Sol couvert, sol prospère ! 🙂
S’il y a bien quelque chose que j’ai appris ces derniers mois, c’est bien ça. Pourtant, je me vois encore il y a peu de temps me « réjouir » de voir un champ tout « propre » sans aucun arbre, tout juste labouré !
A ce moment là, je ne pouvais pas imaginer que je contemplais « un tremblement de terre » à l’échelle de la micro-faune dans le sol. Son habitat complètement retourné, chamboulé, détruit.
Et, en plus, le soleil si important d’habitude, devenant « l’ennemi public numéro 1 » comme le dit si bien Konrad Schreiber dans la vidéo ci-dessous en frappant cette terre nue avec des températures affolantes de chaleur.
Concrètement, ça veut dire quoi un sol couvert avec un travail minimum du sol ? Quels sont les avantages et inconvénients de cette « pratique » ? Est-ce applicable dans le cadre de notre projet de jardin d’Eden sur l’île de Beauté ? Parce que ça m’arrange de limiter au maximum mon travail du sol si en plus cela lui fait du bien ! 🙂
Juste avant, le constat des pratiques encore majoritairement mises en oeuvre même si ça bouge sacrément notamment dans les grandes cultures avec les semi-direct par exemple ou le MSV (maraîchage sur sol vivant). On en reparle un peu plus bas.
Le travail du sol
« La forêt pousse toute seule. Elle pousse toute seule avec des règles précises :
Toujours couvert et jamais travaillé.
A l’inverse du paysan, le sol est toujours travaillé et jamais couvert »
Konrad Schreiber
Le travail du sol est un ensemble de pratiques agricoles visant à préparer et à entretenir le sol pour favoriser la croissance des plantes. Cela part d’un bon sentiment 🙂
Il englobe diverses techniques qui ont pour objectif d’améliorer les conditions de croissance, de faciliter la plantation et la germination des semences et de contrôler les mauvaises herbes, les ravageurs et les maladies.
Voici 3 exemples de techniques courantes de travail du sol :
Labour : Le labour est une méthode de travail du sol qui consiste à retourner et à briser la couche arable à l’aide d’une charrue ou d’un autre outil de labour. En théorie, le labour permet de mélanger la matière organique résiduelle (comme les racines des cultures précédentes) dans le sol, d’améliorer la structure du sol et de favoriser la décomposition de la matière organique. Il permet également de détruire les mauvaises herbes et de contrôler les ravageurs et les maladies.
Binage : Le binage est une méthode de travail du sol qui consiste à casser la croûte superficielle du sol et à éliminer les mauvaises herbes à l’aide d’un outil de binage (par exemple, une houe, un cultivateur ou un sarcloir). Le binage est généralement effectué pendant la saison de croissance pour favoriser l’aération du sol, améliorer la pénétration de l’eau et contrôler les mauvaises herbes.
Subsolage : Le subsolage est une méthode de travail du sol profond qui vise à briser les couches compactées du sol (par exemple, la semelle de labour) à l’aide d’un outil appelé sous-soleuse. Le subsolage permet d’améliorer la circulation de l’eau et de l’air dans le sol, favorise la croissance des racines en profondeur et améliore la résistance à la sécheresse.
Les conséquences du travail du sol
C’est vrai que sur le papier, en lisant ces quelques pratiques, tout pourrait sembler parfait dans le meilleur des mondes ! 🙂
C’est un peu ce que je me suis dit en parcourant les cours du bac pro l’année dernière. Il n’y avait pas de remise en cause. Et c’est bien compréhensible. Cela fait plus de 50 ans que ces méthodes sont mises en oeuvre à grand renfort de marketing, accompagnés de produits chimiques (pesticides, herbicides, insecticides, engrais…).
