Passionné par le monde du vin et sa proximité avec la nature, un des freins à ma reconversion pour devenir vigneron était l’aspect chimie. En effet, à la cinquantaine passée, sans être un spécialiste, j’ai eu l’occasion de goûter plusieurs types de vin, de provenance, de cépages.
Après une période Bordeaux, hormis les vins du Sud-Est que j’apprécie particulièrement avec des cépages comme la syrah, le mourvèdre, le grenache, j’apprécie beaucoup les vins du côté du Rhône et de la Bourgogne.
Par contre, à un moment donné, j’ai presque arrêté de boire du vin tant je pouvais avoir mal au crâne. Il a fallu que je tombe sur un vigneron en biodynamie dans le bordelais qui me dise « Ce n’est pas tant la quantité que vous buvez mais plutôt la qualité » – LE DECLIC !
Après, j’ai découvert les vins Corses…et ma vie a changé 🙂
Pourquoi choisir l’agroécologie pour notre micro-vignoble
Fort de mon échange avec ce vigneron bordelais et son explication notamment sur les pesticides dans le sol et les quantités de sulfites utilisés selon le type de vin (conventionnel, bio, naturel…), motivé comme jamais 🙂 lors de la reprise de mes études par correspondance pour obtenir un bac pro vitivinicole en 2022, à part un prof, j’ai été surpris de ne pas entendre grand chose sur le sujet.
Sans parler du changement climatique dans la vigne et l’obligation de s’adapter…
Au travers des 3 stages que j’ai réalisés, derrière l’image d’épinal, j’ai voulu mieux comprendre comment était fait le vin et si le processus était respectueux de l’environnement. Bien sûr, ce n’est pas quelques mois de stage qui m’ont donné une idée exhaustive.
Par contre, j’ai pris la décision de faire un vin le plus respectueux possible de l’environnement et de celles et ceux qui le boiront.
Importance de l’agroécologie dans la culture de la vigne
L’agroécologie répond à ces objectifs tels que la préservation de l’environnement, la santé des sols, la biodiversité et la production de raisins de qualité. L’agroécologie favorise aussi une connexion plus profonde avec la terre et la nature.
Dans cet article, nous allons principalement aborder la préparation et la planification d’un micro-vignoble en agroécologie. C’est parti !
Les principes de l’agroécologie et de leur pertinence pour la viticulture :
Pour le rappel des principes de l’agroécologie appliqué à la vigne, je vous laisse jeter un oeil sur un précédent article de mon blog.
Planification de votre micro-vignoble en agroécologie
Avant tout, on peut définir ce qu’est un micro-vignoble. De mon point de vue, c’est une surface qui reste à taille humaine. Alors, tout dépend du nombre d’humains 🙂 et des engins qu’on souhaite utiliser ou non.
Dans un documentaire, un grand vigneron de bourgogne indiquait qu’avec une approche classique (densité du vignoble : 1 mètre entre les ceps et 2 mètres entre les rangs, palissage, tracteur et vendanges manuelles) avec sa femme, ils pouvaient s’occuper maximum de 5 hectares.
De mon côté, mon objectif est d’utiliser le moins possible d’engins mécaniques (sauf pour la plantation peut-être) même pour des labours peu profonds (plutôt ameublir en utilisant la grelinette, les couverts végétaux…) et, par conséquent, pouvoir densifier avec des échalas tous les mètres.
L’idéal serait d’arriver à produire 60 hectolitres minimum à l’hectare (6 000 litres pour au final 8 000 bouteilles à l’hectare) et réduire la surface nécessaire à 2 ou 3 hectares (soit environ 25 000 bouteilles)
Objectif de production et de ventes sur le long terme
La densité prévisionnelle (vérifier le cahier des charges de l’appellation) vous permet de planifier le volume à produire et le nombre de bouteilles que vous pourrez vendre. De mon côté, pour le moment dans notre jardin, je suis sur un micro-micro-micro vignoble 🙂 car je vais planter sur quelques centaines de M2 et la production sera pour de la consommation personnelle.
