécologie, la biodynamie etc…en fait des pratiques qui remettent la nature au centre de notre réflexion et surtout de notre action. Depuis des millions d’années, elle ne nous a pas attendus pour s’adapter. Nous devrions être beaucoup plus humbles face à cette incroyable « machine » à créer de la vie.

Quelques exemples de phytothérapie à la vigne

L’intégration des plantes médicinales dans les stratégies de Gestion Intégrée des Ravageurs (GIR) est une approche écologiquement durable qui combine la sagesse traditionnelle et les connaissances scientifiques modernes pour protéger les cultures. Cette méthode vise à minimiser l’utilisation de produits chimiques en favorisant des solutions naturelles qui soutiennent la biodiversité et la santé des écosystèmes. Voici comment les plantes médicinales peuvent jouer un rôle clé dans les stratégies de GIR :

1. Propriétés répulsives et insecticides

Certaines plantes médicinales produisent des substances naturellement répulsives ou insecticides qui peuvent protéger les cultures contre les attaques de ravageurs. Par exemple, la lavande et le basilic émettent des arômes qui éloignent les insectes nuisibles, tandis que le pyrèthre (extrait de certaines espèces de chrysanthèmes) a des propriétés insecticides largement reconnues. La plantation de ces herbes autour des cultures ou leur utilisation sous forme d’extraits peut réduire significativement la pression des ravageurs.

2. Renforcement de la santé des plantes

Des plantes comme l’ortie et la consoude (LA plante très appréciée par la Ferme du Bec Hellouin http://www.lafermedubec.com dans son ouvrage « Vivre avec la Terre’) sont riches en minéraux et favorisent la santé et la vigueur des plantes cultivées. L’utilisation de purins ou d’extraits de ces plantes comme fertilisants foliaires ou additifs au compost peut augmenter la résistance des cultures aux maladies et aux attaques d’insectes.

Par exemple, le purin d’orties permettrait de lutter contre une maladie à la vigne qui est l’oïdium.

3. Gestion des adventices et des maladies fongiques

La prêle des champs, riche en silice, est utilisée pour préparer des bouillies foliaires qui renforcent la résistance des plantes aux maladies fongiques. Elle serait donc également efficace contre l’oïdium et le mildiou (une autre maladie de la vigne). D’autres plantes, comme le sarrazin, peuvent être utilisées comme couverts végétaux pour supprimer les adventices et offrir un habitat favorable aux ennemis naturels des ravageurs.

4. Favoriser la Biodiversité

La diversification des plantes dans et autour des zones cultivées attire et soutient une large gamme d’insectes bénéfiques et de pollinisateurs. Certaines plantes médicinales peuvent servir de plantes hôtes pour des espèces spécifiques d’insectes utiles, qui, à leur tour, aident à contrôler les populations de ravageurs. La plantation de bordures florales avec des espèces telles que la camomille et le souci peut améliorer la biodiversité et le contrôle biologique dans les systèmes agricoles.

5. Techniques de cultures associées

La culture associée impliquant des plantes médicinales peut créer des synergies entre différentes espèces, améliorant ainsi la santé globale des cultures et réduisant la dépendance aux intrants chimiques. Par exemple, l’association de certaines légumineuses avec des cultures principales peut favoriser la fixation de l’azote, tandis que l’ajout de plantes aromatiques peut dissuader les ravageurs.

En intégrant judicieusement les plantes médicinales dans les stratégies de GIR, les agriculteurs peuvent non seulement réduire leur impact environnemental mais également améliorer la santé et la productivité de leurs cultures. Cette approche nécessite une compréhension approfondie des interactions écologiques et bénéficie grandement d’une perspective holistique de la gestion agricole.

Une petite anecdote

Une petite anedocte à propos de l’inule visqueuse longtemps considérée comme une mauvaise herbe. Surtout qu’elle a de sacrées racines et qu’elle n’est pas évidente à arracher surtout lorsqu’elle est dans les rangs de vigne. J’en ai fait régulièrement l’expérience 🙂

Récemment, on s’est rendu compte qu’elle était également bénéfique pour lutter contre les maladies fongiques (à base de champignons) et en particulier le mildiou. Egalement contre la maladie de la mouche de l’olivier https://www.gerbeaud.com/nature-environnement/inule-visqueuse-fongicide-insecticide-naturel,1650.html

Bien sûr, il y a plein d’autres exemples de plantes utiles au jardin par leurs propriétés. Je voulais en relever quelques unes notamment par rapport à la vigne. N’hésitez pas si vous en connaissez d’autres.

@ très vite les jardiniers vignerons !

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