« Le néo-agriculteur » que je suis n’en revient toujours pas…En moins de 6 mois, j’ai retrouvé un sol vivant ! Un sol qui grouille de vers de terre ! Même si la base était apparemment plutôt bonne, la nature est incroyablement résiliente.
Je vous dis tout dans cet article. Juste avant, je ressens le besoin de partager mon ressenti 6 mois après le démarrage de ce projet.
Par les temps qui courent, je réalise la chance (même si je l’ai provoquée) de réaliser un rêve de créer un micro-vignoble en agroécologie et/ou le plus naturel possible dans cette région magnifique de la Haute-Corse, le Nebbiu.
C’est à dire, préserver le sol (vivant, couvert, pas de labours), planter des arbres (agroforesterie), pratiquer la polyculture (maraîchage) et le petit élevage (poules). Le temps de trouver des terres agricoles, ce sera un micro-micro-micro vignoble 🙂 dans notre jardin.
Objectif Cuvée 2024 !
L’idée est de proposer une première cuvée maison 2024 à partager en famille et entre amis en 2025. Cela passera par de l’achat de raisins (bio) dans un premier temps. Il faut bien démarrer pour engranger de l’expérience ! 🙂
Quoiqu’il en soit, même si nous trouvons des terres cette année (maximum 2-3 hectares), le temps d’avoir les autorisations de plantation (en ligne avec l’Agrimer une fois par an), de préparer le terrain, de planter et de récolter, nos premières vendanges se feront au minimum en 2027…
En attendant, pour générer des flux financiers, notre idée est de développer de l’agritourisme autour de notre maison au village. Nous avons découvert les fermes agritouristiques en Italie en 2022. Magnifique ! https://www.agriturismo.it/fr/agritourisme/toscane
Pour nous, la Corse se prête très bien à ce genre de tourisme qui met en avant les savoirs faire locaux et permet de rencontrer les agriculteurs. Pour cela, nous avions visité un magnifique moulin en Balagne. Le terrain autour était trop juste pour un projet agricole (5000 M2) et le prix d’achat trop élevé vu l’ampleur des travaux à réaliser.
Le rêve ultime aurait été de vivre sur place entouré de quelques hectares dont un micro-vignoble en agroécologie.
Si vous avez des pistes, je compte sur vous ! 🙂
Des pratiques agricoles durables pour un sol vivant en moins de 6 mois
L’avantage d’être un néo-agriculteur
Je n’aime pas les étiquettes. Celle de « néo-agriculteur » ou « néo-vigneron » me fait penser à des bobos qui décident de se mettre au vert avec une certaine idéologie. En ce qui me concerne, c’est vrai que je veux pratiquer une agriculture durable, la moins mécanisée possible et proposer des produits issus de mon travail les plus sains et bons possibles.
Cela peut passer pour de l’idéologie. Peut-être. Mais a-t-on vraiment le choix lorsqu’on constate les ravages de l’agro-industrie ?
Est-ce envisageable d’en vivre ? De plus en plus d’études réalisées notamment avec l’INRAE semblent confirmer qu’il est possible de produire en quantité sur des petites surfaces à condition d’appliquer des méthodes bien précises dans un environnement baigné de biodiversité.
Vous trouverez un article à ce propos https://etre-libre.com/micro-fermes-bio-intensives-cas-concret/
…plus fort que les inconvénients ?
Quoiqu’il en soit, je préfère être dans cette position de néo-vigneron avec toutes les difficultés inhérentes (reconversion, apprentissage, accès au foncier etc…) plutôt qu’être éventuellement dans « l’obligation » de reprendre une ferme ou une exploitation familiale.
Cela a ses avantages (amortissement des investissements, réseau commercial) mais avec des structures et pratiques apprises tout petit qui prennent du temps à faire évoluer. Le tout, dans un contexte familial et social qui peut s’avérer pesant (reconnaissance du métier, revenus etc…).
Bien sûr, l’approche ne peut-être pas manichéenne. Ce n’est pas les gentils écolos contre les méchants agriculteurs qui tuent nos sols avec leur produits de synthèse. Qui leur a vendu ses produits ? Quelle révolution à un moment donné pour les agriculteurs de pouvoir avoir un peu de temps pour eux.
Surtout que le taux de matière organique dans les sols était là donc les produits de synthèse « fonctionnaient ». Jusqu’à ce que les taux de matière organique chutent dramatiquement et nos sols meurent.
J’écris ces lignes alors que la crise agricole en France bat son plein. Que va-t-il en ressortir ? En tous cas, on réalise la précarité de certains agriculteurs (il serait temps !), la détresse de ne plus savoir comment s’en sortir qui provoque un suicide tous les 2 jours dans cette profession !
Mais revenons à nos moutons et mon témoignage après 6 mois de ce qui a fonctionné sur mon sol argilo-calcaire.
Un sol vivant en moins de 6 mois. Règle n°1 : Ameublir
Lorsque j’ai décidé d’ameublir le sol plutôt que de le labourer, je n’imaginais pas les séances de sport que j’allais faire en sautant sur ma grelinette 🙂
C’est pour dire la dureté du sol au sortir de l’été. J’avais vu une vidéo du fabricant de LA grelinette qui l’enfonçait avec le pied. Maintenant j’y arrive.