Par contre, le jour où je trouve des terres agricoles pour planter un vignoble en agroécologie, le volume que je souhaite réaliser et vendre est d’environ 20 000 bouteilles. De mon expérience et des vignerons que je côtoie, à part vendre à des prix très élevés, ce n’est pas un volume rentable.
Tout dépend du prix de vente bien sûr et du prix de revient à la bouteille (notion à priori compliquée dans le monde viticole…). A priori, Il faut plutôt viser les 30 000. Par contre, mon approche est de développer de multi-revenus pour ne pas dépendre que du vin et de ses aléas.
Choix de l’emplacement : exposition au soleil, topographie, sol
Selon votre région, l’exposition de votre micro-vignoble n’est plus forcément orienté au sud. Tout dépend de votre climat ou micro-climat comme par ici. En effet, en Haute-Corse où nous vivons, le secteur de Patrimonio a son micro-climat du fait d’être entre les reliefs et la mer du côté de Saint Florent.
Cela souffle régulièrement (plutôt bien pour limiter les maladies) mais les pluies se font de plus en plus rares et violentes.
On est sur des sols plutôt argilo-calcaire et la topographie favorise la culture en terrasse. En tous cas, les anciens se servaient de ces dénivelés pour cultiver les vergers, potagers, vignes etc…
Pour notre micro-vignoble à la maison, comme je vais planter une quinzaine d’arbres sur une toute petite surface (environ 600 M2) et que je n’ai pas d’accès à de l’eau agricole, l’idée est de suivre les courbes de niveau (keylines) lors de la plantation des arbres et des vignes afin d’optimiser l’accès à l’eau du sol par les plantes.
Nous arroserons les arbres fruitiers choisis en conséquences et surtout ils seront équipés d’oyas pour limiter l’arrosage. Aussi, nous étudions des moyens de récupérer l’eau de pluie (via des cuves)
Sélection des cépages adaptés à votre région et à l’agroécologie
En Corse, nous avons la chance d’avoir le CRVI (Centre de Recherche Viticole) qui fait un travail remarquable notamment sur la conservation de cépages anciens avec de nombreuses expérimentations dans le cadre du changement climatique.
Pour le moment, les 3 cépages phares en Corse sont le Vermentinu (blanc), le Nielluccio et le Sciaccarellu (rouges). Dans notre jardin, nous allons planter les deux premiers. Il faut dire qu’on adore le Vermentinu. Pour le Nielluccio, il est réputé pour produire un vin « puissant, charpenté ». Tout dépendra de la manière de le vinifier pour lui amener un peu plus de souplesse et de douceur.
Par contre, j’aimerais expérimenter des cépages comme le Bianco Gentile, le Barbarossa, Morescone etc…
Conception du plan de plantation d’un micro-vignoble en agroécologie
Nous sommes partis sur une plantation de 150 pieds en haute densité, c’est à dire 1 mètre sur 1 mètre en échalas.
En octobre, novembre, après avoir préparé le sol (ameublissement à la grelinette, desherbage et fumier de brebis + BRF), nous allons planter une quinzaine d’arbres en respectant les courbes de niveaux (keylines), perpendiculaire à la pente, et leur besoin en eau.
Ci-dessous, je vous partage le plan de plantation prévu et le type d’arbres. Il a été conçu grâce à la pépinière arboricole de Ranfonu dans le Sud de la Corse.
Elle est certifiée Agriculture Biologique. D’une incroyable réactivité avec de précieux conseils. Bravo et encore merci !
L’idée, un fois la plantation d’arbres réalisée d’ici 15 jours, est de planter les vignes normalement vers le mois de mars-avril 2024.
Dans un prochain article, j’aborderais les pratiques de culture agroécologiques, l’entretien et les soins du vignobles, récolte et vinification etc…