Vous ajoutez à cela des ingénieurs agronomes émanant de grands groupes industriels ventant les bienfaits de ces méthodes. Les agriculteurs leur ont fait confiance…
Tiens, c’est « marrant » au moment où j’écris cet article, on ne parle plus du glyphosate qui devait être interdit en France en 2021 (c’est le cas uniquement pour les particuliers). Pour la petite histoire, l’Appellation Patrimonio où nous habitons a interdit en 2022, à l’unanimité des vignerons, l’utilisation de cette substance, composante du célèbre Roundup, herbicide le plus vendu au monde !
Le pire, c’est qu’au début, ça fonctionnait puisque la matière organique était encore présente dans les sols du fait du travail des paysans d’antan. Au fur et à mesure des années, le taux de matière organique diminuant, il a fallu toujours plus d’engrais chimiques ! Avec les conséquences ci-dessous :
Impact sur l’environnement
Le travail du sol dans l’agriculture moderne peut avoir plusieurs conséquences négatives sur l’environnement :
- Érosion du sol : Le labour et d’autres méthodes de travail du sol perturbent la structure du sol, le rendant plus vulnérable à l’érosion par le vent et l’eau. L’érosion du sol peut entraîner la perte de sols fertiles et la dégradation des terres agricoles.
- Perte de biodiversité : Comme nous l’avons vu un peu plus haut, en perturbant les habitats naturels et en détruisant les organismes du sol, le travail du sol peut réduire la biodiversité, tant au niveau des espèces végétales que des espèces animales, notamment les insectes et les micro-organismes.
- Pollution des eaux : Le travail du sol peut contribuer au ruissellement des engrais et des pesticides, polluant les rivières, les lacs et les nappes phréatiques. Cette pollution peut nuire à la vie aquatique et rendre l’eau impropre à la consommation humaine et animale.
- Émissions de gaz à effet de serre : Le labour et autres méthodes de travail du sol libèrent du dioxyde de carbone (CO2) et du protoxyde d’azote (N2O) du sol, contribuant ainsi au changement climatique.
Impact sur la santé des sols
Le travail du sol peut également avoir des conséquences négatives sur la santé et la fertilité des sols :
- Perturbation de la structure du sol : Le labour et autres méthodes de travail du sol peuvent perturber la structure du sol, détruisant les agrégats stables qui retiennent l’eau et les nutriments. Cela peut réduire la capacité du sol à retenir l’eau, augmenter le compactage et nuire aux racines des plantes.
- Dégradation de la matière organique : Le travail du sol accélère la décomposition de la matière organique, réduisant ainsi la quantité de carbone stockée dans le sol et la capacité du sol à fournir des nutriments aux plantes.
- Réduction de la vie microbienne : En perturbant les habitats et les sources de nourriture des micro-organismes du sol, le travail du sol peut réduire la diversité et l’abondance des bactéries, des champignons et d’autres micro-organismes bénéfiques, qui jouent un rôle essentiel dans la décomposition de la matière organique, la fixation de l’azote et la lutte contre les maladies.
Les pratiques alternatives
Semis direct : Le semis direct est une technique de plantation qui consiste à semer directement les graines dans le sol sans labour ni travail préalable du sol. Cette méthode réduit la perturbation du sol, préserve la structure du sol et limite la perte de matière organique.
Agroforesterie : L’agroforesterie est une approche qui combine la culture de plantes agricoles avec des arbres et des arbustes. Elle permet de diversifier la production, d’améliorer la qualité du sol, de réduire l’érosion et de créer des habitats pour la faune.
Maraîchage sur sol vivant : Comme mentionné précédemment, le maraîchage sur sol vivant est une approche qui vise à préserver et améliorer la santé des sols en limitant ou éliminant le travail du sol. Il met l’accent sur la régénération des sols, la promotion de la biodiversité et la création d’écosystèmes agricoles durables et résilients.
Maintenant, la question est de savoir comment appliquer ces bonnes pratiques à notre projet avec les ressources disponibles à proximité. Sachant que nous sommes sur une surface de terrain d’environ 1500 M2 dont notre maison. Bon, je crois que ça va faire l’objet d’un autre article 🙂
@ très vite !