Mais après un premier passage qui a bien fait rire Estelle. Elle me voyait sauter à pied joint sur la grelinette pour qu’elle s’enfonce dans le sol. Heureusement que je pèse aux alentour de 100 kgs 🙂
Maintenant, j’avoue que j’ai une affection particulière pour cette grelinette qui remplace finalement un motoculteur…si on n’est pas pressé.
Règle n°1: ameublir le sol plutôt que de le labourer. En tous cas, pas de labour profond. L’objectif est de préserver l’incroyable vie du sol qu’on connait peu finalement. Dans une poignée de terre, il y a plus de micro-organismes que d’habitants sur terre. Si on laboure, on détruit leur habitat, ils ne sont plus en mesure de faire leur travail (décrit ci-dessous) et en plus gratuitement !
Un sol vivant en moins de 6 mois. Règle n°2 : Apporter de la « nourriture » à son sol
J’ai lu et relu des dizaines d’ouvrages, regardé des dizaines d’heures de conférences de Ver de Terre production et des vidéos sur Youtube de fermes qui appliquent la méthode de Jean-Martin Fortier « Le jardinier maraîcher ».
Après avoir désherbé tout à la main une parcelle d’environ 600 M2 (c’est ça quand on est bio), j’ai décidé de nourrir le sol avec de la paille. Vu les prix de la botte par ici (plus d’une dizaine d’euros contre 2 ou 3 euros sur le continent), j’ai trouvé du BRF (bois raméal fragmenté) gratuit à Bastia ainsi que du fumier de chèvre dans un village à proximité.
Merci les réseaux sociaux d’entraide agricole en Corse. Une location d’un camion-benne était le tour était joué.
Les feuilles mortes
Sans oublier les feuilles mortes grâce aux chênes dans le jardin et le micocoulier mais aussi des feuilles récupérées dans la rue. J’ai lu dans « Vivre avec la Terre » de la ferme du Bec Hellouin que les feuilles mortes sont un excellent paillage.
Alors que je pouvais les retirer jusqu’à récemment, désormais je fais tout pour les préserver et protéger le sol avec qui s’en nourrit comme l’exemple des forêts.
La cendre
L’avantage d’avoir une cheminée, c’est la cendre qu’elle procure. J’en ai mis généreusement à plusieurs reprises. J’ai lu les bénéfices que cela pouvait apporter à condition de ne pas en mettre en trop grande quantité.
Les cendres sont riches, elles contiennent du calcium qui remonte le pH d’un sol trop acide (c’est mon cas avec la présence en quantité d’oxalis jaunes). Elles sont riches en potasse qui aide à la formation des fruits et des racines (parfait pour le verger et les plantations d’arbres et de vigne); elles sont riches en silice qui renforcent la résistance naturelle des plantes aux maladies.
Les crottes du chien
Rio, notre super golden, participe aussi à sa façon 🙂
Pour le moment, on laisse les crottes se décomposaient dans le jardin. On ne les intègre pas à un compost.
Un sol vivant en moins de 6 mois. Règle n°3 : Planter des arbres
Je vous renvoie vers un autre article de mon blog dans lequel j’aborde l’agroforesterie https://etre-libre.com/agroforesterie-le-pouvoir-des-arbres-dans-un-vignoble/
Un sol vivant en moins de 6 mois. Le retour des vers de terre !
Dans la vidéo ci-dessous, Claude Bourguignon souligne l’importance de la présence de vers de terre dans le sol. ils jouent un rôle important, au côté des microorganismes, dans le recyclage de la matière organique et l’enrichissement des sols. Particulièrement actifs près des systèmes racinaires, ils fragmentent et enfouissent les résidus organiques et participent fortement à leur décomposition en les ingérant et en les digérant.
Malheureusement, nous sommes passés de 2 tonnes de vers de terre à l’hectare en 1950 en Europe à moins de 100 kilogs dans les années 2000 !
Forcément lorsque j’ai passé la grelinette en octobre 2023 pour commencer à ameublir le sol, j’ai été très attentif. Malheureusement, à aucun moment, je n’ai vu de ver de terre alors qu’ils étaient énormes à Biarritz dans le jardin. Il faut dire que c’était une personne agée qui l’entrenait soigneusement depuis 30 ans.
En janvier 2024, quelle ne fut pas surprise lorsque j’ai repassé la grelinette et que j’ai découvert autant de vers de terre ! La vie est revenue ! J’ai mené des actions résumées ci-dessus mais merci Mère nature qui fait le boulot toute seule. Le jour où un grain de sable déséquilibrera le fragile équilibre qui permet la photosynthèse, bye, bye l’humanité.
La solution 4 pour 1000
Récemment, sur Linkedin, j’ai partagé un article sur la solution 4 pour 1000 qui pourrait nous aider à remporter la bataille face au changement climatique. Vous trouverez le document ci-dessous.
Cela parait tellement simple qu’on se demande pourquoi ce n’est pas déjà mis en place. Quelques réponses ci-dessous punchlines de Claude Bourguignon et une vidéo de François Mulet sur les vers de terre au regard de la fertilité des sols.
- Les sols font en moyenne 50 cm d’épaisseur !
- Le complexe argilo-humique, il y des attaches électriques qui sont fragiles et facile à casser avec nos pratiques agricoles.
- La France bétonne l’équivalent d’un département Français tous les 7 ans !
- 5 millions d’hectares chaque année sont bétonnés dans le monde !
Et j’oubliais une des règles les plus importantes, beaucoup d’amour et de joie de me retrouver dans mon jardin et micro-vignoble en création 🙂
@ très vite !